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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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des
dragons de fil d’argent, une culotte ouvragée et des babouches en cuir
d’antilope. Les dignitaires aussi étaient habillés de vêtements incroyablement
riches et raffinés.
    Mais l’attention de l’assistance se
concentrait sur les Immortels du Grand Roi. Ils mesuraient près de six pieds,
avaient le teint olivâtre, une barbe noire et crépue, des cheveux
somptueusement coiffés et frisés au fer. Ils étaient vêtus d’une veste de samit
d’or tombant jusqu’à leurs pieds, d’une tunique de bysse bleu et de culottes de
la même couleur, brodées d’abeilles en or, et arboraient à l’épaule leurs arcs
meurtriers à double courbure et leurs carquois de cèdre à incrustations
d’ivoire et de feuilles d’argent.
    Ils avançaient d’un pas cadencé en
posant sur le sol les hampes de leurs lances, qui se terminaient par des
pommeaux d’or en forme de grenades, et exhibaient à leur côté la plus belle
arme de parade qu’on eût jamais vue : l’éblouissante akinaké, une dague en
or massif rangée dans un fourreau travaillé en bosselage, où rampait une série
de griffons aux yeux de rubis.
    Le fourreau, également en or pur,
était accroché à un cliquet fixé au ceinturon : l’arme oscillait donc
librement en rythmant le pas des majestueux guerriers, que scandait aussi
l’ondoiement de ce précieux métal.
    Philippe, qui s’attendait à une
telle démonstration de luxe, avait préparé un accueil adéquat en disposant sur
les côtés de la salle deux rangées de trente-six pézétairoï, les puissants
soldats de son infanterie lourde de ligne. Enfermés dans leurs cuirasses de
bronze, ils tenaient des écus frappés de l’étoile en argent des Argéades et
brandissaient des sarisses, immenses lances de cornouiller mesurant douze
pieds. Leurs pointes de bronze, si bien astiquées qu’on pouvait se mirer
dedans, touchaient le plafond.
    Revêtu de sa première armure, qu’il
avait lui-même dessinée, et entouré de sa garde personnelle, Alexandre était
assis sur un trépied à côté de son père. La jeune Cléopâtre, d’une beauté
enchanteresse, lui faisait pendant aux pieds d’Olympias. Elle portait un péplum
attique qui découvrait ses bras et ses épaules et retombait en plis élégants
sur sa poitrine, ainsi que des sandales composées de rubans en argent.
    Une fois devant le trône, Arsamès
s’inclina devant le couple royal, puis il s’effaça pour laisser avancer les
dignitaires, qui remirent au couple des présents : une ceinture en mailles
d’or piquée d’aigues-marines et d’œils-de-tigre pour la reine, une cuirasse
indienne sculptée dans une carapace de tortue pour le roi.
    Philippe ordonna au maître de
cérémonie de présenter les cadeaux qu’il avait choisis pour l’empereur et
l’impératrice. Il s’agissait d’un casque scythe en feuilles d’or et d’un
collier chypriote en polypes de corail enchâssés dans de l’argent.
    Au terme de cette cérémonie
solennelle, les Perses furent invités à passer dans la salle des audiences et à
s’asseoir sur de confortables divans, afin de discuter du protocole d’entente
qui était à l’ordre du jour. Alexandre aussi y fut admis, car Philippe voulait
qu’il commence à mesurer les responsabilités échéant à un homme de gouvernement,
ainsi que la façon de gérer les relations avec une puissance étrangère.
    La négociation portait sur le
protectorat que Philippe voulait établir sur les villes grecques d’Asie, tout
en reconnaissant formellement la souveraineté du Grand Roi dans cette région.
Les Perses étaient, quant à eux, préoccupés par l’avancée du souverain
macédonien dans la zone des Détroits, région clef, charnière entre deux
continents et entre trois grandes régions : l’Asie Mineure, l’Asie
intérieure et l’Europe.
    Philippe tenta d’exposer ses raisons
en évitant d’alarmer ses interlocuteurs : « Je n’ai aucun intérêt à
troubler la paix dans la zone des Détroits. Mon seul but est de consolider
l’hégémonie macédonienne entre le golfe Adriatique et la rive occidentale de la
mer Noire, ce qui constituera, sans aucun doute, un facteur de stabilité dans
cette région, voie de circulation et de commerce vitale pour tous. »
    Il s’interrompit afin de laisser à
l’interprète le temps de traduire, et en profita pour scruter le visage de ses
hôtes au fur et à mesure que ses mots étaient prononcés en perse.
    Le visage d’Arsamès ne trahit

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