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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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accueillit le fils du pape en prince royal ; il fut inondé de pièces d’argenterie offertes en cadeaux, puis conduit à l’hôtel de ville pour une somptueuse réception.
    Le cardinal avait pris soin d’inviter quelques-unes des plus belles femmes de la ville, car chacun savait qu’il appréciait leur compagnie. Fastueux banquets et pièces de théâtre se succédèrent matin et soir, plusieurs jours durant.
    Pendant les deux mois qui suivirent, il en alla de même dans chaque ville qu’il traversa : César assista à toutes les fêtes, paria sur toutes les courses de chevaux et disputa un nombre incalculable de parties de cartes.
    L’automne était froid, il soufflait des vents âpres, avec parfois de la grêle. Mais partout César attira des foules nombreuses. L’humilité n’avait jamais été son fort ; il y vit un signe de leur adoration et se sentit plein d’un pouvoir nouveau. Il devint donc un peu trop sûr de lui, voire arrogant, ce qui lui aliéna les Français qui auraient pu l’aider.
    Quand il parvint à la cour, installée à Chinon, le roi de France était furieux : il attendait avec impatience l’annulation de son mariage, sans savoir si le pape avait ou non consenti à satisfaire sa requête.
    Les mules de César lui firent le plus grand tort. Ornées d’étoffes rouge et or portant le taureau des Borgia et son propre emblème, une flamme, elles étaient lourdement chargées de coffrets, que certains crurent pleins de richesses, d’autres de reliques. Un tel étalage aurait fait grosse impression en Italie ; mais il ne suscita que le mépris de la noblesse française.
    Le roi lui-même était un peu porté à la pingrerie, et la cour suivait son exemple. Les rires accueillirent César dans les rues mais, plein du sentiment de sa propre importance, dépourvu de la sagacité de son père, comme du bon sens de sa sœur, il ne se rendit compte de rien.
    Le voyant arriver, Louis XII chuchota à l’un de ses conseillers : « Il en fait vraiment trop ! » Pour autant, il accueillit le fils du pape avec chaleur, tout en s’efforçant, bien entendu, de ne pas lui demander trop vite si la dispense pontificale lui avait enfin été accordée.
    Accompagné de Georges d’Amboise, César fut présenté aux membres les plus éminents de la cour, et ne parut pas remarquer leur ironie. Qu’ils rient tout leur saoul ! Leur roi ferait mieux de le bien traiter, car il avait en sa possession un document d’une importante cruciale pour le souverain.
    Celui-ci, apprenant que certains jeunes aristocrates se moquaient ouvertement de César, les gourmanda si brutalement qu’ils en restèrent sans voix.
    Une fois achevées les longues présentations, César, d’Amboise et Louis XII se retirèrent dans une pièce des appartements royaux : les murs lambrissés étaient tendus de soie jaune. De grandes portes-fenêtres donnaient sur un jardin superbe, au milieu duquel se dressait une fontaine entourée d’oiseaux aux couleurs vives.
    Le roi tint à rassurer César :
    — Mon cher ami, vous comprenez très certainement que les troupes françaises entrant en Italie n’ont aucune intention de défier les droits du pape ou de menacer ses territoires. De surcroît, si chasser les barons de Romagne présentait la moindre difficulté, je peux vous assurer qu’elles seraient prêtes à vous assister.
    — Je vous en remercie, Votre Majesté, répondit César qui, charmé par la générosité du souverain, lui tendit la dispense papale.
    Louis XII ne put dissimuler son ravissement, comme d’ailleurs Georges d’Amboise quand César lui remit un autre parchemin scellé : le pape le nommait cardinal.
    Le roi, d’excellente humeur, décida de témoigner publiquement de sa gratitude : César serait fait duc de Valentinois, ce qui lui vaudrait de recevoir des domaines fort riches et plusieurs châteaux superbes. Cela tombait au mieux : pour tenir son rang, il avait dû engager d’énormes dépenses – et de surcroît il lui faudrait lever des troupes pour faire campagne en Romagne. Le cadeau du roi lui épargnerait tout problème d’argent.
    Les trois hommes trinquèrent, puis César demanda :
    — Où en est l’alliance maritale ?
    Le roi parut brusquement un peu mal à l’aise :
    — La princesse Rosetta pose des difficultés. Elle est dame de compagnie de ma chère reine Anne ; toutefois ce n’est pas l’une de mes sujettes, mais la fille du roi de Naples, donc soumise à la maison d’Aragon. Elle

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