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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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sauvage. Il ne craignait ni le droujinnik ni les sbires du Tribunal. Seules les personnes intéressées pouvaient savoir quelque chose sur lui, mais il n’y avait aucun risque qu’elles viennent se confier à Artem !

CHAPITRE XV
    Le même soir, Artem rejoignait Philippos et les Varlets au refuge des quatre sages. Ils étaient installés autour d’un plateau chargé de carafes et de coupes remplies d’hydromel frais. Les torches fixées à la balustrade éclairaient le visage concentré des quatre amis d’une lumière qui vacillait légèrement dans la brise du soir.
    Le droujinnik commença par raconter les circonstances dans lesquelles s’était produit le meurtre de Marfa, mettant l’accent sur les similitudes avec les assassinats de jouvencelles. Puis il résuma son entretien avec Matveï et mentionna l’accident auquel celui-ci avait échappé de justesse. Enfin, il sortit de sa poche le petit paquet que Matveï lui avait remis, déroula l’écharpe brodée au fil d’or d’Anna et tendit aux Varlets le flacon réparé par Boris. Tandis que ces derniers l’examinaient avec curiosité, Philippos, qui avait aussitôt reconnu une aryballe identique à celle qu’il avait ramassée pendant la fête chez Nadia, guettait le moment propice pour montrer sa propre trouvaille.
    En effet, compte tenu de la tournure de plus en plus dramatique que prenaient les événements, il avait décidé de confier sans plus attendre comment il avait découvert le récipient pendant les jeux du Feu nouveau. Mais lorsqu’il plongea la main dans la poche intérieure de son caftan, il constata qu’elle était vide ! Le souffle court, Philippos fouilla fébrilement les autres poches et même la doublure de ses vêtements. Pas de doute : le flacon avait disparu ! Glacé, il se demanda comment cela avait bien pu arriver. Il ne s’était séparé de son caftan que dans le jardin de Nadia. Était-ce Titos, le petit vagabond sans foi ni loi, qui avait dérobé la précieuse fiole grecque ?
    Il inspira profondément pour calmer les battements désordonnés de son cœur et tenta de réfléchir. En admettant que l’enfant ait eu le temps de fureter, pourquoi aurait-il volé un objet qui n’avait aucune valeur à ses yeux ? Il était effrayé et affamé ; dans son état, il n’y avait que la nourriture et l’argent qui pouvaient le tenter. Il avait effectivement chipé quelques petits gâteaux qu’il avait plaqués contre sa maigre poitrine, sous sa tunique élimée. S’il avait dérobé quelque chose d’autre, Philippos s’en serait aussitôt aperçu, car le petit ne pouvait dissimuler grand-chose à travers le tissu usé.
    La conclusion s’imposait : c’était Nadia qui lui avait joué ce mauvais tour ! À cause de cette diablesse, Philippos se trouvait dans une situation plus qu’embarrassante, qui pouvait conduire à des conséquences imprévisibles ! Il s’efforça de se ressaisir et feignit d’examiner le flacon.
    — Comment l’appelle-t-on déjà, cette fichue fiole grecque ? s’enquit Mitko en le poussant du coude.
    — Une aryballe, répondit-il en espérant que sa voix ne trahissait pas son trouble.
    — C’est notre premier indice important depuis le début de cette sanglante affaire, souligna Artem. À l’évidence, l’apothicaire Klim a fourni au meurtrier élixir et flacons. Je suppose que notre homme tient à se servir du même aphrodisiaque et du même récipient avec chacune de ses victimes, cela fait partie de ses besoins de maniaque.
    — La petite enquête que nous avons menée avec Mitko va dans le même sens, confirma Vassili. Ce flacon correspond trait pour trait à celui qui a été utilisé par l’assassin d’Oulita la blanchisseuse. Nous avons interrogé son père, Oufim, potier de son état.
    — Un soudard dépourvu de scrupules et sans cœur ! précisa Mitko. Au lieu de pleurer la mort de sa fille, il la rend responsable de tout. À l’entendre, c’était une catin qui n’a eu que ce qu’elle méritait. Mais moi, je te dis, boyard : si la pauvrette a mal tourné, c’est à cause de cette outre à vin !
    Vassili réprima un soupir d’agacement.
    — Il ne s’agit point de ce vaurien mais de l’aryballe. Tâche au moins de retenir ce mot au lieu de jacasser comme une pie ! Bref, le père de la blanchisseuse a découvert exactement la même fiole près du corps de sa fille. Il nous en a fait une description assez précise. Malheureusement, il ne l’a plus en

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