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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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Dans tous les cas, ajouta-t-il en pressant les doigts de Vesna entre les siens, je t’interdis de te mêler de cette affaire, c’est trop dangereux !
    — Dangereux ou pas…
    Elle s’interrompit, levant les yeux vers lui. Comme le droujinnik plongeait son regard dans le sien, il fut envahi par une bouffée de tendresse et l’attira à lui. Soudain, il se souvint de la présence de Philippos et recula d’un pas. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Vesna se hâta de retirer ses mains.
    Mais lorsqu’ils regardèrent autour d’eux, il n’y avait plus personne. Le garçon s’était éclipsé sans qu’ils s’en soient rendu compte, avec cette discrétion et cette pudeur dont Artem et son fils adoptif usaient toujours entre eux.
     
    Philippos marchait d’un pas nonchalant, pareil aux autres flâneurs qui déambulaient dans la grand-rue par cet après-midi de chaleur. Il était content d’avoir filé à la dérobée, laissant Artem et Vesna seuls. Il l’avait fait par crainte de les gêner, mais aussi parce que les observer ainsi ensemble provoquait chez lui un sentiment de jalousie qu’il trouvait ridicule, mais qu’il était incapable de réprimer. Il ressentait une sourde animosité envers la jeune femme et se rendait bien compte qu’il manquait d’objectivité à son égard. Il avait surtout peur qu’Artem ne s’aperçoive de son attitude, ce qui risquait d’influer sur les rapports entre le boyard et Vesna. Si Artem renonçait à vivre pleinement ses amours par sa faute, il ne se le pardonnerait jamais ! Cette seule pensée le remplissait d’angoisse et de honte. Il devait donc éviter de les voir ensemble, éviter aussi de se poser des questions inutiles et douloureuses. Comme se demander, par exemple, s’il aurait pu intervenir à temps pour sauver Nadia… Il sentit à nouveau le chagrin lui déchirer le cœur. Nadia, morte ! Il avait l’impression que la meilleure part de son être avait disparu avec elle. L’univers tout entier n’était que chaos, et la vie, une errance désolante et sans but. Pourtant, il se devait de réfléchir et de réagir. Se consacrer à l’enquête n’était pas seulement l’unique moyen d’aider Artem, c’était aussi le meilleur remède contre le désespoir.
    Et plus il réfléchissait, plus il était persuadé qu’il possédait confusément un indice important. Comment retrouver ce souvenir qui refusait de remonter à la surface de sa conscience ? Il se plongea dans ses pensées, essayant de se remémorer les épisodes essentiels de l’affaire. Petit à petit, les choses se précisaient dans son esprit. Il était maintenant presque certain que l’indice en question concernait Théodora.
    Il fut un temps où la très digne mère supérieure du monastère de la Vraie Croix n’avait rien d’un parangon de vertu. N’avait-elle pas évoqué les noirs péchés de sa jeunesse ? C’était tout de même bizarre, de la part d’une abbesse, de décrire son propre passé en des termes aussi sévères ! Mais il y avait plus étrange. Comment expliquer que, après tant d’années passées au monastère, Théodora se rappelait parfaitement le nom grec du flacon ? Et puis, il y avait eu ce regard, ces pupilles dilatées par l’horreur et rivées sur l’aryballe. Était-ce réellement le souvenir de son passé lointain qui avait provoqué cette frayeur ? N’étaient-ce pas plutôt des crimes bien plus récents et bien plus horribles qui hantaient ses pensées ? L’abbesse se rendait souvent à Tchernigov, elle avait sûrement eu l’occasion d’entendre parler des meurtres aux aromates et du Sang d’Aphrodite. Elle devait même connaître l’histoire des amours de la déesse et de l’éphèbe aromatique, Adonis, puisque ce mythe avait séduit toute la bonne société de Tchernigov… Par contre, elle n’avait aucune possibilité de savoir que le parfum était vendu dans des fioles fabriquées sur le modèle de l’aryballe, ni que l’assassin les utilisait lors de son rituel, car Artem avait décidé de tenir ces informations secrètes. Et pourtant, la réaction de l’abbesse prouvait qu’elle n’ignorait pas ce détail… Mais alors, qui l’en avait informée ? Philippos ne voyait qu’un seul moyen d’obtenir une réponse à cette question : interroger Théodora en personne !
    En rejoignant la résidence, il se rendit directement aux écuries du prince et fit seller son cheval favori, un bel étalon noir que Vladimir, qui

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