Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
Vom Netzwerk:
sauter en l’air, frappé par la foudre. Il se couvrit les oreilles de ses deux mains, comme s’il ne voulait pas entendre ; mais, de toute évidence, il se concentrait et essayait de trouver une réponse. Puis il s’apaisa d’un coup :
    — Merci, Saint-Père. Mais il faudra que vous veniez en personne à Venise pour consacrer son église, et présider aux cérémonies.
    — C’était bien mon intention, répondit Alexandre. Un pape n’est rien en comparaison d’un saint. Nous allons prier pour qu’elle intercède en notre faveur auprès de Dieu.

17
    Ce matin-là, César se leva plein d’enthousiasme. Il allait se présenter devant le consistoire réuni par le pape afin de « considérer » s’il pouvait renoncer à son chapeau de cardinal, et être libéré de ses vœux ecclésiastiques.
    La commission ne comptait pas moins de quinze membres. Il n’y eut que deux absents : un cardinal espagnol souffrait de malaria et un cardinal italien était tombé de cheval.
    Les autres n’avaient jamais eu l’occasion d’examiner une requête de ce genre ; l’accession au cardinalat était le rêve de tout homme d’Église. C’était s’élever très haut dans la hiérarchie, s’assurer l’estime générale des humbles comme des puissants. Tous les présents y avaient consacré de longues années de patience et de prières, n’hésitant pas, au besoin, à commettre plus d’un péché. La demande de César leur paraissait donc surprenante, voire impertinente : renoncer volontairement à la pourpre, c’était offenser leur honneur.
    Ils étaient assis, l’air pincé, dans la salle de la Foi, vêtus de leurs plus beaux atours, le visage pâle, figé, lointain.
    César se leva :
    — Je suis venu me présenter devant vous pour que vous compreniez pleinement pourquoi je compte solliciter votre indulgence. Mon père, Sa Sainteté Alexandre VI, a fait un choix pour moi avec les meilleures intentions du monde. Mais ce ne fut jamais le mien, et je crains que ce ne soit pas ma vocation.
    Les cardinaux se regardèrent, surpris d’une telle franchise. Il poursuivit :
    — Je veux commander l’armée pontificale, défendre l’Église et Rome. Il me faut également ajouter que je désire me marier et avoir des enfants légitimes. Telle étant ma conviction, je vous demande humblement de me libérer de mes vœux.
    L’un des cardinaux espagnols protesta :
    — Permettre une telle chose pourrait être dangereux ! Que se passerait-il si, devenu prince, César Borgia décidait de former de nouvelles alliances, de servir un nouveau roi, devenant un ennemi de l’Église et de l’Espagne ?
    Alexandre demeura impassible. Le consistoire savait quelle était son opinion sur la question ; mais ses membres se tournèrent vers lui, comme pour demander confirmation. Il déclara donc :
    — Mon fils ne fait cette requête que pour le salut de son âme. Il m’a avoué que sa véritable vocation était de se marier et de combattre, non d’être un homme d’Église. Ses appétits, son goût des plaisirs profanes ont déjà causé bien des scandales, car il ne semble pouvoir dominer ses passions. Et nous devons bien admettre qu’ainsi il ne sert pas au mieux Rome et l’Église. De surcroît, il ne faut pas oublier qu’après sa démission, trente-cinq mille ducats de terres et de bénéfices reviendront à la papauté. Nous avons pour tâche de sauver les âmes, et c’est pourquoi je pense qu’il nous faut accepter cette requête.
    Le vote fut unanime ; la perspective des trente-cinq mille ducats avait dissipé tous les doutes.
    À l’issue d’une brève cérémonie, le pape autorisa donc son fils à renoncer à ses vœux et à se marier, non sans lui accorder sa bénédiction.
    César Borgia ôta donc sa cape et son chapeau, s’inclinant devant les cardinaux et le pape son père. Puis, la tête haute, il quitta la salle. Un vif soleil répandait partout sa lumière dorée. Une vie nouvelle allait commencer.
    Alexandre ressentit d’abord un profond chagrin : il avait bâti toute sa vie sur l’espoir qu’un jour César serait pape.
    Désormais, Juan était mort et il avait besoin d’un général pour diriger les troupes pontificales. Le pape se soumit donc à la volonté divine et accepta la décision de son fils.
    Il se sentait pourtant déprimé, ce qui ne lui ressemblait guère. Il se dit qu’il lui fallait se détendre un peu. Un bon massage ferait l’affaire ; les plaisirs du corps le mettaient

Weitere Kostenlose Bücher