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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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l’État ?
    — Tu es accusé d’avoir tramé une conjuration contre la personne de Marcus Aurelius Antoninus.
    Sur ces mots, les soldats lui passèrent des chaînes autour des poignets. Pomponius n’offrit aucune résistance.
    À son tour, Annia Faustina traversait l’atrium et pénétrait dans le vestibule. S’avisant que les soldats avaient enchaîné son mari et l’entraînaient vers la sortie, elle se jeta sur Pomponius, lui passa les deux bras autour du corps, faisant de ses membres de nouveaux liens destinés à le retenir.
    — Où l’emmenez-vous ? hurla-t-elle en s’accrochant désespérément à son époux.
    — Au carcer, répondit un soldat en tirant sur les chaînes.
    — Vous n’avez pas le droit ! cria-t-elle. Vous n’avez pas le droit d’emprisonner un sénateur ! Il n’a même pas été jugé !
    Les gardes ne l’écoutaient plus et emmenaient leur prisonnier hors de la maison. Annia continuait de se cramponner à Pomponius, les traits défigurés par l’angoisse.
    — À la prison ? répétait-elle, presque hagarde. À la prison ? Mais pourquoi ?
    Comme l’un des soldats la repoussait brutalement pour qu’elle lâche enfin Pomponius, elle tomba à genoux et s’accrocha à ses jambes.
    — C’est indigne ! cracha-t-elle aux soldats. Vous osez enfermer un patricien romain ! Un homme de haut rang ! Avec les étrangers, les criminels et les voleurs !
    Pomponius se taisait, le visage fermé, comme résigné à un sort qu’il savait décidé d’avance. Il ne faisait d’ailleurs toujours aucun geste pour se débattre ou pour se soustraire aux fers.
    — Rentre dans la maison, dit-il à sa femme. Il n’y a rien à faire.
    — Non ! hurla de nouveau Annia.
    Et s’adressant aux gardes, elle les supplia de laisser son mari demeurer chez eux.
    — Gardez-le ici ! implora-t-elle. Il ne s’enfuira pas, vous pourrez le surveiller ! Je vous en prie, laissez-le-moi ! Voulez-vous de l’argent ? Combien ?
    Les membres de l’aristocratie bénéficiaient généralement de mesures de sûreté moins contraignantes et moins infamantes que l’emprisonnement. Il leur était permis soit de verser une caution en attendant la tenue de leur procès, soit d’être gardés en résidence surveillée à leur domicile. Mais de telles dispositions, manifestement, n’avaient pas été prévues pour l’infortuné Pomponius.
    L’un des gardes releva Annia et posa la main sur son glaive, en signe d’avertissement.
    — Ôte-toi, femme ! Ou tu pars avec lui.
    Elle eut un mouvement de recul.
    — Que va-t-on lui faire ? demanda-t-elle, les joues ravagées par les larmes.
    — Pour l’instant, rien, répondit le soldat en emmenant son prisonnier.
    Le Tullianum (126) , l’unique prison de Rome, élevait sa masse sinistre et aveugle sur le Forum, à quelques pas de la Curie. Pomponius fut jeté dans le sombre cachot inférieur, à dix pieds sous terre.
    Une saleté innommable recouvrait la voûte en pierres de taille et les murailles sans ouverture. Des restes humains, un crâne, des tibias, des débris de squelette, des ossements de mains, étaient éparpillés sur le sol humide. Pomponius fut secoué par un haut-le-cœur et s’appuya contre le mur pour ne pas s’effondrer. À la pensée de ces hommes, étranglés dans cette sinistre cellule, ou morts des supplices qu’on leur avait infligés, il fut pénétré d’un horrible froid, jusqu’à la moelle. Lui-même ressortirait-il jamais vivant de ce tombeau ? Il se laissa couler par terre, lentement, la tête dans les genoux, et passa toute la nuit dans cet état de prostration douloureuse.
    Immédiatement après le départ des soldats, Annia Faustina se précipita chez Messala. Bouleversée, elle lui rapporta en détail l’arrestation de Pomponius et l’implora de trouver le moyen de sortir son époux de ce cauchemar.
    — Heureusement, il sera jugé par le Sénat, dit-elle entre deux sanglots.
    — Malheureusement ! rectifia Messala. Le Sénat n’est généralement pas très indulgent envers les accusés, surtout quand il s’agit d’une affaire de trahison envers l’empereur et que l’empereur assiste en personne aux débats.
    Annia se décomposa tout à fait.
    — Les sénateurs ne le condamneront pas à mort ? Réponds, Messala ! Pas l’un des leurs ?
    — La tâche des sénateurs sera de se prononcer sur la culpabilité de Pomponius à l’issue du procès. Mais le choix du châtiment reviendra à

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