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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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dents claquantes. Le flic sortit de son tiroir deux boulettes d’opium qu’il fit glisser sur son bureau. Aussitôt, les mains tremblantes du toxicomane se précipitèrent.
    —  Pas si vite ! D’abord, il faut qu’on cause ! s’écria le chef de la police impériale de Canton.
    En bon adepte du jeu du chat et de la souris, Liang fit un petit signe aux deux policiers qui stoppèrent l’élan de l’interprète opiomane, lequel, comme s’il avait été touché par une flèche en plein cœur, émit un râle de désespoir et s’affaissa sur lui-même.
    —  Alors, quoi de neuf, Wang le Chanceux   ? Tu t’étais rendu invisible. Cela fait des semaines que je te cherche !
    —  J’ai tenu mes engagements, ô très respecté commandant Liang. Comme convenu, je me suis enrôlé dans la société du Grand Jaune Centre. Je vous ai prévenu en temps et en heure du projet d’attaque du consulat d’Angleterre. Vous avez pu placer vos hommes en embuscade et cueillir le commando qui s’en était pris aux Anglais ! Que vous faut-il de plus   ? Dites toujours… Je ferai le maximum… marmonna Wang, les yeux rivés vers l’opium.
    À défaut de disposer de l’argent nécessaire, cela faisait des jours qu’il n’avait pas pris de drogue et il eût été capable de tuer père et mère pour en aspirer une minuscule bouffée.
    —  Je n’en attendais pas moins de toi. Tu me coûtes assez cher comme iça. Au fait, tu ne m’as toujours pas répondu, pourquoi te cachais-tu   ?
    —  Depuis le jour de la funeste attaque contre le consulat des Anglais, je vis d’hôtel en hôtel ! gémit l’intéressé dont les yeux n’arrivaient pas à se détacher des deux boulettes que le flic avait délicatement placées dans une coupelle de bronze.
    C’était au cours d’une descente dans une auberge dont ils n’avaient pas, au passage, oublié de racketter le propriétaire que les hommes du chef Liang avaient mis la main sur Wang le Chanceux.
    —  Tu as peur à ce point des représailles   ?
    —  Pas qu’un peu ! Je suis comme une fourmi sur une poêle brûlante…
    —  Tu exagères ! Tous les membres de la secte du Grand Jaune Centre ont été massacrés !
    Wang, qui ne doutait pas une seconde que sa tête avait été mise à prix par le grand maître de la secte, répondit d’une voix sombre :
    —  Pas tous, hélas ! Ceux qui ne participaient pas à l’attaque se portent comme un charme, et ils sont persuadés que c’est moi qui ai donné leurs camarades à vos services…
    —  Tu te fais des idées, Wang le Chanceux. Les indics s’imaginent toujours que tout le monde trahit tout le monde. Or les gens honnêtes, ça existe aussi, mon vieux ! lui fît cruellement remarquer le chef de la police impériale de Canton.
    Comme tout bon policier, et même s’ils lui étaient indispensables, ! il n’avait que mépris pour la population des indics.
    —  Ce n’est pas correct de faire de l’humour sur le dos de l’un de vos plus zélés indicateurs, chef Liang. Depuis que je vous ai donné ce tuyau en or massif, je risque tout bonnement ma peau ! protesta, d’une voix mourante, Wang, dont les yeux blancs roulaient, agrandis par la terreur.
    —  Balivernes ! Explique-moi un peu ce qui t’autorise à proférer de telles inepties   ?
    L’indic piqua du nez. Il lui était difficile, pour ne pas dire impossible, d’expliquer au flic les raisons pour lesquelles il se faisait du souci.
    La peur et le manque de drogue s’étaient à présent conjugués pour ne faire du traître qu’une pauvre loque avachie. Conscient qu’il risquait de ne pas tirer grand-chose de Wang le Chanceux s’il ne réveillait pas son attention, Liang se fît apporter un nécessaire à opium et tendit à son indic l’une des boulettes de boue noire.
    —  Tu peux tirer une bouffée. Après, je te poserai deux ou trois questions… lâcha le flic d’un air sarcastique.
    Haletant comme un cheval après la course, Wang se prépara fébrilement une pipe. Plus le moment où il allait pouvoir enfin l’aspirer approchait, et plus il suait à grosses gouttes. Lorsque, avec délice, il en avala la première bouffée et que la délivrance vint, il émit un terrible râle qui déclencha chez le chef Liang un irrépressible rictus de dégoût.
    Pendant de longues minutes, Wang demeura immobile, le regard vague et incapable de proférer le moindre mot.
    —  J’ai besoin d’autres renseignements sur ce que mijote la

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