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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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je crois plutôt qu’il est fâché de ne pas être déjà à Rome… Il trouve que nous avons perdu trop de temps sur la route. Sais-tu qu’il m’en a fait plusieurs fois le reproche ?
    — Gannys craint pour ta sécurité, répondit Soemias en s’essuyant les mains dans les cheveux crépus d’un jeune esclave nubien.
    — J’aimerais le croire, souffla Varius. Mais je pense plutôt qu’il a hâte d’arriver au Palatin pour jouer à l’empereur !
    — Allons donc, Gannys n’a pas de telles idées… Il n’y a qu’un seul empereur et c’est toi, il le sait mieux que personne.
    — Et s’il t’épouse ? J’ai cru comprendre que tu n’y étais pas opposée…
    — Qu’est-ce que cela changerait ? répliqua Soemias, visiblement gênée que son fils ait, non seulement percé les desseins secrets de Gannys, mais également les tendres sentiments qu’elle éprouvait pour son amant.
    — Ce que cela changerait ? répéta Varius. Beaucoup de choses !
    — Lesquelles ?
    — Mais tout ! Imagine ce qui pourrait arriver !
    — Je ne vois pas en quoi le fait que Gannys devienne mon époux te dérange.
    — Cela ne me dérange pas, rectifia Varius d’une voix lugubre, cela me pétrifie.
    — Mais qu’est-ce que tu racontes ?
    — Imagine, répéta l’adolescent d’un air effondré : d’abord Eutychianus devient ton mari. Ensuite il m’empoisonne. Enfin il tue aussi le pauvre petit Alexianus. Et voilà, le tour est joué !
    — Mais de quel tour parles-tu ? dit Soemias en l’envisageant sévèrement. Tu divagues !
    — Je ne suis pas fou. Je sais qu’Eutychianus veut prendre ma place. Aussi je t’en supplie : ne l’épouse pas.
    — Gannys veut prendre ta place ? dit Soemias en hochant la tête sans comprendre.
    — Oui, et il n’est pas le seul, fit-il à voix basse. Tout le monde veut prendre ma place. Voilà la raison pour laquelle je ne voulais pas être empereur et ne suis pas si pressé d’arriver à Rome. Si c’est pour me faire assassiner, merci bien !
    Et, après un silence, il ajouta, d’un ton sinistre :
    — J’étais bien plus tranquille lorsque nous étions en Syrie. Pourquoi a-t-il fallu que tu me forces à risquer ma vie ?
    Soemias leva ses mains soignées dans un geste d’apaisement.
    — Je ne sais pas d’où te viennent ces idées insensées, Varius. Tu ne cours aucun danger. Quant à Gannys, tu sais bien qu’il t’aime comme son propre fils. Il t’a donné maintes fois la preuve de son affection.
    — Alors pourquoi a-t-il refusé mon invitation ? demanda Varius, les dents serrées.
    — Je viens de t’expliquer qu’il était trop fatigué pour participer au banquet. Le voyage l’aura probablement épuisé et tu sais très bien que Gannys ne veille jamais très tard.
    — Ce que tu peux être énervante à toujours le défendre ! s’emporta Varius.
    Soemias le considéra un moment, comme s’il avait perdu tout à coup la raison. Les yeux jaunes avaient pris une teinte vitreuse et son regard semblait se perdre dans des conjectures délirantes.
    — Et toi, tu as bu trop de falerne, dit-elle en lui prenant sa coupe des mains.
    Pourtant elle n’était pas certaine que le vin fût réellement responsable de ces nouvelles divagations.
    Depuis leur arrivée à Nicomédie, Varius semblait plus anxieux qu’à l’ordinaire. Il cachait sous ses grands airs une angoisse évidente. Il lui suffisait de l’observer attentivement pour percevoir, sous l’enveloppe extérieure de fanfaronnade et de froide vanité, son attitude craintive, ses regards parfois soupçonneux, parfois égarés.
    L’adolescent se pencha tout près de sa mère et lui fit signe de se rapprocher aussi.
    — Il se passe des choses… dit-il à voix très basse. Des choses autour de moi… Tu ne le sens pas ?
    — Quelles choses ?
    — Des regards, des chuchotements, des ombres qui passent… dit-il encore sur un ton presque inaudible. Parfois, j’ai peur de ces ombres, Symiamira…
    Soemias fut saisie de percevoir une telle détresse dans ses paroles. Pas une fois depuis quatre ans Varius ne l’avait appelée ainsi, et jamais avec une voix si étrange, si effrayée.
    — Personne ne veut prendre ta place, personne ne te veut de mal, mon fils, le rassura-t-elle. Nous sommes tous si fiers de toi… Et moi la première.
    — Alors prouve-le-moi, déclara Varius, sans cesser de chuchoter. Promets-moi que tu n’épouseras pas Eutychianus. Je ne veux pas avoir

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