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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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seraient pas de trop. Le pape voulait la paix entre les princes chrétiens afin qu'ils repartissent à l'assaut des Infidèles, il ne cessait de le répéter. Pour se le concilier, le Capétien devait feindre de la vouloir également.
    En conséquence, prétextant les dures paroles de Guillaume des Roches à son endroit, il se déclara insulté et regagna la France avec ses troupes. Le sénéchal d'Anjou ne perdit pas de temps pour reconsidérer sa position : abandonné par un roi, il en chercha un autre et remit Le Mans à Jean sans Terre – lequel le remercia en le confirmant une fois de plus dans sa sénéchaussée. Le pauvre Arthur, sacrifié à des intérêts plus pressants, n'eut d'autre choix que de s'enfuir avec sa mère pour ne pas tomber aux mains de son oncle.
    Aux premières neiges de décembre, Pierre de Capoue lança un nouvel avertissement à Philippe, de la manière la plus sèche qui fût. L'Interdit était désormais inévitable. Toutes questions de voyage outre-mer mises à part, il devenait donc urgent d'interrompre la guerre : un royaume en Interdit, c'était un royaume de mécontents, de désespérés, qui ne se laissait gouverner qu'à grand-peine. Mieux valait ne pas lui demander de se battre.
    Philippe dépêcha Gautier le Jeune et le frère Guérin au comte de Flandre, Guillaume de Garlande et Barthélémy de Roye à Jean sans Terre, avec dans les deux cas des propositions de paix.
    Les premières aboutirent vite : Baudouin n'avait guère confiance en son allié anglais et s'inquiétait pour son frère qui croupissait depuis peu dans une geôle française. En échange du prisonnier et d'une ou deux places fortes, il accepta de retirer son soutien au Plantagenêt. Un traité fut signé à Péronne, début janvier. Dans la foulée, enthousiasmé par les exhortations du légat, le jeune comte de Flandre décida de prendre la croix.
    Le quatorzième jour du même mois, alors que Jean, pour sa part, tergiversait, Pierre de Capoue jetait l'Interdit sur la terre de France.
     
    « Que toutes les églises soient fermées ! Que nul n'y soit admis, sinon pour faire baptiser les petits enfants. Qu'on les ouvre seulement pour entretenir les lampes, ou quand le prêtre prend l'eucharistie et l'eau bénite à l'usage des malades.
    « Nous permettons que la messe soit célébrée une seule fois la semaine, le vendredi, de grand matin ; on n'y admettra que le clerc chargé d'assister le célébrant ; que les prêtres prêchent le dimanche sous les porches des églises et qu'au lieu de la messe, ils répandent la parole de Dieu ; qu'ils récitent les heures canoniques hors des lieux saints, sans que leur voix parvienne aux oreilles des laïcs ; lorsqu'ils lisent l'épître ou l'évangile, qu'ils se gardent d'être entendus des fidèles ; qu'ils ne permettent pas qu'on enterre ni même qu'on dépose les cadavres dans un cimetière, mais qu'ils préviennent leurs ouailles que ce serait un abus et un grave péché d'enterrer les morts en terre non consacrée, s'arrogeant ainsi un droit qui ne leur appartient pas.
    « Durant la semaine sainte, il ne sera pas célébré d'office.
    Les prêtres attendront jusqu'au jour de Pâques, et ce jour-là, ils diront la messe en secret, sans admettre d'autres personnes que le prêtre assistant. Que nul fidèle ne communie, même au temps de Pâques, s'il n'est malade et en danger de mort. Que les curés préviennent leurs paroissiens de se rassembler le jour de Pâques, au matin, devant la porte de l'église : là, on leur permettra de manger de la viande avec le pain bénit du jour.
    « Nous défendons expressément que les femmes soient admises dans l'église après les relevailles : qu'elles soient averties de prier, avec leurs voisins, hors de l'église, le jour de la purification, et qu'ensuite elles n'y aient accès, même pour tenir leurs enfants sur les fonds baptismaux.
    « Ceux qui demanderont à se confesser, qu'ils soient entendus sous le porche de l'église ; dans les églises dépourvues de porche, on pourra, s'il pleut ou s'il fait mauvais temps, ouvrir une des portes et entendre les confessions sur le seuil, tous les fidèles restant dehors sauf celui ou celle qui se confessera – mais la confession aura lieu à haute voix, de manière que pénitent et confesseur soient entendus de tous. S'il fait beau, on se confessera devant les portes de l'église fermée.
    « On ne placera pas hors des églises de vases contenant de l'eau bénite,

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