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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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faudra juste tuer deux fois
plus vite ! » gueula Morfans du fond de la salle. Il avait rendu
l’armure d’écailles à Arthur, jurant que seul un héros pouvait porter cette
masse de métal et continuer à se battre. Agricola fit celui qui n’avait pas
entendu et ajouta que la moisson serait rentrée dans une semaine et que les
requis du Gwent viendraient alors gonfler nos effectifs. Nul ne sembla s’en
réjouir outre mesure.
    Le roi Tewdric
proposa que nous attaquions Gorfyddyd sous les remparts de Magnis :
« Donnez-moi une semaine et j’aurai si bien rempli cette forteresse de la
nouvelle moisson que Gorfyddyd ne pourra jamais nous en expulser. Combattons
ici  – il fit un geste en direction des portes  – et si la bataille
tourne mal nous nous replions à l’intérieur et les laissons gaspiller leurs
lances contre les palissades de bois. » C’était la façon de guerroyer qui
avait ses préférences et que Tewdric avait parfaite de longue date : une
guerre de siège, où il pouvait mettre à profit le travail des ingénieurs
romains pour déjouer les lances et les épées. Un murmure d’approbation
parcourut la salle, et ce murmure ne fit que s’amplifier lorsque Tewdric
déclara au conseil qu’Aelle se préparait sans doute à attaquer Ratae.
    « Tenons
bon ici, dit un homme, et Gorfyddyd regagnera le nord au galop lorsqu’il
apprendra qu’Aelle entre par la petite porte.
    — Ce
n’est pas Aelle qui livrera ma bataille. » Arthur s’exprima pour la
première fois et la salle retrouva le calme. Il semblait gêné d’avoir parlé
d’un ton aussi ferme. Il adressa un sourire d’excuse au roi Tewdric et demanda
où, exactement, les forces ennemies s’étaient rassemblées. Il le savait déjà,
bien entendu, mais il posait la question afin que nous pussions tous entendre
la réponse.
    Agricola
répondit pour Tewdric. « Leurs éclaireurs sont échelonnés entre la colline
de Coel et Caer Lud, tandis que le gros de l’armée campe à Branogenium.
D’autres hommes marchent depuis Caer Sws. »
    Les noms ne
signifiaient pas grand-chose pour nous, mais Arthur semblait s’y connaître en
géographie. « Ils gardent donc les collines entre nous et
Branogenium ?
    — Tous
les cols et toutes les hauteurs, confirma Agricola.
    — Combien
à Lugg Vale ? demanda Arthur.
    — Au
moins deux cents de leurs meilleurs lanciers. Ils ne sont pas idiots,
Seigneur », ajouta Agricola d’une voix lugubre.
    Arthur se
leva. Il était à l’aise dans ces conseils, dominant facilement des foules
d’hommes revêches. Il souriait. « Les chrétiens le comprendront mieux,
commença-t-il, flattant habilement les hommes qui lui étaient le plus hostiles.
Imaginez une croix chrétienne. Ici, à Magnis, nous sommes au pied de la croix.
Le poteau est la Voie romaine qui va du nord de Magnis à Branogenium et la
traverse correspond aux collines qui barrent cette voie. La colline de Coel est
à gauche de la traverse, Caer Lud à droite, et Lugg Vale au centre de la croix.
Le val est l’endroit où la route et la rivière traversent les collines. »
    Il contourna
la table pour se rapprocher ainsi de son auditoire. « Je voudrais que vous
réfléchissiez à une chose. » La lumière des torches suspendues couvrait
d’ombre ses longues joues, mais ses yeux étincelaient et son ton était
énergique. « Tout le monde sait que nous devons perdre cette bataille.
Nous sommes inférieurs en nombre. Nous attendons ici que Gorfyddyd nous attaque.
Nous attendons ici, et certains d’entre nous finissent par se décourager et
remportent leurs lances chez eux. D’autres tombent malades. Et tous, nous
ruminons, songeant à cette grande armée rassemblée dans la cuvette des collines
entourant Branogenium et nous essayons de ne pas penser à notre mur de
boucliers enfoncé et à l’ennemi qui arrive sur nous, de trois côtés à la fois.
Mais pensez à l’ennemi. Il attend lui aussi, mais plus il attend plus il se
renforce ! Des  hommes  arrivent  de  Cornovie, 
d’Elmet,  de Démétie, du Gwynedd. Des hommes sans terre viennent pour y
gagner une terre, des hommes sans maître impatients de participer au pillage.
Ils savent qu’ils vont gagner et savent que nous attendons, comme des souris
piégées par une tribu de chats. »
    Arthur se
redressa. De nouveau il souriait. « Mais nous ne sommes pas des souris.
Nous avons parmi nous quelques-uns des plus grands guerriers qui aient jamais
tenu une

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