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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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avait déjà envahi les vomitoria, leur faisait barrage et créait un formidable bouchon. Toute cette multitude se pressait avec une sauvagerie indescriptible dans les escaliers, se piétinait avec une fureur incroyable.
    Entre la deuxième et la troisième travée, un mur de dix coudées de haut empêchait toute communication. Faisant fi de cet obstacle, les gens n’hésitaient pas à se jeter dans le vide et venaient s’écraser en contrebas.
    Quant à ceux des premiers rangs qui ne parvenaient pas à atteindre les sorties, ils tentaient désespérément d’échapper aux morsures des serpents en cherchant à se réfugier dans l’arène.
    Mais celle-ci étant protégée par un garde-corps métallique infranchissable, ils se retrouvaient finalement acculés contre cette paroi et subissaient la pression mortelle de la foule.
    Il ne fallut pas longtemps pour que la farce macabre tourne à la tragédie. Sur les marches, des dizaines de corps gisaient sans vie, mordus par les serpents, étouffés, brisés ou piétinés.

CHAPITRE XXVIII
    — Trois ans, deux mois et vingt-six jours.
    — César ?
    — Trois ans, deux mois et vingt-six jours de règne, deux épouses et je n’ai toujours pas d’héritier.
    Revêtu d’une robe de chambre entrouverte qui découvrait son torse glabre, l’empereur était assis dans un large fauteuil, un linge humide posé sur le front. Claudius, à sa gauche, lui reprenait de temps à autre le morceau d’étoffe pour le plonger dans un récipient rempli d’eau froide et s’évertuait à lui faire passer, comme il pouvait, sa migraine.
    — Existe-t-il dans cette ville une seule femme qui soit capable de me donner ce que je veux ? gémit Varius.
    Claudius leva la tête vers lui avec étonnement :
    — Est-ce vraiment ce que tu veux ?
    — Oui.
    Son favori nota les yeux éteints, la courbe maussade de la bouche. Il essora le linge et l’égoutta, avant de l’appliquer avec une tendresse méticuleuse sur son visage défait, se demandant comment éloigner cette mélancolie subite.
    — Que puis-je faire pour chasser ces idées noires ? proposa-t-il. Veux-tu que je fasse venir des danseurs ou des musiciens ?
    — Je t’aime bien, Claudius, répliqua l’adolescent en soupirant. Tu me fais penser à ce petit chien que j’ai découvert, un jour, sur les marches du temple d’Émèse. Il remuait la queue dès que j’apparaissais. Mais, comme lui, tu n’es pas très intelligent. Tu n’as même pas l’intelligence de deviner ce qu’est la vraie souffrance.
    Sur quoi il tenta de s’extraire de son fauteuil, mais son mal de tête lui ordonna de n’en rien faire et il s’effondra dans le siège. Claudius, nullement froissé par la remarque, eut un sourire idiot. Lui se sentait simplement heureux, effectivement ravi, comme un chien, d’être près de son maître, pénétré de reconnaissance et du bonheur de partager avec lui cet instant d’intimité.
    — Paula Cornelia était une pauvre gourde et Aquilia Severa une méchante petite fille, reprit Varius en fermant les yeux sous la douleur. Je n’ai vraiment pas eu de chance en épousant ces deux-là !
    — Bah ! Les femmes…
    — Non seulement ces deux salopes m’ont empoisonné la vie, poursuivit l’empereur, mais elles m’ont fait perdre du temps.
    — Du temps ? Mais tu as toute l’existence devant toi, César !
    — Vraiment ? Je ne sais pas… objecta Varius. J’ai quelquefois le sentiment que les choses vont trop vite, que la vie avance à la vitesse d’un cheval au galop. Mais cependant, parfois, j’éprouve la sensation inverse… Comme en ce moment où je te parle. J’ai l’impression que rien ne change, que rien n’avance… Comme si le temps suspendait son cours pour me faire vivre une éternité d’ennui. Pas toi ?
    Claudius fit mine de réfléchir, ouvrit sa bouche vermillon dans une moue dubitative et imbécile.
    — Je n’y ai jamais pensé, avoua-t-il.
    — Tu as raison de ne pas penser à ces choses-là. On est plus heureux quand on est bête.
    Varius laissa tomber sa main le long du fauteuil et son favori s’en saisit avidement. Il la garda entre ses doigts, avec une envie ardente de la baiser. Puis il s’y décida enfin, et, l’approchant lentement de son visage, il la tint contre ses lèvres. Sentant que cette caresse allait devenir trop prolongée, l’adolescent la lui reprit, et la main un instant offerte revint mollement à sa place, sur son genou.
    — Ce qu’il

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