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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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geste de la main et sembla soudain se raviser :
    — Non ! cria-t-il en riant de plus belle, tandis que des hoquets de joie secouaient son visage rouge. J’ai changé d’avis ! Épargne-nous ce spectacle ! Pitié, Proculus ! Je plaisantais !
    L’autre s’effondra sur son lit de table en balbutiant des remerciements pathétiques, tandis que l’adolescent continuait de rire, affalé sur les coussins. L’insolence avec laquelle il tournait en dérision les sénateurs mettait le jeune empereur au comble du bonheur. Plus il aggravait leur humiliation, plus il en tirait une satisfaction, un apaisement, qui mettaient un baume sur ses propres blessures d’amour-propre et lui donnaient un sentiment de toute-puissance. Il songea qu’il avait bien fait de réunir les clarissimes et de leur montrer qui était leur maître. Quelle agréable sensation que d’être l’unique dispensateur de la félicité et des tortures de ces pauvres imbéciles, de ces barbons grisonnants ! Il éprouvait la joie de ces gamins sadiques jouant avec des mouches, qui leur arrachent les pattes et les ailes, se réjouissent de leur souffrance, tout en étant pleinement persuadés, par ailleurs, qu’ils se livrent à des plaisirs innocents.
    Il cessa de rire, retroussa ses narines et détourna la tête dans une volte écœurée :
    — Quelle digne assemblée que la vôtre, Pères conscrits, dit-il en soupirant. Un troupeau de pauvres créatures pleurnichardes… Non seulement vous n’avez plus aucun pouvoir, mais vous avez perdu toute dignité. Je me demande bien ce qu’il vous reste…
    Demetrius, avec son obséquieuse servilité, lui servit une réponse mielleuse :
    — Il nous reste la gloire de l’obéissance, César.
    Varius le dévisagea avec une moue dubitative puis pencha la tête d’un air satisfait :
    — Décidément, Demetrius, tu veux plaire à ton empereur… Tu as droit à un cadeau !
    Il fit signe à l’un de ses esclaves d’approcher :
    — Qu’on apporte à ce cher Demetrius, qui sait si bien renifler le cul de son maître, un os des cuisines…
    Puis il ordonna à ses esclaves de débarrasser la vaisselle des tables des convives. Même les sénateurs eurent droit à des assiettes propres, bien qu’ils n’aient pas eu le loisir de salir les premières.
    Alors qu’on leur apportait de nouveaux couverts et qu’on venait leur laver les mains, comme s’ils avaient mangé, des esclaves défilèrent dans la pièce avec des petits tableaux. Sur chacune des toiles étaient peints, comme des natures mortes, des aliments différents avec leur garniture de légumes. Les sénateurs comprirent que l’empereur les invitait encore une fois à dévorer ces plats, mais seulement avec les yeux !
    Tandis que Ciconia, Proculus et Victor bouillonnaient intérieurement de rage impuissante et ravalaient, en salivant, leur fierté, Pomponius jetait à Annia un regard à la fois navré et inquiet. Sa femme lui répondit par un coup d’œil non moins alarmé.
    Cet échange, pourtant discret, n’échappa pas à Varius. Depuis un moment il observait le couple à la dérobée et semblait s’être avisé de son malaise. Il leva sa coupe vers Pomponius :
    — Ta femme est très belle… Tu possèdes un trésor que doivent te convoiter bien des hommes… Est-ce la raison pour laquelle tu le tiens si bien caché ? As-tu peur qu’on te le vole ?
    Et il regarda la belle Annia avec un sourire tellement ambigu que Pomponius y lut aussitôt une menace.
    — C’est un risque auquel je n’ai jamais pensé, répliqua abruptement celui-ci.
    — Je te trouve bien présomptueux, Pomponius. Tu prétends que ta femme ne peut pas t’être infidèle ?
    — Je n’oserais l’affirmer, mais je peux au moins l’espérer.
    — Et toi ? demanda Varius en s’adressant aimablement à Annia. Quelle est ton opinion ?
    Ayant remarqué qu’il frappait d’autant plus cruellement ses interlocuteurs que son expression était amène, Annia se mit instinctivement sur ses gardes :
    — Mon époux ne se trompe pas, dit-elle en baissant pudiquement les yeux. Je lui suis entièrement loyale et dévouée.
    L’adolescent s’essuya les doigts avec un soupir.
    — Tu n’as pas compris, rectifia-t-il. Je te demande quelle est ton opinion sur la taille de cette courgette… Celle qui pend entre les jambes de Myrismus.
    Comme les autres, Annia se troubla un instant mais reprit vite ses esprits.
    — Impressionnante, fit-elle, du bout des

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