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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Piaf.
     
    - Tiens! Te v'ià,
toi! l'apostropha sa mère en le voyant entrer dans la cuisine. Veux-tu ben me
dire où t'étais passé? Il est presque sept heures. Tu me feras pas croire que
tu sors de ta job!
     
    - Ben non, m'man,
répondit Richard en s'assoyant au bout de la table. Je suis allé au bureau de
Dupuis, sur Sainte-Catherine, avec un gars qui travaille avec moi.
     
    - Quel Dupuis?
     
    - Yvon Dupuis,
celui qui se présente contre Charbonneau aux élections, expliqua l'adolescent,
d'une voix excitée.
     
    - Qu'est-ce que
t'avais à faire là? lui demanda son père en levant la tête de son journal.
     
    - Ben. Jutras, le
gars qui travaille avec moi, m'a offert d'y aller avec lui pour travailler pour
Dupuis. Je suis allé voir après l'ouvrage. Il m'a engagé. Je commence demain
soir.
     
    - T'as du front
tout le tour de la tête, Richard Morin, s'emporta sa mère. T'oublies que t'es
mineur. T'as juste seize ans. T'as besoin de notre permission pour ça.
     
    - Je vais avoir
dix-sept ans dans moins d'un mois, m'man. Dupuis va me donner dix piastres par
soir d'ouvrage juste pour coller sa face un peu partout.
     
    - Dix piastres!
ne put s'empêcher de répéter la mère de famille, séduite. Mais il a donc ben de
l'argent, lui.
     
    - C'est un maudit
libéral, intervint son père avec humeur. On sait pas d'où vient tout cet
argent-là. Avec les rouges, tout est possible.
     
    Probablement
attiré par le mot argent qu'il avait entendu de sa chambre dont la porte était
demeurée ouverte, Jean-Louis s'empressa de venir rejoindre son frère dans la
cuisine.
     
    234
    - T'es pas mal
jeune pour te mêler de ces affaires-là, fit remarquer le père au plus jeune de
ses fils.
     
    - Peut-être,
p'pa, mais c'est pas une job ben forçante et c'est payant, plaida l'adolescent
en replaçant son coq" du bout des doigts. L'organisateur m'a dit qu'il
aurait besoin de moi cinq ou six soirs. Après, ça se peut qu'il me trouve une
autre job s'il est content de moi.
     
    - S'il est trop
jeune, je peux toujours prendre sa place, proposa son frère aîné à ses parents.
Moi, je suis majeur.
     
    - Toi, c'est
surtout l'argent qui t'intéresse, pas vrai?
     
    fit Richard,
sarcastique. Tu peux toujours aller essayer de t'engager à ma place.
     
    - C'est surtout
une job pour manger des claques sur la gueule, intervint le père de famille
sans s'adresser à l'un ou l'autre de ses fils en particulier. Les colleurs
d'affiches de Charbonneau laisseront pas les hommes de Dupuis faire tout ce
qu'ils veulent dans le quartier.
     
    - Si c'est comme
ça, je pense que je vais laisser faire, dit Jean-Louis à regret. A ben y
penser, j'ai ben assez de mon ouvrage chez Dupuis.
     
    Sur ces mots,
l'aîné des fils Morin battit en retraite vers sa chambre.
     
    - Vous p'pa,
cette job- a vous intéresse pas? demanda Richard, prêt à lui céder sa place si
cela lui convenait.
     
    - Pantoute,
répondit son père d'une voix tranchante.
     
    J'ai pas de temps
à perdre avec ça.
     
    - Ça vous dérange
pas que j'aille coller des affiches, même si c'est pour les rouges?
     
    - Dis donc pas de
niaiseries! Tu peux y aller, accepta Gérard, mais arrange-toi pas pour te faire
casser la gueule.
     
    Ordinairement, ce
sont pas des enfants d'école qui font cet ouvrage-là. Essaye de te souvenir que
c'est pas pour rien que l'organisateur va te donner autant d'argent pour le
faire.
     
    235
    Pendant tout cet
échange, Laurette n'avait pas ouvert la bouche. La décision de permettre ou non
à Richard de travailler aux élections appartenait à son mari. Pour sa part,
elle n'y voyait qu'un bon moyen pour l'un des siens de gagner de l'argent.
     
    - Si t'as faim,
je peux te faire réchauffer un reste de spaghettis, proposa-t-elle à son cadet.
     
    - C'est correct,
m'man.
     
    - Laissez faire,
m'man, je vais lui faire réchauffer ça, proposa Denise en se dirigeant déjà
vers le réfrigérateur.
     
    - T'es ben fine,
ma grande, dit Laurette qui semblait épuisée.
     
    Quelques minutes
plus tard, rassasié, Richard entra dans sa chambre à coucher où il retrouva son
frère Gilles en train d'étudier, étendu sur le lit. Jean-Louis avait quitté la
chambre voisine pour aller prendre l'air sur le balcon arrière.
     
    - J'ai quelque
chose à te montrer, dit-il à son frère en affichant un air mystérieux.
     
    - Quoi? demanda
l'autre, agacé d'être interrompu dans son travail.
     
    - Attends.
     
    Richard glissa
une main sous le matelas, au pied du

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