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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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renforcer sa position en côtoyant amis et ennemis. L’expression d’un visage, le ton d’une voix lui en apprendraient davantage que toutes les lettres du monde.
    Une fois convaincu que son opposition au pape ne le mènerait nulle part, Della Rovere entreprit de se réconcilier avec lui. La mort de Juan Borgia lui en donna l’occasion : il écrivit une lettre de condoléances à Alexandre qui, accablé de chagrin, en fut profondément ému. Dans sa réponse, il le remercia chaudement et annonça qu’il faisait de lui le légat du pape en France. Car, malgré sa douleur, Alexandre n’ignorait pas que Della Rovere gardait beaucoup d’influence et que, peut-être, il devrait faire appel à lui un jour.
    César reçut enfin une invitation du roi Louis XII à venir lui rendre visite à Chinon. Bien entendu, il lui apporterait la dispense papale à laquelle le roi tenait tant. Il n’aurait plus qu’un problème à résoudre, mais de taille : convaincre la princesse Rosetta de l’épouser.
    Avant son départ, le pape le convoqua dans ses appartements et, après l’avoir serré dans ses bras, lui tendit un parchemin portant un sceau de cire rouge :
    — Cette dispense annule le mariage du roi et lui permet de prendre pour femme la reine Anne de Bretagne. C’est une question politique de la plus haute importance : s’il ne peut l’épouser, toute l’Armorique échappera au contrôle du souverain, ce qui porterait un coup fatal à ses rêves de grandeur.
    — N’aurait-il pas pu s’y prendre plus simplement ? demanda César.
    Alexandre sourit.
    — Si Jeanne est contrefaite, elle ne manque pas de cran et elle a l’esprit vif. Elle a trouvé des témoins qui ont juré avoir entendu son mari se vanter publiquement de l’avoir montée plus de trois fois lors de leur nuit de noces. Il affirme bien avoir eu moins de quatorze ans à l’époque, soit en dessous de l’âge du consentement, mais personne ne semble vouloir confirmer sa date de naissance.
    — Et comment as-tu résolu le problème ?
    — Ah, être pape est une véritable bénédiction. Je juge de son âge, selon ce que je pense être vrai, et déclare faux tout témoignage contraire.
    — Et que dois-je emporter d’autre en France ?
    — Le chapeau de cardinal pour notre ami d’Amboise. Il y tient désespérément – pour quelles raisons, seul Dieu et sa maîtresse le savent !
    Alexandre serra son fils dans ses bras.
    — Je serai bien seul, sans toi ! Mais j’ai veillé à ce que tu sois bien reçu en France : mon légat, ce cher cardinal Della Rovere, sera là pour t’accueillir et te protéger de tout danger. Je lui ai enjoint de te défendre et de te traiter comme un fils.
    Et c’est ainsi qu’en octobre, quand César, accompagné d’un énorme entourage, débarqua à Marseille, le cardinal Della Rovere était là pour l’accueillir. César était vêtu de velours noir et de brocart d’or constellé de joyaux et de diamants, son chapeau s’ornait de plumes blanches, ses chevaux avaient des fers d’argent – autant de richesses qui avaient un peu mis à mal les finances pontificales.
    Le cardinal le serra dans ses bras et dit :
    — Mon fils, je suis ici pour veiller à votre confort. Si vous désirez quoi que ce soit, soyez certain que je vous l’offrirai.
    Della Rovere avait déjà convaincu le conseil d’Avignon d’accueillir dignement l’envoyé du pape, par une grandiose réception qui serait financée par un emprunt.
    Le lendemain, César se surpassa encore. Il était encore vêtu de velours noir, cette fois sur un pourpoint blanc inondé de perles et de rubis. Sa monture, un étalon gris pommelé, portait une selle, une bride et des étriers couverts d’or. Vingt joueurs de trompette aux tuniques écarlates et montés sur des chevaux blancs le précédaient ; il était suivi de cavaliers suisses en uniformes rouge et or. Venaient ensuite les trente gentilshommes qui le servaient, puis une foule de pages et de serviteurs, des musiciens, des jongleurs, des ours, des singes, soixante-dix mules portant sa garde-robe ainsi que les présents destinés au roi et à sa cour.
    Avant son départ de Rome, Brandao l’avait pourtant mis en garde contre de tels excès, lui disant qu’un tel étalage de richesses ne saurait impressionner les Français. Mais César restait convaincu du contraire.
    Della Rovere lui fit traverser la ville, parsemée de bannières et d’arcs de triomphe décorés à grands frais. Tout le monde

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