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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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toujours de bonne humeur.
    Appelant Duarte Brandao, il le prévint que toute audience imprévue aurait lieu dans son salon, ajoutant que son médecin personnel lui avait prescrit un long massage.
    Il s’y trouvait depuis moins d’une heure quand son fidèle conseiller entra :
    — Votre Sainteté, quelqu’un demande à vous voir en affirmant que c’est une question de grande importance.
    Simplement couvert d’une serviette de coton, le pape, allongé, ne leva même pas la tête :
    — Ah, Duarte, quand ces jeunes femmes en auront fini avec moi, il faudra vraiment qu’elles s’occupent de toi ! Cela chasse le démon de ton corps, et apporte à ton âme des lumières nouvelles.
    — D’autres moyens me paraissent plus efficaces, répondit Brandao en riant.
    — Et qui souhaite donc être reçu en audience ?
    — Georges d’Amboise, l’ambassadeur français. Voulez-vous que je lui dise d’attendre que vous soyez vêtu ?
    — Dis-lui que, si c’est vraiment important, il devra me voir tel que je suis ! Je ne vois pas pourquoi je m’interromprais : après tout, le pape lui-même doit avoir l’occasion d’honorer le temple de son corps, car c’est une création de Dieu !
    — La théologie n’est pas mon fort, dit Duarte. Mais je vais l’introduire : les Français sont rarement choqués par les plaisirs de la chair.
    C’est donc étendu, nu, sur une table de massage, entouré de deux accortes jeunes femmes massant son dos et ses jambes, qu’Alexandre accueillit l’ambassadeur. Duarte, qui s’amusait fort, s’éclipsa après l’avoir fait entrer.
    Georges d’Amboise était un homme raffiné, volontiers cynique : le spectacle le laissa pourtant sans voix. Mais, en diplomate aguerri, il demeura impassible.
    — Vous pouvez parler sans crainte, dit le pape : elles n’y feront aucune attention.
    — Les instructions de mon roi sont très strictes : seule Votre Sainteté doit entendre ce que j’ai à dire.
    Agacé, Alexandre congédia ses masseuses et, se redressant, se leva. L’ambassadeur préféra détourner les yeux.
    — D’Amboise, vous autres Français avez un tel goût du secret ! Pourtant nous sommes informés de toutes les rumeurs. Votre cour ne peut rien dissimuler, comme d’ailleurs la nôtre. Mais désormais nous sommes seuls ; vous pouvez parler.
    Aborder des questions de grande importance devant un pape entièrement nu fut pourtant impossible à d’Amboise, qui se mit à bégayer.
    — Et on dit les Français si libres d’esprit ! lança Alexandre, sarcastique. Je vais donc m’habiller, que vous cessiez de bavasser.
    Peu de temps après, vêtu de pied en cap, il fit entrer le visiteur dans son cabinet de travail.
    — Le roi Charles est mort, dit d’Amboise. Par accident : il s’est cogné la tête contre une poutre et a perdu conscience. Quelques heures plus tard, il était décédé, en dépit de l’intervention de ses médecins. Son parent, Louis le Douzième, va monter sur le trône, et me charge de vous informer qu’il entend faire valoir ses droits sur Naples comme sur Milan.
    Le pape réfléchit un instant, puis fronça les sourcils :
    — Il réclame les deux royaumes ?
    — En effet, Votre Sainteté. Il a sur eux des droits qu’on ne peut nier. Mais soyez certain qu’il n’entend nullement porter tort aux intérêts de l’Église.
    — Vraiment ? s’exclama Alexandre en feignant la surprise. Et comment pourrais-je en être certain ?
    — J’espérais que vous accepteriez ma parole et celle de mon roi.
    — Que désire-t-il de moi ? Car il veut forcément quelque chose, faute de quoi vous ne seriez pas venu m’apprendre tout cela.
    — Il désire une chose que seule Votre Sainteté peut lui assurer. Il est marié à Jeanne de France et m’a demandé de vous faire savoir qu’il n’est pas heureux de cette union.
    — On le serait à moins, répondit le pape, amusé. Avoir épousé la fille bossue de Louis le Onzième ! Rien de surprenant à cela ! Je dois pourtant dire qu’il me déçoit ; j’attendais mieux de lui. Il n’est pas aussi charitable que je l’aurais cru.
    La remarque offensa l’ambassadeur, qui répondit d’un ton froid :
    — Ce n’est pas une question de beauté, Saint-Père, je puis vous l’assurer. Le mariage n’a jamais été consommé, et le jeune roi désire un héritier.
    — Songe-t-il déjà à une autre épouse ? demanda Alexandre, qui pensait connaître la réponse.
    L’ambassadeur acquiesça d’un signe de

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