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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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à ses compagnons.
    Ils burent à leur santé tout en contemplant les étoiles. Bientôt les deux jeunes gens se mirent à bâiller. Leur souhaitant bonne nuit, César rentra dans sa tente, où il replaça dans sa cachette le sachet que Noni lui avait donné. Puis il attendit.
    Vingt minutes plus tard, il jeta un coup d’œil dehors et constata que les deux gardes dormaient à poings fermés.
    Marchant à pas de loup, il longea les tentes jusqu’à l’endroit où les chevaux étaient attachés. Un autre garde se trouvait là, lui tournant le dos. César se glissa derrière lui en silence, lui ferma la bouche d’une main puis, de l’avant-bras, lui écrasa la gorge et le cou. L’homme perdit conscience presque aussitôt.
    César eut tôt fait de retrouver son cheval, qu’il mena à la sortie du camp en s’efforçant de ne faire aucun bruit. Puis il le monta – à cru, comme il l’avait fait si souvent au Lac d’Argent. Une fois sur la route, il partit à toute allure à travers la nuit en direction de Rome.
    Le lendemain matin, après avoir pris un bain et changé de vêtements, il fut conduit dans le bureau de son père. Alexandre vint l’accueillir, larmes aux yeux, et le serra dans ses bras avec une telle force que César en fut surpris.
    — Mon fils ! s’exclama-t-il. Tu ne peux imaginer quelle torture j’ai subie ces derniers jours ! Grâce à toi, j’ai échappé au plus terrible choix que j’aie jamais eu à faire. Je savais que le roi Charles considérerait la sainte ligue comme une rupture de nos accords, et je craignais pour ta vie. C’est bien l’une des rares fois de mon existence où j’ai été tourmenté par l’indécision. Devais-je renoncer à mes plans et sacrifier les territoires et le pouvoir de l’Église ? Ou bien les mettre en œuvre, au risque de menacer la vie de mon fils ?
    Voir son père à ce point agité amusa fort César :
    — Et qu’as-tu décidé ? demanda-t-il d’un ton badin.
    — Cela n’a plus d’importance ! répondit le pape en souriant. Tu es là et mon dilemme est résolu !
    Quand Charles VIII apprit la fuite de César, il réagit moins violemment qu’Alexandre ne l’aurait cru. Le pape comprit pourquoi à mesure que se succédaient les événements.
    Les troupes françaises avaient occupé Naples sans coup férir et Alfonso, après avoir abdiqué, s’était enfui. Ayant gagné, rêvant toujours à sa croisade, le roi Charles ne songeait plus guère à s’inquiéter de l’évasion de César : il y avait à Naples bien trop de plaisirs à savourer.
    Mais le pape, de son côté, avait désormais les mains libres. Naples ne risquant plus d’envahir Milan, le More était de nouveau disposé à s’allier avec Rome. Des troupes milanaises et vénitiennes se rassemblèrent donc dans le Nord : elles feraient leur jonction avec celles du roi d’Espagne, qui débarqueraient en dessous de Naples et remonteraient le long de la péninsule.
    Alexandre convoqua César et Duarte Brandao pour discuter avec eux de sa stratégie militaire et de la sainte ligue.
    — Père, dit César, ne crois-tu pas que le roi Charles se jugera offensé à l’idée que tu as rompu ta parole ?
    Le pape parut perplexe, puis fronça les sourcils :
    — Rompu ma parole ? Que veux-tu dire ? J’ai simplement juré de ne pas l’empêcher de conquérir Naples. Jamais je n’ai dit que je lui permettrais de la conserver !
    Duarte sourit :
    — C’est là une subtilité que le jeune roi, j’en ai peur, ne pourra comprendre.
    — Ton idée, reprit César, est que les troupes de la sainte ligue interdisent toute retraite aux armées françaises qui, prises entre elles et celles du roi d’Espagne, seront écrasées entre le marteau et l’enclume ?
    Duarte intervint :
    — Mais si les Français, échappant aux Espagnols, remontaient sur Rome ?
    — Alors, s’ils s’y installaient, ne serait-ce que pour quelques jours, ils pourraient piller la ville et y causer des dommages considérables, convint Alexandre d’un ton pensif.
    — Et je ne crois pas que, cette fois, le roi Charles les en empêcherait, dit Duarte.
    César réfléchit :
    — Il faut qu’il comprenne que s’il veut posséder Naples, il doit te convaincre de rompre avec la sainte ligue. Il faudra que tu le couronnes et que tu lui accordes ta bénédiction, car après tout tu es le suzerain du royaume.
    Alexandre fut impressionné par les talents d’analyse de son fils, tout en sentant bien qu’il ne

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