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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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personne à qui elle me fait penser, mais j’écoute,
et je connais très bien Arthur. Elle ressemble à sa mère ; très marquante
et très forte, et je soupçonne qu’il fera n’importe quoi pour lui plaire.
    — Même au
prix de sa conscience ? »
    Ma question la
fit sourire. « Tu devrais savoir, Derfel, que certaines femmes veulent
toujours voir leurs hommes payer un prix exorbitant. Plus l’homme paye, plus la
valeur de la femme est grande, et j’ai dans l’idée que Guenièvre est une dame
qui s’estime fort. Et c’est normal. Nous devrions toutes suivre son
exemple. » Elle prononça ces derniers mots d’une voix triste, puis elle se
leva. « Donne-lui mon affection, fit-elle alors que nous traversions la
maison, et dis-lui, je te prie, d’emmener ses fils à la guerre. »
    Arthur ne
voulait pas. « Laissons-leur encore un an », dit-il comme nous
reprenions la marche, le lendemain matin. Il avait dîné avec les jumeaux et
leur avait donné de petits cadeaux, mais nous avions tous remarqué l’humeur
maussade avec laquelle Amhar et Loholt avaient reçu l’affection de leur père.
Arthur s’en était aperçu, lui aussi, et c’est pourquoi, contrairement à ses
habitudes, il était fort peu démonstratif ce jour-là.
    « Une partie
de leur âme manque aux enfants nés de mères non mariées, dit-il après un long
silence.
    — Qu’en
est-il de ton âme, Seigneur ?
    — Je la
rapièce tous les matins, Derfel, morceau après morceau. » Il soupira.
« Il me faudra donner du temps à Amhar et Loholt, et les Dieux seuls
savent où je le trouverai parce que dans quatre ou cinq mois je serai de
nouveau père. Si je vis », ajouta-t-il d’un ton lugubre.
    Lunete avait
donc raison : Guenièvre était enceinte. « J’en suis heureux pour toi,
Seigneur », dis-je, mais je pensais à ce que Lunete m’avait dit, que
Guenièvre était malheureuse de sa situation.
    « Et moi
donc ! » Il rit. Son humeur noire se dissipa brusquement. « Et
je suis heureux pour Guenièvre. Cela lui fera du bien et, dans dix ans, Mordred
sera sur le trône et Guenièvre et moi pourrons trouver un coin heureux où
élever notre bétail, nos enfants et nos porcs ! Je serai heureux alors.
J’apprendrai à Llamrei à tirer une carriole et à se servir d’Excalibur comme
d’un aiguillon pour mes bœufs. »
    J’essayai d’imaginer
Guenièvre en fermière, même en riche fermière, mais l’image se refusait à moi,
et je gardai le silence.
    De Corinium,
nous allâmes à Glevum avant de franchir le Severn et de nous enfoncer au cœur
du Gwent. Nous donnions un beau spectacle, car Arthur avait à dessein choisi de
marcher étendard au vent, avec ses cavaliers en armure pour la bataille. Cette
pompe était nécessaire, parce que nous voulions redonner confiance aux gens du
pays. Ils n’avaient personne maintenant. Tout le monde imaginait que Gorfyddyd
serait victorieux et alors même que la moisson battait son plein la campagne
était morose. Nous traversâmes une aire de battage, mais au lieu de
l’habituelle chanson joyeuse qui rythme le fléau, le chanteur récitait la
Plainte d’Essylt. Nous avions également remarqué que chaque villa, chaque
maison et chaque chaumière étaient étrangement dépouillées. Tous les objets
précieux étaient cachés, probablement enterrés, afin que les envahisseurs de
Gorfyddyd ne puissent dépouiller la population.
    « Les taupes
s’enrichissent de nouveau », dit Arthur avec amertume.
    Seul Arthur
n’avait pas endossé sa meilleure armure. « C’est Morfans qui a l’armure
d’écailles », me dit-il alors que je lui demandais pourquoi il portait sa
cotte de rechange. Morfans était cet affreux guerrier avec qui je m’étais lié
d’amitié lors du banquet qui avait suivi l’arrivée d’Arthur à Caer Cadarn, il y
a bien longtemps.
    « Morfans ?
demandai-je étonné. Comment a-t-il gagné un tel cadeau ?
    — Ce
n’est pas un cadeau, Derfel. Morfans ne fait que l’emprunter et tout au long de
la semaine passée il s’est rapproché des hommes de Gorfyddyd. Ils me croient
déjà là-bas et peut-être cela les a-t-il arrêtés ? En tout cas, nous
n’avons entendu parler d’aucune attaque. »
    Je ne pus
m’empêcher de rire en pensant à l’horrible trogne de Morfans cachée derrière
les joues du casque d’Arthur, et peut-être la tromperie fit-elle son effet car,
lorsque nous rejoignîmes le roi Tewdric au fort romain de Magnis,

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