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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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dit Philippos.
    — Ne t’en déplaise, protesta Nadia, je voudrais d’abord savoir comment ce galopin est arrivé chez moi !
    L’enfant considéra gravement la jeune fille avant de répondre :
    — La clôture, au fond du jardin. Il y a une planche sciée.
    Sans raison apparente, Nadia rougit. Elle se passa la main sur le front et s’exclama :
    — Mon Dieu ! Cela me revient… J’ai ordonné qu’on remplace cette satanée planche il y a au moins une lune ! Bientôt, tous les mendiants de Tchernigov viendront traîner sur ma propriété !
    Elle se pencha vers le gamin.
    — Toi, la prochaine fois qu’on t’attrape ici, tu vas passer un mauvais quart d’heure à t’expliquer avec mon père !
    — Mais tu peux venir me trouver, moi, à la résidence princière, souligna Philippos. Il faut que tu demandes à voir le fils du boyard Artem.
    — Par le Christ, tu es trop gentil avec ce garnement ! s’exclama Nadia. Il aurait pu dérober ton caftan ou te faire les poches si nous n’étions pas arrivés à temps.
    Philippos s’abstint de répondre. Il posa la main sur l’épaule de l’enfant, lui fit signe de se lever et le conduisit vers le sentier menant au fond du jardin.
    — Il vaut mieux que tu reprennes le même chemin, c’est plus discret, dit-il avec un clin d’œil. Allez, file ! Et n’oublie pas, tu peux venir me voir quand tu veux.
    Avant qu’il eût terminé sa phrase, l’enfant avait détalé. Philippos se tourna vers Nadia, qui le toisa avec un air hostile.
    — Tu peux inviter chez toi tous les loqueteux de la ville, si ça te chante. Mais je t’interdis de commander au sein de ma propriété !
    — Je n’avais pas l’intention de t’offenser, protesta-t-il d’un ton conciliant. Ton père est un homme fortuné, alors, vraiment, quelques gâteaux…
    — Si on devait nourrir tous les va-nu-pieds, sa fortune – et ma dot – fondraient plus vite que les cierges que je brûle pour me trouver un fiancé convenable !
    Philippos réprima un sourire. Il s’apprêtait à répondre quand, soudain, un hurlement strident déchira l’air. Les deux jeunes gens se figèrent. Un autre cri retentit moins d’une seconde après le premier :
    — Au secours ! Par ici !
    C’était une voix d’enfant, elle semblait provenir du fond du jardin. Philippos fut le premier à se précipiter. Il emprunta l’allée qui serpentait parmi des bosquets d’arbustes avant de s’enfoncer entre les arbres. Le sentier mena Philippos à une clairière. En y débouchant, il faillit renverser Titos. L’enfant tremblait de tout son petit corps, son teint hâlé avait viré au gris. Il désigna du doigt le côté opposé de la clairière. Une forme humaine gisait sur le sol, à moitié dissimulée par les hautes herbes. Philippos sentit son sang se glacer. Il s’approcha : c’était Marfa.
    La jeune fille était étalée sur le dos, les bras en croix, la gorge tranchée. L’entaille sanglante évoquait une monstrueuse grimace qui semblait narguer Philippos. Lui, le fin limier, de quoi s’occupait-il pendant que Marfa se faisait assassiner ? D’une main mal assurée, il ferma les yeux vitreux de la jeune morte. Alors seulement il eut le courage de poser son regard sur sa jupe imbibée de sang…
    À cet instant, il entendit le cri étouffé de Nadia et bondit. Il ne fallait surtout pas qu’elle s’approche du corps ! Il courut vers la jeune fille qui se tenait à une quinzaine de coudées du cadavre, pétrifiée d’horreur, fixant la blessure béante dans le cou de son amie. Il l’étreignit et lui caressa les cheveux quelques instants. Puis il s’assura que le petit vagabond avait disparu et appela à l’aide. Les domestiques accourus lui apprirent que Grom était absent, et Philippos se mit à donner des ordres. Il posta quelques hommes autour de cette partie de la clairière et leur commanda d’empêcher quiconque de toucher au corps. Il envoya aussi deux jeunes serviteurs aux jambes rapides, l’un à la recherche d’Artem, l’autre à la résidence princière pour faire venir les deux Varlets et quelques gardes avec une civière.
    Cherchant Nadia du regard, il la trouva assise à l’écart, en compagnie de sa vieille nounou, pleurant désespérément. Philippos tenta de la renvoyer à la maison, mais elle résista, refusant de quitter son amie morte. Il laissa Fania s’occuper d’elle et s’approcha du cadavre. Un parfum suave s’en exhalait, dominant l’odeur fade

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