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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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alors que, dans
mon dos, les femmes me pressaient, d’aucunes lâchant leurs quenouilles et leurs
fuseaux pour me lancer des pierres et me pousser vers la lance de Griffid. Je
soulevai Hywelbane, dont le tranchant était encore ébréché des suites du combat
d’Arthur avec Owain, et je priai les Dieux de m’accorder une bonne mort.
    « Saxon ! »
Griffid avait employé la pire insulte qu’il pût trouver. Il avançait prudemment
car il me savait fine lame. « Traître Saxon ! » Il recula car
une grosse pierre tomba dans la boue, entre nous. Il me regarda passer et je
lus la peur sur son visage et la lame de sa lance retomber.
    « Vos
noms, siffla Nimue dans mon dos, sont sur la pierre. Griffid ap Annan, Mapon ap
Ellehyd, Minac ap Caddan... » Elle déclina les noms des lanciers et de
leurs ancêtres l’un après l’autre, et à chaque fois qu’elle prononçait un nom
elle crachait vers la pierre maudite qu’elle avait jetée sur le chemin. Les
lances retombèrent.
    Je m’écartai
pour laisser passer Nimue. Elle était vêtue d’un manteau noir avec un capuchon
qui couvrait son visage d’une ombre dans laquelle son œil d’or lançait des
éclairs menaçants. Elle s’arrêta à côté de moi, se retourna brusquement et
pointa un bâton habillé d’une branche de gui vers les femmes qui avaient lancé
des cailloux. « Vous voulez voir vos enfants transformés en rats ?
lança-t-elle aux badauds. Vous voulez que votre lait se tarisse et que votre
pisse brûle comme le feu ? Filez ! » Les femmes empoignèrent
leurs enfants et coururent se réfugier dans les cabanes.
    Griffid savait
que Nimue était la chérie de Merlin et avait hérité des pouvoirs du druide. Il
tremblait de peur devant sa malédiction. « Je t’en prie », dit-il
comme Nimue se retournait pour lui faire face.
    Elle passa à
côté de la pointe baissée de sa lance et lui flanqua un grand coup de bâton sur
la joue. « Par terre. Tous ! Par terre ! À plat ! Face
contre terre ! Couchés ! » Elle frappa Minac. « Par
terre ! »
    Ils
s’allongèrent sur le ventre, dans la boue, et elle leur marcha sur le dos, l’un
après l’autre. Son pas était léger, mais la malédiction était lourde.
« Vos morts sont entre mes mains, prévint-elle. Vos vies sont miennes. Je
me servirai de vos âmes comme de jouets. Chaque aube, à votre réveil, vous me
remercierez de ma miséricorde, et à la brune vous prierez le ciel que vos
immondes trognes ne me visitent pas dans mes rêves. Griffid ap Annan :
prête allégeance à Derfel. Baise son épée. À genoux, chien ! A
genoux ! »
    Je protestai
que ces hommes ne me devaient aucunement allégeance, mais Nimue se retourna
vers moi, fâchée, et m’ordonna de tendre mon épée. Et, un par un, avec la boue
et la terreur sur leur visage, mes anciens compagnons se traînèrent à genoux
pour baiser la pointe d’Hywelbane. Le serment ne me donnait aucun droit de
suzeraineté sur ces hommes, mais il leur interdisait de m’attaquer sous peine
de mettre leur âme en danger. Car Nimue les avertit que s’ils trahissaient leur
serment, leur âme serait condamnée à séjourner à jamais dans les ténèbres de
l’Au-Delà, et ne trouverait jamais de corps nouveau sur cette terre verte et
ensoleillée. L’un des lanciers, un chrétien, défia Nimue, affirmant que le
serment n’avait aucune valeur, mais son courage flancha quand elle sortit l’œil
d’or de son orbite et le lui tendit en sifflant une malédiction. Pris de
panique, il tomba à genoux et baisa mon épée comme les autres. Sitôt qu’ils
eurent prêté serment, Nimue leur ordonna de s’aplatir à nouveau. Elle remit le
globe d’or dans son orbite et nous les laissâmes dans la boue.
    Nimue riait.
« Ça m’a bien plu ! » fit-elle et je sentis dans sa voix un
soupçon de sa malice enfantine d’autrefois. « Ça m’a bien plu ! Je
hais les hommes, Derfel.
    — Tous
les hommes ?
    — Les
hommes en cuir, les porteurs de lance. » Elle frissonna. « Pas toi.
Mais les autres, je les hais. » Elle se retourna pour cracher sur le
chemin. « Comme les Dieux doivent rire des petits hommes qui se
pavanent. » Elle abaissa son capuchon pour me regarder. « Désires-tu
que Lunete t’accompagne à Corinium ?
    — J’ai
juré de la protéger, dis-je d’un air piteux, et elle me raconte qu’elle est
enceinte.
    — Est-ce
à dire que tu souhaites sa compagnie ?
    — Oui,
fis-je, tout en voulant

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