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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fit un
devoir d’apprendre quelques mots : paix, terre, lance, vivres, mère, père.
Je devais lui servir d’interprète, la première des nombreuses fois où je parlai
pour Arthur et lui rapportai les propos de son ennemi.
    Nous
rencontrâmes l’ennemi à midi, alors que nous descendions une colline en pente
douce, longeant un route bordée de part et d’autre par des bois. Une flèche
scintilla soudain à travers les arbres pour s’enfoncer dans la terre juste
devant Sagramor, notre homme de tête. Il leva la main et Arthur cria à tous les
hommes de la colonne de rester tranquilles. « Pas d’épées !
ordonna-t-il. Attendez ! »
    Les Saxons
avaient dû nous observer toute la matinée car ils avaient rassemblé une petite
bande de guerre autour de nous. Ces hommes  – ils devaient être soixante
ou soixante-dix  – sortirent lentement des bois à la suite de leur chef,
un homme à la poitrine large qui avança sous un étendard de chef : des
andouillers de cerf auxquels pendillaient des lambeaux de peau humaine tannée.
    Le chef
partageait l’amour des Saxons pour la fourrure ; une affection sensée, car
peu de choses arrêtent un coup d’épée aussi sûrement qu’une belle peau bien
épaisse. Cet homme avait un collier de fourrure noire autour du cou, ainsi que
des bandeaux de fourrure noire autour des biceps et des cuisses. Le reste de
son habit était de cuir ou de laine : un justaucorps, des braies, des
bottes et un casque de cuir couronné d’une touffe de fourrure noire. À sa
taille pendait une longue épée tandis qu’il tenait à la main l’arme favorite
des Saxons : la hache à grande lame.
    « Êtes-vous
perdus, wealhas  ? » cria-t-il. C’est ainsi qu’ils nous
appelaient, nous, les Bretons. Wealhas ! Le mot veut dire
« étrangers » et fleure l’ironie, tout comme le nom de Saïs que nous leur donnons. « Ou êtes-vous simplement fatigués de la
vie ? » Il s’était mis en travers de la route, tête haute, la hache
reposant sur son épaule. Il avait une barbe brune et une masse de cheveux bruns
qui sortaient de sous son casque. Les uns en casques de fer, les autres en
cuir, ces hommes qui portaient presque tous des haches formaient un mur de
boucliers en travers du chemin. Quelques-uns tenaient en laisse d’énormes
chiens, des molosses de la taille de loups ; de fait, nous nous étions
laissés dire que, ces derniers temps, les Saïs s’en étaient servis comme
d’armes, les lâchant contre nos murs de boucliers quelques secondes avant
d’abattre leurs haches et leurs lances. Les molosses effarouchaient certains de
nos hommes beaucoup plus que les Saxons.
    J’avançai avec
Arthur. Nous nous arrêtâmes à quelques pas du Saxon bravache. Aucun de nous
deux ne portait de lance ni de bouclier et nos épées étaient restées au
fourreau. « Voici mon Seigneur, dis-je en Saxon. Arthur, protecteur de la
Dumnonie, qui vient vers vous en paix.
    — Pour
l’instant, fit l’homme, la paix est vôtre, mais juste pour l’instant. » Il
continuait à nous défier, mais le nom d’Arthur lui avait visiblement fait forte
impression et c’est avec une curiosité évidente qu’il dévisagea longuement mon
seigneur avant de se retourner vers moi. « Es-tu Saxon ?
    — De
naissance, oui. Aujourd’hui, je suis Breton.
    — Un loup
peut-il devenir crapaud ? demanda-t-il en me lorgnant d’un air maussade.
Pourquoi ne pas redevenir Saxon ?
    — Parce
que j’ai juré de servir Arthur, et ma mission est de porter à votre roi une
grande quantité d’or.
    — Pour un
crapaud, tu hurles bien. Moi, c’est Therdig. »
    Je n’avais
jamais entendu parler de lui. « Ta gloire, fis-je, donne des cauchemars à
nos enfants. »
    Il rit.
« Bien parlé, crapaud. Alors qui est notre roi ?
    — Aelle.
    — Je ne
t’ai pas entendu, crapaud. »
    Je soupirai.
« Le Bretwalda Aelle.
    — Bien
dit, crapaud. » Nous, les Bretons, ne reconnaissions pas le titre de
Bretwalda, mais je l’employai pour complaire au chef saxon. Arthur, qui ne
comprenait goutte à notre échange, attendit patiemment que je fusse prêt à
traduire quelque chose. Il avait confiance en ceux qu’il distinguait et ne me
pressait ni n’intervenait.
    « Le
Bretwalda, reprit Therdig, est à quelques heures d’ici. Peux-tu me donner une
raison, crapaud, de troubler sa journée en lui rapportant qu’une épidémie de
rats, de souris et de larves a envahi sa terre ?
    — Nous
apportons de

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