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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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côtés, chercha à l’apaiser, l’implora d’être forte :
    — Il faut que tu vives, pour moi, lui chuchota-t-il.
    Cessant de lutter, elle se cacha le visage contre la poitrine de son frère, comme pour ne pas voir ce qui se préparait. Il la tint tandis que le médecin pratiquait plusieurs entailles vers la cheville et le dessus du pied, jusqu’à ce qu’il estime qu’elle avait perdu suffisamment de sang.
    Avant de repartir, César l’embrassa et lui promit de revenir bientôt, car il vivait désormais à Cesena, à quelques heures seulement de Ferrare.
    Lucrèce survécut. Elle guérit peu à peu au cours des semaines qui suivirent. Elle avait cessé de suer, sa fièvre était tombée, elle était sortie de ses torpeurs, de ces sommeils sans rêve qu’elle retrouvait chaque nuit. Elle retrouva la santé – mais son enfant était mort.
    Ce n’est qu’en pleine nuit qu’elle le pleurait. Ruminer son chagrin, c’était perdre son temps – et de toute façon il y avait déjà eu suffisamment de souffrances dans sa vie. Si elle pouvait tirer le meilleur parti de ce qui lui était donné, et faire le bien, il lui faudrait penser à ce qui serait à sa portée, non à ce qu’elle ne pourrait changer. C’est ainsi qu’elle trouva le chemin de la vertu.
    Au bout d’un an à Ferrare, elle avait gagné le respect et l’affection de ses sujets, mais aussi de toute la famille d’Este. Ercole lui-même fut le premier à apprécier sa vive intelligence, qu’il jugeait supérieure à celle de ses fils, et sollicitait souvent ses conseils sur de nombreuses questions d’État.

27
    Geoffroi et Sancia dormaient paisiblement dans leurs appartements du Vatican quand, sans prévenir ni donner d’explication, plusieurs gardes pontificaux firent irruption et tirèrent la jeune femme du lit. Elle se débattit vigoureusement tandis qu’il s’écriait :
    — C’est un scandale ! Mon père vous châtiera !
    — C’est lui-même qui en a donné l’ordre, répondit l’un des hommes, un peu gêné.
    Geoffroi se rua chez Alexandre, qu’il trouva à son bureau :
    — Père, que signifie tout ceci ?
    Le pape leva les yeux et répondit d’un ton sec :
    — Je pourrais répondre que c’est dû à la morale relâchée de ton épouse, ou à ton incapacité à lui faire entendre raison. Mais, cette fois-ci, cela n’a rien de personnel. Il semble que je ne puisse faire comprendre au roi de Naples à quel point les Français s’intéressent à son royaume : il a préféré s’allier avec l’Espagne. Le roi de France m’a demandé de faire quelque chose, j’ai obéi pour témoigner de ma bonne foi.
    — Mais Sancia n’a rien à voir avec tout cela ! Elle n’a jamais eu aucun rôle politique !
    — Geoffroi, cesse de te comporter en eunuque ! lança Alexandre, agacé. L’avenir de ton frère est en jeu, et celui de la papauté en dépend. La France est en ce moment notre alliée la plus puissante.
    Les yeux de Geoffroi étincelèrent :
    — Père, je ne peux permettre une chose pareille ! De quoi aurais-je l’air si je ne peux empêcher que ma femme soit jetée dans un cul-de-basse-fosse ?
    — Qu’elle envoie un message au roi, son père, en lui disant qu’elle a besoin d’aide.
    Geoffroi préféra détourner la tête – son père aurait vu la haine qu’on lisait sur son visage.
    — Père, je te le demande encore une fois : libère ma femme, sinon ce sera la fin de mon mariage, et je ne peux l’accepter.
    Le pape parut perplexe. Tout cela ne voulait rien dire ! Sancia leur avait créé des ennuis depuis le jour de son arrivée, et son nigaud de fils n’avait rien tenté pour lui faire entendre raison. Et il osait lui dire comment diriger l’Église ! Quelle arrogance !
    Mais Alexandre préféra faire entendre la voix de la raison, et c’est sans émotion qu’il répondit :
    — Comme tu es mon fils, je te pardonnerai ton insolence. Mais, si jamais tu me parles encore de cette façon, et pour quelque raison que ce soit, je ferai planter ta tête sur une pique, en jurant que tu es un hérétique ! Me fais-je bien comprendre ?
    — Combien de temps ma femme sera-t-elle emprisonnée ?
    — Demande au roi de Naples ! C’est à lui d’en décider. Dès qu’il acceptera de laisser Louis XII prendre la couronne de Naples, elle sera libre.
    Geoffroi fit demi-tour et allait sortir quand son père lança :
    — Dorénavant, tu seras gardé jour et nuit, pour te protéger de toute

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