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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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paré comme une châsse. Un de ces courtisans tout juste bon à faire des ronds de jambe et à débiter des politesses. Qu’est-ce que je peux dire d’autre ?
    Ni l’exaspération de Philippos ni la patience d’Artem ne servirent à rien : Fania pleurait à chaudes larmes mais ne se rappelait que l’attirail fastueux et les manières affectées du visiteur. Artem finit par ordonner à un garde d’escorter la nourrice chez elle. Un autre partit chercher les Varlets, tandis que le droujinnik s’efforçait de calmer Philippos.
    — L’homme qui a enlevé Nadia n’a rien à voir avec le meurtrier ! Ce dernier agit dans l’ombre, il n’aurait jamais pris le risque d’attirer l’attention sur lui en commettant un rapt. Voyons, calme-toi ! Il ne s’agit point d’un dangereux criminel mais d’un jeune noble insolent, aussi écervelé que la fille de Grom !
    — Ne peux-tu pas oublier un instant tout ce que tu reproches à Nadia ? lança Philippos avec irritation.
    — Au contraire ! C’est quand je pense à son comportement habituel que je me sens rassuré à son sujet. Rappelle-toi ses manières d’aguicheuse…
    — Qu’est-ce que ça a à voir avec son enlèvement ? coupa le garçon, de plus en plus énervé.
    — Sans le vouloir, elle a sans doute provoqué elle-même cet incident. Cette jouvencelle aime à taquiner, à provoquer…
    — C’est trop fort ! s’indigna Philippos. Dis tout de suite que c’est sa faute ! Et d’ailleurs, crois-tu qu’elle ne court aucun danger pour autant ?
    Artem le lui assura, mais le garçon trouva que son ton manquait de conviction. C’est alors que les Varlets les rejoignirent, et Artem résuma les faits à leur intention. N’y tenant plus, Philippos déclara qu’il allait s’élancer sur-le-champ à la poursuite du ravisseur.
    — Fania a vu l’équipage tourner pour prendre la direction de la grand-rue. C’est le chemin le plus court qui mène à la porte sud. Je vais donc suivre cette piste.
    — S’ils ont quitté la ville, tu n’auras aucun moyen de les retrouver, objecta Vassili.
    — Si, car j’aurai leur signalement. Je demanderai aux gardes postés à la tour de guet de me décrire tous les voyageurs qui ont franchi la porte sud après le coucher du soleil. J’espère que les sentinelles ont l’œil plus aiguisé que la vieille Fania, ajouta-t-il d’un air lugubre. Sinon, Vladimir devra réformer son armée !
    — Ce ne sont pas les soldats qui te renseigneront sur la destination finale du ravisseur, fit valoir Mitko. Comment savoir ce qu’il a en tête ?
    — Il a sans doute prévu d’amener Nadia sur ses terres, supposa Philippos. Or les gardes voient souvent passer les jeunes boyards qui se rendent sur leur propriété. Ils m’aideront à identifier ce coquin. Du reste, il me suffira de savoir s’il a pris la grand-route ! Nous disposons ici des meilleurs destriers du prince. Avec une telle monture, j’ai une bonne chance de les rattraper.
    Il pivota sur ses talons et se précipita vers les écuries.
    — Inutile que je participe à cette équipée, décida Artem en se tournant vers les Varlets. Je compte sur vous pour veiller sur cette tête brûlée. Il est capable de s’attirer des dangers bien plus graves que ceux qui menacent cette demoiselle en détresse.
    Tandis que Mitko et Vassili emboîtaient le pas à Philippos, le droujinnik alla s’enfermer dans son cabinet de travail. Il tira de sa poche l’aryballe réparée et la posa sur la table devant lui. Puis il déroula un carré d’écorce de bouleau vierge, choisit une plume de roseau et entreprit de noter les nouveaux éléments de l’enquête. Le souvenir de sa brève visite chez Igor lui revint. Il ne doutait pas que le boyard utilisait régulièrement le Sang d’Aphrodite. Mais ses goûts excentriques ne suffisaient pas pour qu’on le soupçonne. Qu’il fût fidèle à Svetlana ou pas, il ne ressemblait guère au meurtrier. Comment imaginer un assassin pervers et brutal, empli d’une haine féroce envers les femmes, sous les traits de ce jouisseur indolent ? Car le sentiment de haine dénaturée qui animait le meurtrier était bien la clé de toute l’affaire.
    Artem reposa sa plume et sortit d’un tiroir secret son talisman, la pierre varègue. En bon chrétien, il ne croyait point à la puissance magique de cette relique, bien qu’elle l’aidât souvent à éclaircir ses pensées. Mais cette fois, elle ne lui fut d’aucun secours,

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