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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Hywelbane à mon côté et ma barbe dorée qui étincelait au soleil.
« Allons-nous gagner cette guerre ? demanda enfin Guenièvre.
    — Oui,
Dame. »
    Elle sourit de
mon assurance. « Dis-moi pourquoi.
    — Parce
qu’au nord le Gwent est solide comme le roc, parce que les Saxons se déchirent
comme nous et qu’ils ne s’unissent jamais contre nous. Parce que Gundleus de
Silurie craint comme la peste une nouvelle défaite. Parce que Cadwy est une
limace qui se fera écrabouiller dès que nous aurons un moment de répit. Parce
que Gorfyddyd sait se battre, mais pas conduire des armées. Et surtout, Dame,
parce que nous avons le prince Arthur.
    — Bien »,
fit-elle en se levant, en sorte que le soleil traversait de nouveau son délicat
fourreau de lin blanc. « Tu dois filer, Derfel. Tu en as assez vu. »
Je rougis. Elle rit. « Et trouve un ruisseau ! » lança-t-elle
comme j’écartais le rideau de la porte. « Parce que tu pues comme un
Saxon ! »
    Je trouvai un
ruisseau, me lavai et emmenai mes hommes au sud, en direction de la mer.
     
    *
     
    Je n’aime pas
la mer. Elle est froide et perfide, avec ses collines grises et ondoyantes qui
n’en finissent pas de venir de l’ouest où le soleil meurt chaque jour. Quelque
part au-delà de cet horizon désert, me dirent les matelots, se trouve le
fabuleux pays de Lyonesse, mais personne ne l’a vu, ou en tout cas nul n’en est
jamais revenu, si bien que cette terre est devenue un pays enchanté pour les
pauvres matelots ; une terre de délices terrestres, où il n’y a ni guerre
ni famine ni surtout de navires pour traverser la mer grise et houleuse avec
ces crêtes blanches balayées par le vent cinglant, les pentes gris-vert qui
soulèvent si implacablement nos frêles embarcations de bois. La côte de
Dumnonie semblait si verte. Je n’avais pas mesuré à quel point j’aimais ce pays
avant de le quitter pour la première fois.
    Mes hommes se
partagèrent entre trois navires, tous manœuvrés par des esclaves, même si une
fois que nous eûmes quitté le fleuve souffla un vent d’ouest qui nous obligea à
rentrer les rames pour laisser à nos voiles en lambeaux le soin d’entraîner nos
malheureuses  embarcations  sur les  pentes vertigineuses 
des vagues. Nombre de mes hommes furent malades. Ils étaient jeunes, pour la
plupart plus jeunes que moi, car la guerre est réellement une affaire de
garçon, mais quelques-uns étaient plus âgés. Cavan, mon second, frisait la
quarantaine avec sa barbe grisonnante et son visage balafré. C’était un
Irlandais buté qui avait servi sous Uther et qui ne voyait rien d’étrange à
être maintenant commandé par un homme moitié moins âgé que lui. Il m’appelait
Seigneur, supposant que, puisque je venais du Tor, j’étais, sinon l’héritier de
Merlin, du moins le noble rejeton qu’une esclave saxonne avait donné au
magicien. Arthur m’avait donné Cavan, je crois, au cas où mon autorité ne se
révélerait pas plus grande que mes années, mais en toute franchise je n’ai
jamais eu de problème pour les commander. Vous dites aux soldats ce qu’ils
doivent faire, vous le faites vous-mêmes, vous les châtiez s’ils défaillent,
mais autrement vous les récompensez largement et leur donnez la victoire. Mes
lanciers étaient tous des volontaires pour aller en Benoïc, soit qu’ils
voulussent me servir, soit, plus probablement, qu’ils imaginassent qu’il y
aurait plus de butin et de gloire au sud de la mer. Nous partîmes sans femmes,
sans chevaux ni serviteurs. J’avais rendu à Canna sa liberté et l’avais
renvoyée au Tor, espérant que Nimue s’occuperait d’elle, mais je doutais de
revoir un jour ma petite Saxonne. Elle se trouverait bientôt un mari, tandis
que je découvrirais la nouvelle Bretagne, l’Armorique, et verrais de mes
propres yeux la beauté légendaire d’Ynys Trebes.
    Bleiddig, le
chef dépêché par le roi Ban, nous accompagnait. Il grommela que je manquais
d’années, mais après que Cavan eut grogné que j’avais probablement tué plus
d’hommes que Bleiddig lui-même, il décida de garder ses réserves pour lui. En
revanche, il persista à déplorer que nous fussions trop peu nombreux. Les
Francs, assurait-il, étaient avides de terre, bien armés et nombreux. Deux
cents hommes pourraient faire la différence, prétendait-il maintenant, mais pas
soixante.
    Cette première
nuit, nous mouillâmes dans la baie d’une île. La mer se déchaînait

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