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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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les « Dix Mille »
de Xénophon empruntèrent il y a soixante-dix ans, non sans connaître de gros
problèmes d’approvisionnement. Aujourd’hui, avec tous ces villages et ces
récoltes détruits, cet itinéraire nous est interdit. Il ne nous reste que la
seconde voie, celle qui conduit au gué du Tigre et à la route du Roi.
    « C’est là que Darius nous
attend, c’est là qu’aura lieu la bataille décisive. Pour nous faciliter les
choses, le Perse nous a aplani le terrain en nous permettant de nous
ravitailler dans les villages situés au pied des montagnes du Taurus.
    — Et nous allons accepter son
invitation, n’est-ce pas, Alexandre ? demanda Perdiccas en s’avançant.
    — Oui, mon ami. Préparons-nous
car nous amorcerons dès demain notre marche d’approche : dans six jours,
nous serons au rendez-vous avec la plus grande armée de tous les temps. »
    Parménion, qui observait sans mot
dire les colonnes de fumée à l’horizon, s’éloigna, quelques instants plus tard.
    Ptolémée le suivit du regard.
« Notre général ne fait pas preuve d’un grand enthousiasme, n’est-ce
pas ?
    — Il commence à être trop
vieux, désormais, remarqua Cratère. Il serait temps de le rapatrier. »
    Philotas, qui se tenait non loin de
là, s’écria : « Mon père est peut-être âgé, mais il vaut mieux que
vous tous réunis !
    — Hé, calme-toi ! dit
Séleucos. Cratère plaisantait.
    — Alors, qu’il trouve d’autres
sujets de plaisanteries, car la prochaine fois…
    — Quelqu’un a-t-il vu Eumolpos
de Soles ? demanda Héphestion pour changer de conversation.
    — Il devrait être dans le
convoi des femmes, répondit Séleucos. Pourquoi, que lui veux-tu ?
    — Rien, je dois juste lui
remettre un présent. À tout à l’heure. »
    Il bondit sur son cheval et se
dirigea vers l’endroit où s’élevait le camp. Il trouva Eumolpos assis devant sa
tente. Deux eunuques prenaient soin de lui : l’un lui servait son repas
sur une petite table bien dressée, l’autre l’éventait à l’aide d’un flabellum.
    « Je ne tolérerai pas
d’allusions stupides aux tristes développements de mon emprisonnement…,
commença l’informateur dès qu’il vit Héphestion mettre pied à terre.
    — Rassure-toi, je suis venu
t’apporter un cadeau.
    — Un cadeau ?
    — Oui, de la part d’un ennemi.
J’avais d’abord pensé à le raconter à Alexandre. En t’écrasant les couilles
sous un pressoir à huile, il pourrait bien, à mon avis, te faire cracher des
histoires intéressantes.
    — Tais-toi, gros bêta, et
montre-moi plutôt de quoi il s’agit. »
    Héphestion tendit la statuette à
Eumolpos, qui l’examina avec grand intérêt. « Un ennemi, as-tu dit ?
Et quel ennemi ?
    — Le satrape de Babylonie,
Mazéos. Un gros bonnet, si je ne m’abuse. »
    Eumolpos ne lui prêta pas attention.
Après avoir longuement observé la statuette, il en frappa soudain le bord de la
table, la réduisant en miettes. Un petit rouleau de papyrus, rempli de
caractères cunéiformes, s’en échappa.
    « Collusion avec l’ennemi,
commenta Héphestion. Ça ne me dit rien de bon. »
    Eumolpos de Soles referma le billet
et se leva. Il se dirigea vers le camp militaire.
    « Hé, où vas-tu ?
    — Je vais chercher quelqu’un
doté d’un peu de cervelle.
    — Gare à tes fesses :
Péritas est dans les parages ! », lui hurla Héphestion.
    L’informateur ne prit même pas la
peine de se retourner, mais il porta instinctivement sa main droite à son
postérieur.
    Il trouva Eumène sous la tente de
l’intendance : le secrétaire dressait l’inventaire des équipements, des
armes en réserve et du ravitaillement. D’un signe, Eumolpos lui fit comprendre
qu’il avait besoin de lui parler. Eumène abandonna donc ses registres à l’un de
ses aides, et s’approcha.
    « Des nouvelles ?
    — Un message de Mazéos.
    — Le satrape de Babylonie. Par
Zeus !
    — Et le bras droit du Grand
Roi.
    — Que dit-il ?
    — Il est prêt… à nous aider sur
le champ de bataille si nous le reconfirmons dans sa charge de gouverneur de
Babylonie.
    — As-tu moyen de lui
répondre ?
    — Oui.
    — Réponds-lui que nous sommes
d’accord.
    — Mais il exigera une garantie.
    — De quel genre ?
    — Je ne sais pas, un message du
roi.
    — On peut s’arranger. J’ai
jadis rédigé des lettres en imitant l’écriture d’Alexandre et en y apposant son
sceau. Viens me retrouver sous

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