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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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coincé le canon de l’arme du pied.
    « On fait que passer », a répliqué Broadwell.
    Le garçon n’a pas bougé de son fourré. Diverses têtes de plantes étaient accrochées à sa chemise et il avait des cloques d’orties partout sur les mains.
    « À tout hasard, pour rigoler : je cherche des gorets qui se sont échappés de la porcherie quand j’ai voulu les nourrir ce matin. Pas moyen de leur mettre la main dessus. »
    Aucun d’entre nous n’a répondu et le silence est vite devenu si oppressant que le gamin a compris le message et est reparti jusqu’aux voies de la Katy à travers les broussailles griffues qui lui arrivaient à la hauteur des poches. Je l’ai recroisé en 1907 et il m’a confié qu’il avait gauchement longé les rails en se grattant les mains, haletant, jusqu’à la gare de Pryor Creek. Il avait franchi d’un saut les trois marches du quai et s’était accoté à une porte. À l’intérieur du bâtiment, un homme avec un feutre mou buvait de l’eau avec une louche. Le garçon s’était affalé sur un banc.
    « C’est bien les Dalton, avait-il déclaré avant de lever huit doigts. Ils sont huit. Ils campent au bord de la Neosho. »
    Son interlocuteur s’était tourné vers le télégraphiste.
    « Préviens Kinney à Muskogee. »
    Il avait tendu la louche à l’adolescent, qui avait retiré son chapeau et s’était versé de l’eau sur la tête.
    « Alors, ça te plaît d’être agent secret, Loren ?»
    Loren avait envoyé valser ses chaussures.
    « La vache. C’est rudement crevant. »
     
     
    Les autorités étaient au courant de nos intentions concernant Pryor Creek depuis le 13, jour où les deux misérables qui étaient venus quémander une place et étaient restés pour manger du gâteau avec nous s’étaient fait gauler par des marshals fédéraux alors qu’ils introduisaient du whisky de contrebande dans la réserve de Watonga. Ils avaient proposé de livrer des informations aux représentants de la loi si ces derniers faisaient preuve d’indulgence et s’étaient ainsi retrouvés dans le bureau de Madsen à Guthrie.
    L’un des deux était falot et regardait tout par en dessous ; il n’avait de cesse de presser ses boutons et de s’essuyer le pouce sur sa chemise. L’autre était fat, pâlot et il avait la mâchoire pendante, comme Billy le Kid. Il s’était vautré sur sa chaise, frétillant des bottes, et avait dévoilé à Madsen que mon frère l’avait éconduit car la bande était déjà trop grande, mais qu’il s’était néanmoins suffisamment attardé pour donner du bon temps à l’une des prostituées et surprendre une conversation à propos de la MK&T, de Pryor Creek et de la mi-juillet.
    « Des tuyaux comme ça, j’en entends à tout bout de champ, avait riposté Madsen.
    — Ça veut pas dire que celui-là est faux. »
    Le chef des détectives de la Missouri, Kansas & Texas à Muskogee, le capitaine J. J. Kinney, avait été averti le 13 juillet et quand, deux jours plus tard, les soupçons à notre encontre furent confirmés à Pryor Creek par « l’agent » Loren, Kinney appela en renfort le marshal adjoint Sid Johnson, rattaché au tribunal de Wichita, et le chef de la police cherokee, Charles LeFlore  – l’Indien le plus propre que j’aie jamais rencontré, toujours en chemise blanche, le cheveu noir, huilé, bien coupé, la raie impeccable.
    Cinquante adjoints spéciaux, dont treize appartenant à la société de chemin de fer, se massaient donc sur le quai de la gare de Muskogee par plus de trente-quatre degrés de température, en melons et en sombreros, appuyés sur leurs fusils au canon calé par terre, crachant du tabac sur les traverses et répandant du venin contre nous, tandis que les voyageuses alentour, blêmissantes, serraient la main de leurs enfants et que, à l’écart, des hommes avec des cols en celluloïd discutaient de la sacrée déconvenue qui guettait les Dalton.
    Le train de voyageurs numéro 2 se présenta en ahanant et les volontaires montèrent dans la voiture fumeurs flambant neuve, pourvue de banquettes capitonnées vertes, d’un éclairage au gaz et de lustres en verre. Puis le train s’ébranla en direction du nord et de Pryor Creek et les adjoints spéciaux continuèrent à se vanter ou à vociférer des plaisanteries dans un joyeux vacarme digne d’une sortie entre hommes pour assister à un match de base-ball.
    On apporta trois bacs remplis de bouteilles de bière

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