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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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bée.
    — As-tu déjà vu une colonne d’un tel volume ? demanda Varius à son ami en retenant un sifflement admiratif.
    — Jamais, répondit Protogène, tout aussi impressionné que l’adolescent, non seulement par l’énormité de l’appareil mais surtout par la disproportion extraordinaire entre la taille du bonhomme et celle de son appendice.
    — Quel paquet ! s’exclama encore l’empereur. À mon avis, quand il honore sa femme, ce type doit commencer le travail la veille et finir le lendemain !
    L’aurige vit que le visage de l’adolescent s’était soudain illuminé d’un désir violent. Il se demanda si le jeune empereur n’allait pas s’empresser d’éloigner ce phénomène de la convoitise des autres courtisans, pour l’entraîner dans sa chambre et s’assurer le privilège de cette bonne fortune.
    Mais Varius n’en fit rien et laissa partir, peut-être à regret, le petit homme qui avait à présent enfilé son peignoir.
    — Un tel priape lui vaudrait d’être nommé au moins préfet du prétoire ! déclara-t-il en souriant.
    — Au moins ! approuva Protogène.
    L’empereur paraissait au comble de l’excitation. Le feu de ses pommettes, avivé par la chaleur et les vapeurs du caldarium, le faisait ressembler à un poupon fiévreux.
    — Voilà comment devraient être recrutés les plus éminents personnages de l’État ! décréta-t-il en tirant son favori par le bras, en direction du frigidarium. Je n’élèverai désormais aux plus hautes charges que les hommes pourvus d’une queue de cette longueur !
    Et là encore, il tint sa folle promesse.
    À partir de ce jour, il fit rechercher, par Protogène, dans toutes les provinces de l’Empire, des individus dotés d’un sexe surdéveloppé et il les fit amener au Palatin, pour satisfaire son goût du monstre.
    Il promut ainsi aux plus grands honneurs un muletier illettré, un coursier, un pauvre boulanger, un serrurier ignare, et bien d’autres individus qui ne se recommandaient, à défaut de toute autre qualité, que de l’énormité de leur verge ou de leurs testicules.
    Son attirance pour les corps masculins obscènes et disproportionnés, qui exhibaient des organes sexuels trop longs ou trop gros, ces corps ignobles par leurs excès, trahissait non seulement la perversion de sa nature mais surtout son besoin maladif de transgresser, sinon d’inverser les normes établies.
    Varius avait décidé d’inventer un nouveau monde, un monde où la laideur et la beauté régneraient à part égale, un monde de farces et de voluptés, un monde dans lequel ses valeurs perverties deviendraient désormais, de par son unique volonté, des valeurs universelles.
    Dominé par un pouvoir absolu que nul ne pouvait plus, désormais, lui contester, encouragé dans ses extravagances par sa cour de parasites en quête de promotions fulgurantes, Varius se retrouva bientôt entièrement livré à la tyrannie de ses pulsions et de ses penchants les plus douteux. Imbu de sa toute-puissance, n’ayant plus personne à craindre ou à respecter, n’éprouvant plus le frein de la crainte ou de la honte, il plongea, avec plus d’éclat et d’obstination qu’il ne l’avait fait jusque-là, dans le tourbillon des excentricités et de la jouissance. Il fit de la recherche de plaisirs inédits l’unique but de sa vie, sans aucun égard pour les principes ancestraux de la romanité. Chacun de ses actes semblait dire : « Je ne suis pas un homme ordinaire puisque tout m’est permis ! Et si tout m’est permis, pourquoi devrais-je me priver ? »
    Il n’hésita plus à exhiber les attributs de ses gitons dans les banquets, à ramener dans sa chambre à coucher les hommes qui lui plaisaient, à les caresser en public, à les couvrir de cadeaux comme une femme amoureuse. Les gros lions qui conduisaient son char furent remplacés par des femmes entièrement nues, qui tiraient l’attelage à quatre pattes, à travers les couloirs du palais. Il reçut les ambassades étrangères et les visiteurs de haut rang, tantôt déguisé en gladiateur ou en cuisinier, tantôt travesti en danseuse, maquillé comme une actrice, la bouche rougie au jus de figue, l’œil cerné de poudre d’antimoine, portant des robes indécentes, des soutiens-gorge, des mules et des résilles.
    Et les sénateurs, ayant vite oublié son sourire charmeur et la grâce de son étonnante jeunesse, commencèrent à crier au scandale quand les espiègleries et les

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