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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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Pesaro rejoindre ton époux, lui déclara-t-il.
    S’agenouillant aussitôt, elle s’écria :
    — Mais père, comment pourrais-je te quitter ? Comment pourrais-je quitter mes frères, Adriana, Julia ? Comment vivre si loin de la ville que j’aime ?
    En temps normal, il aurait consenti à discuter ; mais vu les circonstances, il insista :
    — Adriana et Julia t’accompagneront à Pesaro, ma chère enfant. Nous échangerons des messages tous les jours, qu’aucun de nous deux ne se sente seul.
    Lucrèce se redressa, le regard enflammé :
    — Je préfère mourir de la peste à Rome plutôt que de vivre là-bas avec Giovanni ! Il est impossible ! Il ne me regarde jamais, me parle à peine, et toujours pour se rengorger, ou m’ordonner de faire quelque chose dont je n’ai pas envie !
    Alexandre la serra contre lui et tenta de la consoler :
    — N’avons-nous pas déjà parlé de cela ? Nous devons consentir à bien des sacrifices pour assurer le bonheur de notre famille et la puissance de Dieu sur terre ! Julia m’a dit que tu vénérais sainte Catherine. Crois-tu qu’elle se serait dérobée à l’appel du Père céleste, dont après tout je suis le représentant sur terre ?
    Elle le regarda d’un air boudeur :
    — C’était une sainte et je ne suis qu’une femme. Je n’ai pas à suivre son exemple. Que je sois la fille du pape ne doit pas me contraindre au martyre !
    Une lueur passa dans les yeux d’Alexandre. Peu d’hommes auraient pu résister aux arguments de sa fille ; et son refus de le quitter l’attendrissait.
    Il prit sa main :
    — Moi aussi, mon enfant, je dois faire bien des sacrifices à Dieu, car il n’y a personne en ce monde que j’aime plus que toi.
    — Même pas Julia ? demanda-t-elle timidement.
    Il se signa :
    — Je jure devant Dieu que c’est toi que j’aime le plus.
    Elle se jeta à son cou :
    — Père ! Promets-tu de m’envoyer lettre sur lettre, sans jamais t’arrêter ? Et de me faire revenir, quand je ne pourrai plus supporter d’être là-bas ? Sinon, je mourrai de désespoir, et plus jamais tu ne me reverras !
    — Je te le promets ! Réunis tes dames de compagnie, je vais informer ton époux que tu pars sur-le-champ pour Pesaro. Elle s’agenouilla pour baiser son anneau, puis demanda :
    — Qui prévient Julia ? Toi ou moi ?
    Il sourit :
    — Tu peux t’en charger, répondit-il en prenant un air faussement sérieux. Maintenant, va…
    À l’issue d’un voyage de cinq jours, les trois femmes et leurs serviteurs parvinrent à Pesaro sous une pluie battante. Lucrèce en fut déçue, car elle comptait faire bonne impression à son arrivée : après tout, elle était la duchesse ! Avec une naïveté d’enfant, elle aurait voulu goûter l’admiration et l’affection de ceux qui étaient désormais ses sujets.
    Leur petit groupe – elles et leur suite à cheval, accompagnées par des carrioles où s’entassaient des biens précieux – avait suivi une simple route de terre battue, au milieu, il est vrai, d’un paysage magnifique. Michelotto et plusieurs hommes d’armes les accompagnaient pour les protéger de toute agression ; mais chaque soir, vers le crépuscule, ils devaient s’arrêter et passer la nuit sur place. Les endroits où loger demeuraient rares, et plus d’une fois ils avaient dû dresser un camp de fortune.
    Quelques heures avant leur arrivée à Pesaro, Lucrèce demanda à ses compagnons de s’arrêter, pour que Julia et elle puissent se préparer. Son visage et sa chevelure avaient souffert des intempéries, ses chaussures et sa robe étaient tachées de boue. Elle demanda à ses suivantes d’essuyer ses cheveux avec des linges, puis de les enduire d’un baume qui en soulignerait les reflets dorés Mais, comme elle s’apprêtait à revêtir une autre robe, elle fut brusquement prise de vertige et dut s’appuyer sur l’épaule de l’une de ses dames de compagnie :
    — J’ai pris froid ! soupira-t-elle.
    Adriana parut inquiète : les joues de Lucrèce montraient qu’elle avait la fièvre.
    — Tu es malade ? demanda-t-elle.
    Lucrèce sourit, mais il y avait dans ses yeux une lueur inquiétante, et elle avait la chair de poule :
    — Je me sens bien. Dès que nous serons arrivées et que j’aurai pris une boisson chaude, je suis certaine que tout ira pour le mieux. Mettons-nous en route : on doit avoir prévu des festivités, et il ne faut pas avoir l’air trop épuisées devant le peuple !
    Toutefois,

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