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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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propre sécurité.
    Annia resta d’abord anéantie par ces révélations. Puis, très vite, prit toute la mesure de ces informations. Elle discerna immédiatement la faille qui se dessinait dans le clan impérial.
    — Et toi ? Ne feras-tu rien pour sauver un innocent ? demanda-t-elle, songeant qu’elle pourrait tirer parti de ces dissensions familiales.
    — Moi ? Je déteste Varius. Et tout le monde sait qu’il me le rend bien. Il ne m’a jamais écoutée et il ne le fera pas davantage aujourd’hui, maintenant qu’il est le maître du monde. Je ne peux rien pour toi.
    Annia s’obligea à maîtriser son émotion. Elle avait prévu cette fin de non-recevoir et dans cette perspective, avait pensé à une solution radicale. Elle rassembla tout son courage.
    — Il reste un moyen, dit-elle en jetant un coup d’œil en biais à Mammaea.
    La princesse haussa les épaules :
    — Que veux-tu que je fasse ?
    — Ce que mon époux était censé faire… ou du moins ce dont on l’accuse.
    Mammaea rapetissa ses yeux, fixa durement son interlocutrice.
    — Faire assassiner Varius ?
    — Oui.
    — Je veux bien considérer que le chagrin te fait perdre la tête.
    — Bien au contraire, riposta Annia.
    Et elle chuchotait à présent, avec la plus extrême prudence.
    — Beaucoup de gens souhaitent la fin d’Antonin, tu n’aurais qu’à…
    — Je pense que cet entretien touche à sa fin, l’interrompit brutalement Mammaea.
    — Non ! Écoute-moi… Rome te serait reconnaissante de la débarrasser de cet être malfaisant, de cette vermine qui…
    — Je ne veux rien entendre ! coupa de nouveau Mammaea d’un ton tranchant.
    Annia eut un petit rire étranglé et malheureux :
    — Tu as assez d’appuis pour…
    — Assez ! répéta Mammaea en levant la main d’un geste autoritaire.
    Elle se borna à ce mot bref et Annia, cette fois, n’insista pas. Puis elle appela les gardes devant sa porte et leur fit signe de raccompagner la visiteuse.
    — Je vais m’empresser d’oublier que tu es venue aujourd’hui. Quant à toi, oublie que je t’ai reçue et… le reste.
    Encadrée par deux soldats, l’épouse de Pomponius fit quelques pas pour partir puis s’arrêta.
    — Qu’adviendra-t-il quand mon époux sera mort ? demanda-t-elle avant de franchir le seuil de la pièce. Combien de sénateurs encore iront se faire tuer dans le cirque ou seront égorgés chez eux ? Combien de procès ? Combien de meurtres ? Combien de victimes ? N’oublie pas qu’au début, les princes tuent par nécessité, mais qu’ensuite ils y prennent goût. Et qui sait, lorsqu’il aura décimé tout le Sénat, si Antonin ne s’en prendra pas à sa propre famille ?
    Mammaea ferma les yeux et respira longuement.
    — Raccompagnez cette femme.
    — Antonin est fou, reprit Annia d’une voix profonde. Le jour viendra où, toi aussi, tu craindras pour la vie de ceux que tu aimes. Oui, le jour est proche, crois-moi, où tu trembleras pour ton enfant…
    Mais déjà, Mammaea ne l’écoutait plus. Elle lui avait tourné le dos et se dirigeait vers une autre porte, en direction du vestibule attenant à sa chambre. Les prédictions funestes d’Annia tombèrent dans un silence de mort tandis qu’elle quittait la pièce.

CHAPITRE XXIX
    Quinze jours plus tard, les sénateurs se réunissaient en tribunal dans le temple de la Concorde pour décider du sort de Pomponius. L’empereur en personne, assis entre les deux consuls, ouvrit l’audience et énonça devant l’assemblée des Pères conscrits les griefs censés étayer l’accusation de lèse-majesté.
    Devant la chaise curule sur laquelle siégeait Varius se tenait Pomponius, à genoux, une corde passée autour du cou. Les soldats lui avaient attaché les mains derrière le dos et, pour qu’il ne puisse pas baisser le visage, lui maintenaient un glaive sous le menton.
    L’homme qui comparaissait devant le Sénat n’était plus que l’ombre de lui-même. Les deux semaines passées dans les ténèbres de son cachot étroit l’avaient privé de ses dernières forces et vieilli prématurément de dix ans.
    Messala, quant à lui, avait eu bien du mal à convaincre un orator digne de ce nom et suffisamment courageux pour assister son ami. Aucun n’avait accepté de risquer sa vie dans ce simulacre de procès dont personne n’ignorait l’issue. Dix jours de recherche et de persévérance l’avaient finalement amené jusqu’à Vibius Sparus, un avocat minable

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