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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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la rosée, comme le sourire du printemps, comme une perle enchâssée
dans l’or. »
    Cléopâtre posa sur lui ses yeux
luisants. « Est-ce ainsi que tu me vois, mon frère ?
    — Oui. Et c’est ainsi qu’il te
verra, lui aussi, j’en suis certain. »
    Il lui effleura la joue d’un baiser
et la quitta.
    Il était tard quand il regagna ses
appartements, après son année d’absence : le parfum des fleurs qui l’ornaient
et l’odeur de son bain caressèrent bientôt ses narines.
    Les lanternes diffusaient une clarté
intime et chaude ; son strigile, son peigne et son rasoir étaient bien
alignés près de la baignoire, et Leptine était assise sur un tabouret,
seulement vêtue d’un court chiton.
    Elle se précipita vers lui dès
qu’elle l’aperçut et se jeta à ses pieds, refermant ses bras sur ses genoux et
le couvrant de baisers et de larmes.
    « Ne veux-tu pas m’aider à
prendre mon bain ? lui demanda Alexandre.
    — Si, si, bien sûr, mon
seigneur. Tout de suite. »
    Elle le déshabilla et attendit qu’il
s’immerge dans la grande baignoire, puis elle commença à le caresser doucement
avec une éponge. Elle lava ses cheveux doux et lisses, les sécha et versa sur
sa tête une huile précieuse, provenant de la lointaine Arabie.
    Quand il sortit de l’eau, elle le
couvrit d’un drap et le conduisit à son lit. Puis elle se déshabilla à son tour
et le massa longuement pour détendre ses membres ; mais elle ne le parfuma
pas, car rien n’était plus beau et plus agréable à ses yeux que l’odeur
naturelle de sa peau. Lorsqu’elle vit qu’il se laissait aller et qu’il fermait
les yeux à demi, elle s’allongea auprès de lui, nue et tiède, et parsema son
corps de baisers.
     

37
    Eurydice accoucha d’un garçon à la fin du printemps, peu avant la date
fixée pour les noces de Cléopâtre et d’Alexandre d’Épire, et cet événement
refroidit à nouveau les relations du prince et de son père.
    Incompréhensions et désaccords se
multiplièrent. Ils furent aggravés par la décision de Philippe d’éloigner de la
cour les amis les plus intimes de son fils, en particulier Héphestion,
Perdiccas, Ptolémée et Séleucos.
    Philotas, qui se trouvait alors en
Asie, s’était montré en revanche relativement tiède à l’égard d’Alexandre après
son retour. Il commença même à fréquenter ouvertement Amyntas, qui avait été
l’héritier du trône avant la naissance de son cousin.
    Tous ces éléments, doublés d’une
familiarité perdue avec la cour et d’une sensation aiguë d’isolement, ne firent
qu’accroître, chez Alexandre, un manque d’assurance qui le poussait à prendre
des initiatives maladroites et à adopter des comportements injustifiés.
    Quand il apprit que Philippe avait
proposé son demi-frère Arrhidée, à moitié débile, au satrape de Carie qui
cherchait un mari pour sa fille, il ne sut que penser. Craignant que cette
décision ne fût en rapport avec l’expédition en Asie, il finit, après une
longue réflexion, par envoyer un messager à Pixodaros, afin d’informer ce
dernier qu’il s’offrait lui-même en mariage. Mais le roi l’apprit par ses
espions. Il fut pris d’une rage terrible et décida d’annuler le projet
d’alliance matrimoniale, désormais compromis.
    Eumène communiqua cette mauvaise
nouvelle à Alexandre.
    « Mais comment t’est venue
l’idée de faire une chose pareille ? lui demanda-t-il. Pourquoi ne m’en
as-tu pas parlé ? Pourquoi ne m’as-tu pas consulté ? Je t’aurais dit
que…
    — Que m’aurais-tu dit ?
éclata Alexandre, à la fois inquiet et irrité. Tu te contentes d’exécuter les
ordres de mon père ! Tu me tiens à l’écart de tout !
    — Tu n’es plus toi-même,
répliqua Eumène. Comment as-tu pu penser que Philippe allait gâcher l’avenir de
son héritier au trône en lui donnant pour épouse la fille d’un serviteur de son
ennemi, le roi des Perses ?
    — J’ignore si je suis encore
l’héritier de Philippe. Il ne me le dit pas, il ne me dit rien. Il consacre
tout son temps à sa nouvelle épouse et à leur bébé. Et vous aussi, vous m’avez
abandonné. Vous avez peur de me fréquenter parce que vous pensez que je ne
serai bientôt plus l’héritier du souverain ! Considère un peu la
situation : combien d’enfants a mon père ? Et puis, Amyntas pourrait
trouver des appuis : au fond, il était l’héritier avant ma naissance, et
ces temps derniers Philotas a

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