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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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trouvent demain dans la solitude qui précède l’épreuve suprême.
Les sentinelles qui achèveront le dernier tour de garde doivent savoir qu’elles
ont veillé dans la nuit sur la solitude de leur roi. Adieu, Barsine. Si je
devais mourir demain, ne me plains pas : c’est un privilège que de tomber
sur le champ de bataille, d’échapper à une longue vieillesse et à la décadence
de l’esprit et du corps, à l’extinction lente et inexorable du regard. Rejoins
ton peuple et tes fils, et vis sereinement ta vie en pensant que tu as été
aimée comme nulle autre femme au monde. »
    Barsine l’embrassa une dernière fois
avant qu’il ne disparaisse au-delà du seuil. Elle n’eut pas le courage de lui
dire qu’elle attendait un enfant de lui.
     

13
    Le général Parménion le réveilla en pénétrant sous sa tente. « Sire,
c’est l’heure », dit-il. Il portait une armure de combat et Alexandre lui
lança un regard admiratif : malgré son âge avancé, le vieux guerrier était
encore aussi droit et aussi robuste qu’un chêne. Le roi se leva et, encore nu,
avala le « gobelet de Nestor » que Leptine lui avait préparé. Deux
ordonnances le vêtirent et lui passèrent sa cuirasse, une autre lui apporta son
bouclier et son casque étincelant en forme de tête de lion à gueule ouverte.
    « Général, commença Alexandre,
une journée d’incertitude s’annonce. Nous ignorons notamment ce qui se produira
sur l’aile gauche. Voilà pourquoi j’ai décidé de t’en confier le commandement.
Le Noir guidera l’aile droite.
    « Nous avancerons, nos ailes
pratiquement repliées sur les côtés, comme un faucon qui se jette sur sa proie,
jusqu’à ce que les Perses décident de nous arrêter et de lancer sur nous leur
aile droite. Alors, je conduirai la charge et briserai en deux leur front.
Pendant que j’opposerai la Pointe à l’ennemi, tu tourneras ton flanc. Je sais
que tu résisteras, je sais que rien ne te fera céder.
    — Je ne céderai pas,
sire. »
    Alexandre secoua la tête. « Tu
es toujours aussi guindé… et pourtant tu m’as fait sauter sur tes genoux quand
j’étais petit. »
    Parménion acquiesça. « Je ne
céderai pas, mon garçon, tant que je respirerai. Que les dieux nous
assistent. »
    Quand le roi sortit, il vit
qu’Aristandre avait immolé une victime au centre du camp, et qu’il brûlait un
holocauste. La fumée rampait sur le sol comme un long serpent, trouvant
difficilement la voie du ciel.
    « Que disent les auspices,
devin ? »
    Aristandre se tourna vers lui avec
ce mouvement caractéristique qui rappelait si tragiquement au jeune homme son
père Philippe. Il dit : « Ce sera la journée la plus dure de ta vie,
Alexandre, mais tu vaincras.
    — Que le ciel veuille
t’entendre », répliqua Alexandre en saisissant les rênes de Bucéphale que
lui tendait un palefrenier.
    Le camp était en pleine
activité : des ordres secs résonnaient de toutes parts, les escadrons de
cavalerie prenaient position, les détachements d’infanterie s’alignaient en
ordre de marche. Alexandre bondit sur son cheval, l’éperonna et rejoignit la
tête de la Pointe, déjà parfaitement rangée. Héphestion se plaça à ses côtés.
Il était suivi de Ptolémée et de Léonnatos, entièrement recouvert de fer,
serrant dans son poing une énorme hache. Derrière les deux hommes, Lysimaque,
Séleucos et Philotas précédaient le reste de l’escadron et les autres
subdivisions de la cavalerie des hétairoï. En tête de l’armée et sur le flanc
gauche, les Thraces et les Agrianes couraient. À gauche venaient les bataillons
de la Phalange ainsi qu’un détachement d’attaquants menés par leurs
commandants : Coïnos, à la tête du premier bataillon, Perdiccas, Simmias
et Polysperchon. Cratère fermait la marche avec les Thessaliens. Sur la droite,
les huit bataillons des alliés grecs étaient déjà en place, suivis par une file
de fantassins thraces et triballes si longue qu’elle contournait les tentes de
la famille royale et celles qui contenaient le ravitaillement.
    Le roi leva la main et les
trompettes donnèrent le signal de départ. La Pointe se mit au pas derrière
Alexandre, qui la conduisit jusqu’à la limite extérieure du campement. C’est
alors qu’apparut l’armée du Grand Roi, précédée par le son des cors de guerre.
Elle occupait un front énorme, derrière des centaines de bannières et
d’étendards, et le soleil qui se levait à ce

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