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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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si son sac à main contenait bien
son porte-monnaie et partit acheter la nourriture de la semaine en laissant à
sa fille le soin de laver les vêtements formant deux petits tas au milieu de la
cuisine.
     
    - Il reste juste
deux brassées à faire, lui fit-elle remarquer avant de partir. Oublie pas les
bas sales de Richard.
     
    - Ouach! Ça, ça
m'écoeure! fit l'adolescente avec une grimace significative. Je pense que
j'aimerais mieux laver des couches sales plutôt que ses bas.
     
    - Exagère donc
pas! la rabroua sa mère. Vide la poche directement dans la laveuse et lave-la,
elle aussi.
     
    Sur ce, Laurette
quitta l'appartement en prenant soin d'apporter avec elle son parapluie noir.
     
    Quand elle revint
à la fin de l'avant-midi, le ciel était demeuré menaçant, mais il n'avait pas
plu. Elle trouva la cuisine bien rangée et le linoléum fraîchement lavé et
ciré. Une pile impressionnante de vêtements secs avait été déposée sur l'une
des deux chaises berçantes.
     
    - À ce que je
vois, ça sèche tout de même pas mal, même si c'est humide, dit-elle à Carole.
     
    - Je pense qu'on
en a encore juste pour deux cordes, m'man, lui précisa sa fille. J'ai commencé
le ménage.
     
    - C'est correct,
on devrait avoir le temps de le finir avant que la commande arrive. En
attendant, on arrête un peu pour dîner. On va se faire cuire des oeufs.
     
    208
    Ce matin-là,
Denise avait éprouvé un immense soulagement en apercevant sa collègue,
Jacqueline Bégin, plantée devant le magasin Woolworth. De toute évidence, la
petite femme boulotte attendait avec impatience l'arrivée du gérant.
     
    - Il est pas
encore arrivé, dit-elle. Tout d'un coup qu'il vient pas ouvrir aujourd'hui, on
aurait une belle journée de congé.
     
    - Pas payée, lui
fit remarquer Denise.
     
    - On n'en
mourrait pas.
     
    - T'as pas eu
assez de ta journée de congé d'hier? lui demanda-t-elle, un rien amère.
     
    - J'ai jamais
assez de congés, tu sauras, dit sa collègue avec un petit air frondeur.
     
    - Je le sais,
mais t'oublies que quand t'es pas là, c'est moi qui suis poignée avec ce vieux
cochon-là, tint à préciser Denise en prenant tout de même la peine de jeter un
coup d'oeil autour d'elle pour s'assurer qu'Antoine Beaudry n'était pas dans
les parages.
     
    - Voyons donc!
protesta Jacqueline Bégin. T'es ben assez grande pour te défendre. T'as juste à
lui donner un bon coup de pied à la bonne place et tu vas voir que ça va lui
changer les idées. Je voudrais ben qu'il essaye une fois avec moi. Je te
garantis qu'il recommencerait pas.
    Denise renonça à
lui raconter ce qui s'était produit la veille, dans le magasin.
     
    Au même moment,
un tramway freina en grinçant bruyamment au coin de Dufresne. Les portes du
véhicule s'ouvrirent et les deux jeunes filles virent Antoine Beaudry descendre
et se diriger vers elles à pas pressés, l'air affairé.
     
    - Bonjour, leur
dit-il sèchement avant d'introduire la clé dans la serrure de la porte.
     
    209
    Il entra le
premier dans le magasin, alluma les néons et se dirigea immédiatement vers la
caisse enregistreuse dans l'intention d'y déposer les rouleaux de monnaie qu'il
venait de tirer d'un coffret placé sous le comptoir.
     
    Le gérant ne fut
ni plus ni moins agréable que d'habitude.
     
    Durant toute la
journée, il se comporta comme si rien ne s'était produit la veille. Il reprocha
à ses vendeuses de se traîner les pieds, les obligea à mieux ranger les
étalages et vit à ce que tout soit propre, tant dans le magasin que dans la
pièce annexe.
     
    A la fin de la
journée, Denise rentra seule chez elle, fatiguée et les pieds endoloris d'avoir
dû se tenir debout depuis le matin.
     
    À son entrée dans
la maison, elle fut accueillie par une odeur de farine grillée.
     
    - Dites-moi pas
que vous faites du ragoût pour souper, m'man? demanda-1-elle à sa mère en
enlevant ses souliers dans le couloir.
     
    - Est-ce que ça
te tente? fit sa mère, d'excellente humeur après avoir rentré dans la maison sa
dernière cordée de vêtements secs.
     
    - C'est sûr.
C'est ce que j'aime le plus.
     
    - Le porc haché
et le boeuf haché étaient en spécial chez Dugas cette semaine, lui expliqua
Laurette. Ça fait que j'ai pensé que ce serait pas une mauvaise idée de faire
un bon ragoût de boulettes.
     
    - Et on va manger
un sacrifice de bon souper à soir, intervint Richard en sortant de sa chambre à
coucher.
     
    Mon oncle Rosaire
m'a donné

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