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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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guerre… », commença-t-il en saisissant sa dague.
À ces mots, Parménion lâcha l’épée dont il s’était déjà emparé et avança vers
lui. Son visage traduisait une douloureuse surprise. « Le roi…,
murmura-t-il d’un air incrédule. Comment est-ce possible ? »
    Le tueur plongea sa dague dans la
poitrine du général, qu’il regarda s’effondrer sans un gémissement dans une
mare de sang. Il le regarda mourir et ne vit dans ses yeux ni haine ni
rébellion. Ils ne contenaient que des larmes. Et il eut l’impression que ses
lèvres laissaient échapper quelques mots avant de se refermer sur son dernier
soupir, peut-être… peut-être son mot de passe.
    Il sortit par la porte qui s’ouvrait
dans le mur de droite et s’évanouit dans les méandres du grand palais. Peu de
temps après, la paix du couchant fut déchirée par un long cri d’horreur.
    Treize jours plus tard, Alexandre
apprit que Parménion avait été assassiné. Bien qu’il eût lui-même décidé de ce
meurtre, il fut blessé par cette nouvelle, comme s’il avait espéré qu’un dieu
imprimerait au sort une autre direction. Il s’enferma sous sa tente, en proie à
une terrible angoisse. Pendant plusieurs jours, il refusa de voir qui que ce
soit, de s’alimenter ou de boire. Leptine tenta à plusieurs reprises de forcer
sa porte, mais on la vit chaque fois quitter la tente en larmes avant de
s’accroupir sur le sol, qu’il pleuve ou qu’il vente. Les amis qui
s’approchèrent du pavillon royal au cours de ces jours-là pour avoir des
nouvelles du roi n’entendirent que sa voix rauque et monotone répéter à l’infini
une vieille comptine macédonienne qu’ils avaient l’habitude de chanter quand
ils étaient enfants. Ils repartaient alors en secouant la tête.
    Eumène conclut le quatrième livre de
son Journal en écrivant :
    Le septième jour du mois de
Pyanopsion, le général Parménion a été tué par ordre du roi, sans avoir commis
aucune faute. C’était un homme courageux, qui s’était toujours battu avec
honneur, luttant comme un jeune homme en dépit de son âge avancé. Rien ne
pourra souiller sa mémoire : il vivra à jamais dans notre souvenir.
     

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    Alexandre finit par regagner son palais à pied, la barbe inculte et les
cheveux sales. Il était amaigri et une lueur fuyante habitait à présent son
regard. Stateira le prit dans ses bras et tenta d’adoucir sa souffrance en
s’asseyant près de lui la nuit, en chantant et jouant d’une harpe babylonienne.
    L’été se terminait quand le roi
convoqua son armée et fixa le jour du départ. Les officiers de marche
s’entretinrent aussitôt avec les guides ; les surintendants préposés au
ravitaillement préparèrent les chariots et les bêtes de somme ; les
commandants des bataillons rangèrent leurs détachements et leur firent
effectuer de longues marches d’entraînement pour les réaccoutumer aux efforts
de cette discipline. En effet, l’itinéraire qui les attendait près des gorges
du Paropamisos était long et difficile.
    La reprise des activités militaires
avait suscité une grande excitation dans le camp. Il tardait aux soldats de
quitter ces lieux maudits, qui avaient servi de décor à des événements douloureux,
d’oublier ces journées d’oisiveté et de sang qu’ils avaient passées sur les
rives d’un lac sans vie, au pied de la muraille crevassée d’Artacoana, qu’on
avait rebaptisée Alexandrie d’Arie.
    La princesse Stateira s’aperçut
qu’elle était enceinte, et cette nouvelle sembla soulager le roi et lui
apporter un peu de joie. Ses amis aussi se réjouirent en songeant qu’ils
verraient bientôt un nouveau, un petit Alexandre. La marche vers le nord
s’annonçant très dure, Alexandre pria son épouse de rebrousser chemin et de
s’installer dans un de ses palais. Stateira partit donc pour Zadrakarta, dans
l’intention de retrouver sa mère à Ectabane ou à Suse.
    Par un clair matin d’automne, les
trompettes sonnèrent le signal de départ et le roi se plaça à la tête de son armée
dans sa plus belle armure, monté sur Bucéphale, comme à l’époque de ses
entreprises les plus glorieuses. Héphestion, Perdiccas, Ptolémée, Séleucos,
Léonnatos, Lysimaque et Cratère chevauchaient à ses côtés. Ils étaient couverts
de fer et leurs cimiers ondoyaient sous le soleil.
    Pendant plusieurs jours, ils
remontèrent la vallée où coulait le fleuve aux mille ruisseaux, passant de
village en village

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