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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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importance. « Merlin m’a amené ici. » Il se tut et
je ne dis rien car je devinais à ses derniers mots que ce lieu avait une place
à part dans sa mémoire. Et je ne me trompais pas, car il s’arrêta enfin de
marcher et tendit la main en direction du rocher gris qui reposait comme un
autel au cœur des Pierres. « C’est ici, Derfel, que Merlin m’a donné Caledfwlch. »
    Je jetai un
coup d’œil sur le fourreau quadrillé de l’épée. « Un noble présent.
Seigneur.
    — Et
lourd, Derfel. Car elle s’accompagnait d’un fardeau. » Il m’entraîna par
le bras. « Il me la donna à condition que je fisse ce qu’il m’ordonnait de
faire, et je lui ai obéi. Je suis allé à Benoïc et j’ai appris de Ban quels
sont les devoirs d’un roi. J’ai appris qu’un roi ne vaut pas plus que le plus
misérable de ses sujets. Telle fut la leçon de Ban.
    — Ce ne
fut pas la leçon que Ban lui-même en tira », constatai-je avec amertume,
songeant que Ban avait fait fi de son peuple pour enrichir Ynys Trebes.
    Arthur sourit.
« Certains hommes sont mieux taillés pour le savoir que pour l’action. Ban
était d’une grande sagesse, mais manquait de sens pratique. Il me faut l’une et
l’autre.
    — Pour
être roi ? » osai-je lui demander, car déclarer une pareille ambition
allait contre tout ce qu’Arthur avait jamais dit de sa destinée.
    Mais Arthur ne
s’offusqua point de mes paroles. « Pour être un souverain. » Il
s’était de nouveau arrêté et regardait les silhouettes de ses hommes assoupis,
emmitouflés dans leurs manteaux, au centre du cercle, et je crus voir la dalle
de pierre chatoyer au clair de lune. Ou peut-être n’était-ce que l’effet de mon
imagination enflammée. « Merlin m’a fait mettre nu et passer la nuit sur
cette pierre, reprit Arthur. Il pleuvait, il ventait, il faisait froid. Il
psalmodia des charmes et me demanda de tenir l’épée à bout de bras et de la
garder ainsi. Je me souviens que mon bras était comme le feu puis il finit par
s’engourdir, mais il n’était pas question que je laisse retomber Caledfwlch.
« Retiens-la, retiens-la ! « hurlait-il, et je demeurai planté
là, grelottant, tandis qu’il prenait les morts à témoin de son cadeau. Et ils
sont venus, Derfel, colonne de morts après colonne, des guerriers aux yeux
vides et aux casques rouillés venus de l’Au-Delà pour voir l’épée qui m’était
donnée. » À ce souvenir, il secoua la tête. « Ou peut-être ai-je
simplement rêvé ces hommes mangés par les vers. J’étais jeune, tu comprends, et
très impressionnable, et Merlin sait comment inculquer la peur des Dieux aux
esprits tendres. Quand il m’eut effrayé par la cohue des témoins morts,
cependant, il m’expliqua comment conduire les hommes, comment trouver des
guerriers qui ont besoin de chefs et comment livrer des batailles. Il m’a dit
ma destinée, Derfel. » De nouveau il fit silence. Le clair de lune rendait
son long visage particulièrement sinistre. Puis il sourit tristement.
« Fadaises que tout cela. »
    Il avait
prononcé ces derniers mots si doucement qu’ils avaient failli m’échapper.
« Fadaises ? demandai-je, incapable de dissimuler ma réprobation.
    — Je dois
rendre la Bretagne à ses Dieux. » Au ton de sa voix, je sentis la
dérision.
    « Tu le
feras, Seigneur. »
    Il haussa les
épaules. « Merlin voulait un bras fort pour tenir une bonne épée, mais ce
que veulent les Dieux, Derfel, je ne le sais pas. S’ils veulent la Bretagne,
qu’ont-ils besoin de moi ? Les Dieux ont-ils besoin des hommes ? Ou
sommes-nous comme des chiens qui aboient après leurs maîtres qui ne veulent pas
les écouter ?
    — Nous ne
sommes pas des chiens. Nous sommes les créatures des Dieux. Ils doivent avoir
un dessein pour nous.
    — Vraiment ?
Peut-être est-ce simplement que nous les faisons rire.
    — Merlin
dit que nous avons perdu contact avec les Dieux, fis-je avec entêtement.
    — Tout
comme Merlin a perdu contact avec nous, répliqua Arthur sur un ton ferme. Tu as
vu comment il a quitté Durnovarie la nuit de votre retour d’Ynys Trebes. Merlin
est trop occupé, Derfel. Merlin donne la chasse à ses Trésors de Bretagne et ce
que nous faisons en Dumnonie est sans conséquence à ses yeux. Je pourrais
tailler un grand royaume pour Mordred, je pourrais instaurer la justice, je
pourrais apporter la paix, je pourrais faire danser les païens et les
chrétiens, ensemble, au

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