Le retour

trois piastres de plus sur ma paye parce que j'ai réparé deux flats
sur ses chars à vendre.
     
    J'ai acheté des
feuilletés à la crème à la pâtisserie en revenant.
     
    J'ai pris des
éclairs au chocolat, des cream pofs et des millefeuilles.
     
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    - On met la table
et on mange, annonça Laurette à ses enfants.
     
    Carole enleva ses
cahiers éparpillés sur la table et aida à dresser le couvert pendant que
Richard s'emparait d'une grande assiette sur laquelle il disposait la douzaine
de pâtisseries qu'il avait achetées.
     
    - Le gars de
Styleware m'a apporté ma nouvelle assiette cet après-midi, dit la mère de
famille à ses enfants.
     
    Ça lui a pris du
temps, mais il a fini par me l'apporter. Il avait pas l'air de croire pantoute
que j'avais cassé sa maudite assiette. Il aurait fallu, selon lui, que je garde
les morceaux pour les lui montrer.
     
    Jean-Louis
pénétra dans la cuisine, bien coiffé et cravaté.
     
    - Est-ce que tu
sors à soir? lui demanda sa mère en l'apercevant.
     
    - Oui. Je suis
supposé aller voir Moby Dick avec Jacques.
     
    C'est avec
Gregory Peck.
     
    - Ça te tenterait
pas de te trouver plutôt une fille avec qui tu pourrais sortir? ne put
s'empêcher de lui faire remarquer sa mère.
     
    - Êtes-vous
sérieuse, m'man? fit Richard, moqueur. Il faudrait qu'il paye pour elle. Des
plans pour lui donner une crise cardiaque.
     
    - Toi, tu ferais
ben mieux de fermer ta gueule et de ramasser ton argent plutôt que de tout
dépenser au fur et à mesure comme une tête folle, dit son frère sur un ton
cinglant.
     
    - Inquiète-toi
pas, le grand, je le ramasse, mon argent.
     
    Mais ça m'empêche
pas d'en dépenser un petit peu, de temps en temps. Si je faisais juste
ramasser, t'aurais pas la chance de manger des pâtisseries à la crème fouettée
à soir.
     
    Tu te
contenterais des biscuits Village, comme d'habitude.
     
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    Tu vois, c'est
une chance que tout le monde soit pas gratteux comme toi.
     
    Après s'être
régalés d'une abondante portion de ragoût accompagnée de pommes de terre, les
Morin abordèrent le dessert en arborant des mines gourmandes. La dernière fois
qu'ils avaient eu l'occasion de savourer des pâtisseries françaises remontait
au début de l'automne précédent.
     
    - On a droit à
combien de feuilletés? demanda Gilles à son frère Richard.
     
    - Il y en a une
douzaine. On peut en manger deux chacun, à moins que certains aiment mieux en
manger juste un parce qu'ils ont plus faim, ajouta-t-il en se tournant vers
Jean-Louis, qui finissait une tranche de pain en la trempant dans la sauce de
ragoût restant au fond de son assiette.
     
    De toute
évidence, ils avaient tous suffisamment d'appétit pour dévorer deux pâtisseries
françaises en guise de dessert. Chacun les mangea avec un plaisir non dissimulé
en prenant garde d'en laisser perdre une miette.
     
    - Ouf! Il était
temps que ça finisse, déclara Laurette en repoussant légèrement sa chaise. Je
pense que je vais éclater. Ça, c'est tout un souper.
     
    Ses enfants
l'approuvèrent bruyamment. A l'extérieur, le ciel s'était soudainement assombri
et on dut allumer le plafonnier de la cuisine.
     
    - On dirait ben
qu'on va finir par avoir de la pluie, dit la mère de famille en jetant un bref
coup d'oeil vers la fenêtre. Ça a marchandé toute la journée.
     
    Quelques minutes
plus tard, Jean-Louis quitta la maison précipitamment, armé de son parapluie et
Gilles alla chercher son matériel scolaire dans sa chambre dans l'intention de
faire les travaux qu'il n'avait pas eu le temps de finir durant la journée à
cause de son emploi de livreur.
     
    Pour sa part,
Laurette venait à peine de finir de laver la
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    vaisselle avec
l'aide de ses filles quand quelqu'un sonna à la porte. Richard jeta un coup
d'oeil à l'horloge murale avant de se précipiter vers le couloir.
     
    - Gagez-vous que
c'est Crevier? dit-il.
     
    - Bon. Vlà une
autre affaire! laissa tomber sa mère, sans grand enthousiasme.
     
    Denise retira
précipitamment son tablier et jeta un coup d'oeil au petit miroir suspendu
au-dessus de l'évier pour vérifier l'état de sa coiffure pendant que son frère
ouvrait la porte d'entrée. Elle entendit son frère dire:
     
    - Entre, Pierre.
     
    Denise s'avança
dans le couloir au-devant de Pierre Crevier, un sourire de bienvenue aux
lèvres, pendant que son frère faisait preuve d'un tact inhabituel en
disparaissant dans sa chambre à coucher. Le jeune homme