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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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aigreur, ni Cerdic. Tant d’ennemis, Derfel.
    — Alors
réjouis-toi d’avoir des amis, Seigneur. »
    Il approuva
d’un sourire puis se tourna vers le nord. « Je me fais du souci pour un
ami, reprit-il à voix basse. Je crains que Tewdric ne renonce. Il est las de la
guerre, comment l’en blâmerai-je ? Le Gwent a souffert bien pis que la
Dumnonie. » Il me regarda, les yeux inondés de larmes, mais peut-être
n’était-ce que la pluie. « Je voulais faire de si grandes choses, Derfel,
de si grandes choses. Et au bout du compte c’est moi qui les ai trahis,
n’est-ce pas ?
    — Non,
Seigneur, répondis-je avec fermeté.
    — Les
amis diraient la vérité, me gronda-t-il gentiment.
    — Tu
avais besoin de Guenièvre, dis-je, tout embarrassé de m’exprimer ainsi ;
et il fallait que tu fusses avec elle, sans quoi pourquoi les Dieux
l’auraient-ils conduite dans la salle de banquet le soir de tes
fiançailles ? Il ne nous appartient pas, Seigneur, de lire l’esprit des
Dieux, mais juste de vivre pleinement notre destin. »
    Il fit la
grimace, car il aimait à se croire maître de son destin. « Tu crois que
nous devrions tous dévaler en trombe les voies de la destinée ?
    — Je
crois, Seigneur, que lorsque le destin t’empoigne, mieux vaut donner son congé
à la raison.
    — Ce que
j’ai fait », dit-il avec calme, le sourire aux lèvres. « Aimes-tu
quelqu’un, Derfel ?
    — Les
seules femmes que j’aime, Seigneur, ne sont pas pour moi », répondis-je en
m’apitoyant sur moi-même.
    Il fronça les
sourcils puis hocha la tête en signe de commisération. « Pauvre
Derfel », fit-il tout doucement, et je ne sais quoi dans son ton me fit
lever les yeux vers lui. Pouvait-il croire que j’avais voulu compter Guenièvre
au nombre de ces femmes ? Je rougis et me demandai que dire, mais déjà
Arthur se tournait vers Nimue qui revenait de la salle. « Il faudra que tu
me parles un jour de l’Ile des Morts... quand nous aurons le temps.
    — Je t’en
parlerai, Seigneur, après ta victoire, quand il te faudra de bonnes histoires
pour meubler tes longues soirées d’hiver.
    — Oui,
après notre victoire. » Bien qu’il ne parût guère optimiste. L’armée de
Gorfyddyd était si forte, et la nôtre si petite.
    Mais avant de combattre
Gorfyddyd, il nous fallait essayer d’acheter la paix des Saxons avec l’argent
de Dieu. Aussi prîmes-nous la route de Lloegyr.
     
    *
     
    Nous sentîmes
Durocobrivis bien avant d’approcher de la ville. Cette odeur se manifesta au
deuxième jour de notre voyage, alors que nous étions encore à une demi-journée
de la ville captive, mais le vent d’est charriait l’acre puanteur de la mort et
de la fumée à travers les fermes désertes. Les champs étaient prêts pour la
moisson, mais la population terrifiée avait fui devant les Saxons. À Cunetio,
petite ville romaine où nous avions passé la nuit, les réfugiés grouillaient
dans les rues et leurs troupeaux avaient été rassemblés dans des bergeries
édifiées à la hâte pour l’hiver. Nul n’avait acclamé Arthur à Cunetio et cela
n’avait rien d’étonnant, car on lui en voulait de la longueur de la guerre et
de ses catastrophes. Des hommes grommelaient que la paix régnait sous Uther et
qu’avec Arthur il n’y avait plus rien que la guerre.
    Les cavaliers
d’Arthur conduisaient notre colonne en silence. Ils portaient leur armure, leur
lance et leur épée, mais les boucliers étaient accrochés à l’envers et les
pointes de leurs lances nouées de branchages verts  – signe qu’ils
venaient avec des intentions pacifiques. Derrière cette avant-garde marchaient
les lanciers de Lanval, puis une quarantaine de mulets de bât chargés de l’or
de Sansum et des pesants boucliers de cuir que portaient les chevaux d’Arthur
dans la bataille. Un deuxième contingent de cavaliers, moins nombreux, formait l’arrière-garde.
Arthur lui-même marchait avec mes lanciers à queue de loup, juste derrière son
porte-étendard qui chevauchait avec le groupe de tête des cavaliers. Llamrei,
la jument noire d’Arthur, était conduite par Hygwydd, son serviteur, accompagné
d’un inconnu que je pris pour un autre serviteur. Nimue marchait avec nous et,
tout comme Arthur, tâchait d’apprendre quelques mots de saxon, mais elle
n’était pas bonne élève. Elle eut tôt fait de se lasser de cette langue
grossière tandis qu’Arthur avait trop de choses en tête, bien qu’il se

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