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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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impressionnant que possible, se coiffant de la triple tiare d’or, d’une mitre surmontée d’une croix étincelante, et se passant autour du cou un grand crucifix orné de joyaux.
    Charles VIII était roi de France, la nation la plus puissante de la chrétienté ; mais c’était un homme de très petite taille, presque un nain. Il ne chaussait que des bottes à semelles compensées et semblait vouloir se dissimuler dans de volumineux vêtements qui avaient toutes les couleurs de l’arc en ciel. Il fut si stupéfait de l’apparence d’Alexandre qu’il en resta bouche bée.
    Et c’est ainsi, dans ces jardins remplis de roses, qu’Alexandre entreprit de négocier pour sauver Rome.
    Le lendemain, les deux hommes se rencontrèrent de nouveau, cette fois dans la salle des Papes. Le souverain pontife savait que cela lui donnerait l’avantage : Charles y verrait forcément un lieu saint, le plus sacré de tous.
    Alexandre imposa un préambule qui interdirait à Charles VIII de le déposer : « Notre Saint-Père le pape sera le père bienveillant du roi de France, et celui-ci demeurera son fils soumis. »
    Après quoi, il fut temps de passer aux choses sérieuses. Le pape permettait aux troupes françaises de traverser librement les États pontificaux, et leur fournirait du ravitaillement. En bref, si Charles réussissait à s’emparer de Naples, Alexandre lui donnerait la bénédiction de l’Église. Pour garantir la bonne application de l’accord, il remettrait en otage au roi son fils César, qui recevrait le pouvoir de couronner le monarque une fois la conquête achevée.
    Le prince Djem serait également remis à Charles, le pape conservant toutefois les quarante mille ducats versés chaque année par le sultan de Turquie. Le roi de France comptait en effet se servir de lui lors de sa croisade contre les Infidèles, que le prince captif pourrait démoraliser.
    Et Charles VIII désirait par-dessus tout qu’Alexandre le reconnaisse officiellement comme chef de la croisade. Le pape y consentit – à condition que le monarque lui jure obéissance et déclare voir en lui le véritable vicaire du Christ. Au demeurant, le roi ne serait reconnu qu’après avoir conquis le royaume de Naples.
    Charles VIII s’inclina à plusieurs reprises, baisa l’anneau du Saint-Père et dit :
    — Je jure obéissance à Votre Sainteté, comme tous les rois de France, et reconnais en Elle le pontife de tous les chrétiens, le successeur de saint Pierre.
    Alexandre se leva, saisit le bras du roi et déclara :
    — Je vous accorderai trois faveurs.
    C’était en effet la coutume : un vassal qui jurait obéissance à un nouveau souverain avait le droit de les réclamer. Bien entendu, celles-là avaient été négociées au préalable, pour éviter toute impression de marchandage.
    — Je vous demande de confirmer ma lignée dans tous ses privilèges royaux et de décréter que nous régnons de par la volonté de Dieu. En second lieu, je désire que vous bénissiez mon expédition vers Naples. Enfin, je réclame que vous nommiez cardinaux trois de mes candidats, et que vous permettiez au cardinal Della Rovere de résider en France.
    Alexandre y consentit sans difficulté. Ravi, le roi se tourna vers ceux qui l’accompagnaient et fit venir auprès de lui un homme maigre et sec, au long visage et au regard chagrin.
    — Votre Sainteté, j’aimerais vous présenter Simon de Pavie, mon médecin et astrologue. Ce qu’il a lu dans les astres m’a convaincu de rejeter les exigences du cardinal Della Rovere, et de placer toute ma confiance en vous.
    Le pape sourit intérieurement. Il triomphait : presque réduit à l’impuissance, il avait réussi à négocier une paix raisonnable.
    Dans la soirée, il convoqua César dans ses appartements, pour lui expliquer en détail la nature de l’accord passé avec Charles VIII.
    Bien que gagné par la colère, son fils s’inclina en silence. Étant cardinal et fils du pape, il faisait un otage tout trouvé. Juan ne pouvait l’être : il serait bientôt commandant en chef de l’armée pontificale. Au demeurant, la situation ne présentait pas de véritable danger ; mais César était furieux de se voir rappeler qu’il n’était jamais qu’un pion sur l’échiquier, soumis aux caprices des autres.
    Alexandre s’assit sur le coffre placé au pied de son lit. Le Pinturicchio l’avait orné de décorations superbes ; il abritait gobelets, vêtements de nuit, parfums, essences rares

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