Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
Vom Netzwerk:
l’armée ennemie. Tu ne peux guère compter que sur la fidélité de ta garde numide. Pour ce qui est des autres soldats, prie les dieux qu’ils ne nous trahissent pas !
    L’audacieuse et irrévérencieuse remarque mortifia l’empereur. Un flux de sang lui monta au visage, ce qui eut du moins pour effet de rendre quelques couleurs à sa face de spectre. Le légat se tourna de nouveau vers le tribun :
    — Que chaque primipile maintienne la cohésion des manipules jusqu’au contact rapproché avec l’ennemi. Au signal, qu’ils déclenchent la volée des pila (51) , à dix pas.
    Decimus Aelanus opina du chef puis s’élança sur son cheval. Il remonta la ligne de front en hurlant ses ordres à chaque pilus prior :
    — Une ligne de front ininterrompue, sans espace entre les cohortes !
    En quelques minutes, l’empereur vit les différentes unités se mettre en formation, encadrées par les centurions et les optionis (52) .
    Il remarqua que les soldats avaient ôté leurs cuirasses d’écailles et s’étaient débarrassés de leurs boucliers, ne conservant que leurs armes offensives.
    — Mais pourquoi enlèvent-ils leurs loricae et leurs scuta (53)  ? interrogea l’empereur.
    — Ils cuisent sous leurs armures et le terrain est légèrement accidenté. Il leur faudra être plus légers lorsque nous sonnerons la charge finale.
    Le vieil empereur éperonna sa monture et commença à avancer vers ses hommes.
    — Je te conseille de ne pas te mêler à la bataille, César, le prévint le légat.
    Macrin se raidit sur sa selle. Il venait de passer pour un mauvais stratège, il n’était pas question, en plus, qu’il passe pour un pleutre !
    — Je veux être sur place pour apprécier la situation. Je veux aussi surveiller les soldats et leur montrer que je suis avec eux.
    — Un bon chef de guerre, fit observer le commandant en tirant de nouveau sur la bride de son cheval pour le calmer, a plus d’influence sur le déroulement des opérations en restant à l’arrière et en observant prudemment ses hommes.
    L’empereur savait pertinemment qu’il mentait, mais il lui fut reconnaissant de lui épargner cette épreuve et de ménager son orgueil. L’un comme l’autre savaient qu’il était trop vieux pour jouer les fougueux généraux ou pour galoper au milieu des guerriers.
    Sans compter qu’il s’exposerait à la fois aux tirs des projectiles et aux attaques directes de l’ennemi.
    — Soit, concéda Macrin en relevant fièrement le menton. J’attendrai ici que tu viennes me rendre compte de la situation. Les dieux te protègent.
    — Les dieux te protègent aussi, César.
    L’empereur n’eut pas le temps de voir le légat s’éloigner que déjà, un nouveau spasme le pliait sur sa selle.
    Les dieux… songea-t-il en se tenant le ventre. Que faisaient-ils en ce moment ? L’observaient-ils en se raillant de lui, pauvre vieillard impuissant et malade ? S’étaient-ils réunis en conseil afin de décider, à l’avance, du sort des mortels ?
    Il aurait tant voulu que leur bienveillance lui insuffle, ce matin, le courage et la force d’affronter cette bataille.
    Les jours précédents, il avait offert à leurs effigies un somptueux banquet, ainsi que de grands sacrifices. Il leur avait aussi rendu de nombreuses actions de grâce.
    Avant même que l’aube ne se lève, il s’était plusieurs fois prosterné humblement devant la statue de Mars, lui avait embrassé les mains, les genoux et les pieds.
    L’empereur promena autour de lui un regard affligé. Toutes ces marques de respect inciteraient-elles les dieux puissants à lui accorder la victoire ?
    Du côté de l’armée des rebelles, Gannys Eutychianus, qui s’en était institué commandant en chef, trouva l’occasion de révéler ses talents d’organisateur et de fin stratège.
    Après avoir contraint les soldats de Macrin à arriver du côté est en s’emparant avant lui des quelques défilés qui menaient à la plaine, il avait déployé ses troupes sur le flanc du seul tertre important de l’endroit, dont il occupait à présent le sommet.
    Maesa et Soemias se tenaient à peu de distance, sur des litières, raides et attentives. Près d’elles, Varius, en grande tenue d’apparat, monté sur une jument blanche, observait les préparatifs sans qu’aucune émotion ne s’exprimât sur son visage. Seules ses mains, qui s’accrochaient fébrilement à la crinière de sa monture, semblaient trahir, pour une fois, une

Weitere Kostenlose Bücher