Le retour

soeur sur le pas de leur porte et poursuivit son chemin sur la
rue Archambault. S'ils étaient arrivés quelques minutes plus tôt, ils auraient
trouvé Laurette en train de se bercer sur le trottoir. Après le souper, elle
avait refusé la proposition de Carole d'entreprendre le lavage hebdomadaire.
     
    - Il fait trop
chaud et je suis trop fatiguée, avait-elle argué. On fera ça demain matin, de
bonne heure, juste avant d'aller faire les commissions.
     
    - Je peux le
faire toute seule, avait suggéré l'adolescente.
     
    - Non. Laisse
faire. Fais plutôt tes devoirs.
     
    Au moment où
Richard entrait dans l'appartement en compagnie de sa soeur aînée, Jean-Louis
sortit de sa chambre.
     
    - A qui vous
parliez tous les deux? leur demanda-t-il en les suivant dans la cuisine où leur
mère, assise à la table de cuisine, avait chaussé ses lunettes à monture de
corne pour lire les titres de La Presse.
     
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    - Es-tu rendu que
tu travailles pour la police? l'asticota Richard. Si quelqu'un te le demande,
tu lui diras que j'ai pas voulu te le dire.
     
    - Maudit
niaiseux!
     
    Sa mère leva la
tête et retira ses lunettes qu'elle ne portait que pour lire.
     
    - Qu'est-ce qui
se passe encore?
     
    - J'ai juste
demandé à qui ils parlaient tous les deux, lui expliqua Jean-Louis. Mes
jalousies sont fermées et j'ai pas vu qui c'était.
     
    - Il est pas
senteux, non! se moqua Richard. Si c'est pour t'empêcher de dormir, on va te le
dire. On parlait à un ami de Denise. T'es content, là? A cette heure, tu peux
aller te coucher.
     
    - Qui c'est, cet
ami-là? demanda la mère de famille, intriguée.
     
    - C'est un garçon
qui vient souvent au magasin, mentit Denise.
     
    - C'est drôle que
tu nous en aies jamais parlé, lui fit remarquer sa mère.
     
    - Parce qu'il y
avait rien à dire, m'man, répondit sa fille en dissimulant mal son
exaspération. À soir, ça s'est trouvé qu'il m'a vue sortir du magasin et il
nous a demandé s'il pouvait marcher avec nous autres. Rien de plus.
     
    - Inquiétez-vous
pas, m'man. Si vous voulez le voir, vous allez le voir demain soir parce qu'il
est supposé venir nous chercher pour nous payer un cornet, intervint Richard.
     
    - Qu'est-ce que
tu viens faire dans le portrait, toi?
     
    s'enquit sa mère.
     
    - Ben. Il me l'a
offert autant qu'à ma soeur. Peut-être que ça l'intéresse plus de devenir mon
ami que le sien, ajouta l'adolescent sur un ton plaisant.
     
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    - De quoi il a
l'air, ce gars-là? demanda Laurette, méfiante.
     
    - Moi, je dirais
que c'est le genre de gars à qui on dit "Monsieur" avant de le
tasser, renchérit Richard.
     
    - Hein?
     
    - M'man, il est
large comme la porte et vous devriez lui voir les battoirs.
     
    Laurette lança un
regard interrogateur vers sa fille.
     
    Denise se
contenta de hausser les épaules, mais elle refusa d'en dire plus. Elle disparut
dans sa chambre pour se préparer pour la nuit.
     
    Le lendemain
matin, Laurette regretta de ne pas avoir fait son lavage la veille. Durant la
nuit, le vent s'était levé et avait encombré le ciel de lourds nuages gris.
     
    - Maudit verrat!
jura-t-elle en écartant le rideau de la fenêtre de la cuisine. Regarde donc le
temps qu'il fait. On dirait qu'il va mouiller. J'aurais donc dû laver hier
soir.
     
    A matin, mon
lavage serait sec.
     
    Dès que Denise et
les garçons furent partis pour le travail, elle se mit à houspiller Carole pour
commencer au plus tôt cette corvée hebdomadaire, même s'il n'était pas encore
huit heures.
     
    - Sors la laveuse
de la chambre de tes frères et commence à séparer les couleurs, lui
ordonna-t-elle dès qu'elle eut fini de déjeuner. On va essayer de faire une
couple de brassées avant qu'il mouille. Pendant que tu fais ça, je vais aller
faire mon lit et m'habiller.
     
    Quand elle revint
dans la cuisine quelques minutes plus tard, sa cadette avait eu le temps
d'aller chercher les deux cuves suspendues dans le hangar et l'eau bouillait
déjà sur le poêle. Laurette enjamba les tas de vêtements éparpillés
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    dans la pièce
pour s'approcher de la vieille laveuse Beatty installée près de l'évier.
     
    - Je pense qu'on
va avoir le temps de laver le blanc avant que je parte faire les commissions
chez Dugas, dit-
    elle à Carole en
mettant du savon dans la cuve. On dirait qu'il va mouiller, mais on va prendre
une chance d'étendre le linge sur la corde quand même.
     
    Vers neuf heures,
la mère de famille mit son chapeau, vérifia