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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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capuchon sur
sa tête et se plaça dans la file des postulants. Mais rien n’échappait aux
prêtres d’Apollon ; les serviteurs se passèrent bien vite le mot et les
ministres du culte, tapis dans l’ombre, dans le cœur secret du temple, furent
informés.
    « Le roi des Macédoniens, chef
suprême du conseil du sanctuaire, est ici, annonça un jeune adepte, hors
d’haleine.
    — Tu es sûr de ce que tu
dis ? demanda le prêtre qui était responsable, ce jour-là, des fonctions
du culte et de l’oracle.
    — Il est difficile de confondre
Philippe de Macédoine avec un pèlerin quelconque.
    — Que veut-il ?
    — Il a pris place dans la file
des postulants qui souhaitent interroger le dieu. »
    Le prêtre soupira. « Incroyable.
Pourquoi n’avons-nous pas été avertis ? Nous ne pouvons pas être pris de
court par la requête d’un homme aussi puissant… Vite ! ordonna-t-il.
Exposez les insignes du conseil du sanctuaire et conduisez-le jusqu’à moi
immédiatement ! Le vainqueur de la guerre sacrée, chef suprême du conseil,
a la priorité absolue. »
    Le jeune homme disparut derrière une
petite porte. Le prêtre enfila ses ornements, enroula les bandelettes sacrées
autour de sa tête en les laissant retomber sur ses épaules, puis entra dans le
temple.
    Le dieu Apollon se tenait devant
lui, assis sur son trône, avec son visage et ses mains d’ivoire, sa couronne
argentée de feuilles de laurier, ses yeux de nacre. Du fait de son regard fixe,
l’immense idole avait une expression hagarde et absente, et ses lèvres
s’étiraient en un sourire énigmatique, voire moqueur. À ses pieds se trouvait
un brasero dans lequel brûlait de l’encens, dont la fumée s’élevait en un nuage
bleuté jusqu’à une ouverture pratiquée entre les chevrons du plafond, à travers
laquelle on entrevoyait un pan de ciel.
    Un faisceau de lumière pénétrait par
l’entrée, tempérant l’obscurité de la pièce, léchait les contours dorés des
colonnes doriques et faisait briller une myriade de corpuscules suspendus dans
l’air dense et lourd.
    Soudain une silhouette massive se
profila dans l’embrasure de la porte, projetant son ombre jusqu’aux pieds du
prêtre. Elle marcha vers la statue du dieu en boitant, et ses chaussures
cloutées résonnèrent dans le profond silence du sanctuaire.
    Le prêtre alla à sa rencontre et
reconnut bientôt le roi des Macédoniens. « Que désires-tu ? »
lui demanda-t-il avec déférence.
    Philippe leva la tête et examina le
regard impassible de la statue qui le menaçait. « Je désire interroger le
dieu.
    — Et quelle est ta question ? »
    Philippe sembla lui planter son
unique œil jusqu’au fond de l’âme, en admettant qu’il en eût une.
    « Je la poserai directement à
la Pythie. Conduis-moi auprès d’elle. »
    Le prêtre baissa la tête d’un air
troublé, surpris par cette requête à laquelle il ne pouvait pas s’opposer.
    « Tu es sûr de vouloir
t’exposer directement à la voix d’Apollon ? Nombreux sont ceux qui ne
l’ont pas supporté. Elle est parfois plus perçante que le son d’une trompe de
guerre, plus déchirante que le tonnerre…
    — Je supporterai cette épreuve,
affirma Philippe sur un ton péremptoire. Accompagne-moi.
    — Comme tu veux »,
répondit le prêtre.
    Il s’approcha d’une timbale de
bronze accrochée à une colonne et la frappa de son sceptre. Le son argentin qui
en résulta se répercuta sur les murs en un jeu d’échos compliqué, finissant par
atteindre la cellule la plus secrète du temple : l’adyton.
    « Suis-moi », dit-il
lorsque le son se fut évanoui.
    Ils passèrent derrière le piédestal
de la statue et s’immobilisèrent devant une plaque en bronze qui recouvrait le
mur postérieur de la cellule. Le prêtre abattit de nouveau son sceptre,
provoquant un sombre écho aussitôt avalé par un espace souterrain invisible.
Puis la grande plaque tourna sur elle-même sans le moindre bruit, découvrant un
escalier étroit qui s’enfonçait dans le sous-sol.
    « Personne n’est jamais entré
ici au cours de cette génération », déclara le prêtre, le regard toujours
fixé devant lui. Philippe descendit à grand-peine les marches raides et
inégales qui menaient à un hypogée faiblement éclairé par quelques lanternes.
    C’est alors qu’il vit se détacher
sur le mur du fond, entièrement plongé dans l’obscurité, une silhouette
échevelée, vêtue d’une robe rouge qui

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