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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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de culpabilité, si profondément enfoui au fond de sa conscience, resurgit tout à coup.
    Il revit le visage serein de Gannys, crut entendre sa voix familière, et le fantôme de son tuteur prit alors une forme visible qui l’effraya au plus haut point. Il revécut la scène du meurtre et chacun de ses ignobles détails lui revint en mémoire, dans un sentiment d’horreur accrue. Dans quel moment de folie furieuse avait-il pu tuer son ami, son père nourricier, son fidèle conseiller ? Et quelle sorte de vie serait la sienne s’il tuait sa grand-mère, la femme qui avait porté Soemias, qui avait nourri sa propre mère de son sein ? Comment pourrait-il supporter, jour et nuit, les ombres de ce nouveau crime ? Elles viendraient l’épier, le harceler, lui couper l’appétit et le réveiller de leurs doigts glacés durant son sommeil…
    Il secoua la tête pour chasser ces horribles pensées et renonça finalement à ses menaces. Mais il fallait pourtant que Maesa comprenne, une bonne fois pour toutes, qu’il n’était plus disposé à vivre sous son exaspérante tutelle.
    — Cette discussion n’a aucun intérêt, décréta-t-il en secouant ses boucles blondes. L’ imperium que l’on m’a conféré m’autorise à faire tout ce que je souhaite. Aussi, que tu le veuilles ou non, j’entends désormais nommer moi-même aux plus hautes charges de l’Empire.
    Ce ne furent pas des paroles en l’air.
    Effectivement, dans les semaines qui suivirent, après avoir élevé à la préfecture des vigiles son nouvel ami Gordius et délégué à Protogène des fonctions d’autorité dignes d’un procurateur, il nomma Claudius, son coiffeur préféré, à la préfecture de l’annone, bien que les seules compétences de ce minable tonsor se résumassent au maniement des ciseaux et du fer à friser.
    Tous ceux qui se firent remarquer dans l’arène ou au théâtre se virent également confier des fonctions de confiance et d’importance. Des gladiateurs, des cochers, des acteurs, des danseurs, des mimes, esclaves ou simples affranchis, se virent attribuer, selon le caprice de l’empereur, des charges de généraux, de tribuns, de légats de légion, des magistratures de consuls ou des gouvernements de provinces.
    — Pourquoi la naissance et la fortune devraient-elles être les seuls critères pour mériter une dignité ? déclara un jour Varius à Protogène, alors qu’ils se prélassaient ensemble dans le caldarium des thermes de Caracalla.
    Vêtus tous deux d’une simple serviette, debout au milieu de la vaste rotonde inondée de lumière, l’empereur et son favori s’abandonnaient aux mains de leurs esclaves occupés à les asperger d’eau bouillante. Autour d’eux, des courtisans s’arrosaient et s’amollissaient eux aussi dans la chaleur moite qui suintait des murs.
    — Vois-tu, Protogène, poursuivit le jeune homme, je trouve toutes ces traditions romaines obsolètes et absurdes. Inutile de te dire que ma grand-mère ne partage pas mon opinion.
    Protogène, qui transpirait comme un bœuf, s’appuya contre le rebord de la vasque géante qui trônait au milieu de la salle.
    — Maesa est encore plus traditionaliste que les sénateurs, répondit-il. Elle méprise les individus de basse extraction, en particulier les cochers ! Les rares fois où je l’ai croisée dans les couloirs du palais, elle m’a gratifié d’un regard tellement menaçant que j’ai songé à m’enfuir. Si elle avait pu, ta grand-mère m’aurait écorché sur place !
    L’un des esclaves commença à racler la peau humide de Varius à l’aide d’un strigile en ivoire.
    — Ma grand-mère est une vraie harpie ! s’exclama celui-ci avec désespoir, tandis qu’il tendait ses bras à la caresse un peu brutale du grattoir. Elle veut tout me prendre ! Mon trône, ma liberté, mon argent ! Si je la laissais faire, elle viendrait à coups de bec m’arracher de la bouche et des mains jusqu’aux aliments que je mange !
    Alors qu’il commençait à pleurnicher sur son sort, un courtisan quitta l’une des salles du caldarium où l’on pouvait se prélasser dans des baignoires individuelles et traversa à grandes enjambées la vaste pièce circulaire.
    Protogène et Varius le dévisagèrent tous les deux avec une curiosité non dissimulée.
    L’homme en question était court sur pattes et de constitution plutôt chétive, mais pourvu d’un attribut génital impressionnant.
    L’empereur en resta bouche

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