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Le salut du corbeau

Le salut du corbeau

Titel: Le salut du corbeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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les yeux sur elle et dit méchamment :
    — C’est froid, hein ? Mais c’est que ça y entre presque au complet. Avec quoi as-tu couché pendant toutes ces années, dis donc ? Avec des étalons ?
    Elle se débattit de plus belle. Louis dit :
    — Cesse donc de te tortiller ainsi. Ça pourrait s’ouvrir tout seul.
    Il coinça la baguette cassée entre les cuisses de Desdémone et en appuya le plat contre la clef, de façon à maintenir la poire d’angoisse en place. Il ne se préoccupa pas de l’une des extrémités pointues qui lui pénétrait dans la chair.
    — Si tu oses me frapper, Aitken, tu seras le prochain à bénéficier des services de cet instrument, dit-il à Sam qui s’avançait de nouveau.
    Les poings serrés de l’Écossais hésitèrent, puis retombèrent lentement. Louis ne s’était même pas retourné vers lui et avait deviné son approche. « Le démon ! » songea-t-il.
    — Ne faites pas ça. Vous allez la tuer !
    — Éloigne-toi, Aitken. Je t’ai déjà prévenu une fois. Ceci est la seconde. Il n’y aura pas de troisième.
    Sam recula. Louis se remit debout et dirigea les tenailles vers la bouche ouverte de Desdémone, qui fut prise de nausées. Il se tint penché au-dessus d’elle et, pendant quelques affreuses secondes, assujettit son instrument. Puis il lui imprima une violente secousse. Desdémone hurla et Sam donna l’impression qu’il était sur le point de plonger en avant. Les tenailles s’ouvrirent pour déposer une grosse molaire dans la main du bourreau. Il la montra à la putain en la tenant du bout des doigts, comme une chose laide.
    — Dommage. Elle avait l’air encore saine.
    Il posa la dent arrachée sur le coffre qui était au pied du lit et sortit son mouchoir de poche afin d’étancher le sang qui affleurait aux lèvres de la femme. Il demanda doucement :
    — Tu as des dettes. Tu as extorqué de l’argent à la Torsemanche. Où est cet argent, Desdémone ?
    Il reprit son mouchoir pour entendre la réponse. Desdémone, dont les sanglots étaient devenus chevrotants, marmonna quelque chose d’inaudible.
    — Comment ? dit Louis, qui se baissa davantage.
    Il ne manifestait aucune intention de lui enlever l’instrument afin qu’elle pût mieux parler.
    — Pfah… pfah y’a-gent, parvint-elle à dire.
    — Pas d’argent ? C’est ça que tu as dit ?
    Elle acquiesça.
    Louis se tourna vers Sam, dont le teint était devenu cireux. Il regarda à nouveau Desdémone.
    — Tu sais que l’on réserve ce traitement aux débiteurs qui sont censés avoir le gousset vide, n’est-ce pas ? Une dent par jour. Et laisse-moi te dire qu’au bout d’une semaine la plupart d’entre eux finissent par se souvenir qu’ils ont de l’argent.
    Il porta la main à la poire d’angoisse, sous prétexte de l’ajuster, après quoi il posa la main sur l’un des genoux de la femme.
    — Seulement, moi, je n’ai pas une semaine, pauvre traînée. J’ai promis à ma femme que je serais de retour auprès d’elle ce soir. Alors…
    Avec la même brutalité, il lui arracha deux autres dents. L’une d’entre elles était une canine.
    — J’ai été gentil, cette fois. Regarde celle-ci, dit-il en lui montrant une petite dent mal formée, presque toute noire. Il aurait fallu te l’arracher tôt ou tard, de toute façon. C’est une dent de sagesse et elle est pourrie. Il n’y a pas à se demander pourquoi tu n’es pas sage. Eh, là, ça coule, dit-il en se hâtant de lui éponger la bouche.
    Il se rendait compte qu’il était plus loquace qu’à l’accoutumée et que ce flot de paroles ne visait qu’à le distraire des images de son passé que la présence de Desdémone ne cessait de faire resurgir.
    Il se détourna pour déposer avec soin les deux dents à côté de l’autre. Ce faisant, il aperçut Sam. L’Écossais était en train de virer au vert. L’effet était plutôt saisissant, compte tenu de ses cheveux roux.
    — Prends le pot de chambre, Aitken. Tu vas être malade.
    Son attention se reporta aussitôt sur Desdémone.
    — Allez, sois raisonnable, sinon tu seras prise à manger de la bouillie jusqu’à la fin de tes jours. Où est l’argent ?
    Desdémone se sentait défaillir.
    — Elle ne vous a rien fait, protesta Sam faiblement.
    — Qu’est-ce que tu en sais ? Apporte-moi de l’eau.
    — Vous êtes un être pervers, sans rien d’humain.
    Louis eut un sourire en coin.
    — Tu as mis dans le mille. Regarde-la. Si

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