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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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à me méfier de lui.
    Elle sentit qu’elle n’arriverait pas à dissiper ses appréhensions, tout au moins ce soir. L’abus de boisson, la fatigue éprouvante du voyage, tout autant que l’ivresse de ce nouveau et immense pouvoir qu’on lui avait offert sans qu’il y soit préparé, l’avaient rendu plus déraisonnable et mélancolique qu’à l’accoutumée.
    Elle le contempla avec amour, sans songer un seul instant que cette paranoïa pourrait s’aggraver avec le temps, se souvenant seulement qu’elle était la mère de ce fils aimant et magnifique.
    — Je ne l’épouserai pas, répondit-elle, sans toutefois en penser un mot. Te voilà rassuré ?
    Varius lui lança un regard reconnaissant.
    — Oui.
    Puis, comme si les propos qu’ils venaient d’échanger n’avaient jamais été tenus, comme si les angoisses et les doutes s’étaient aussi soudainement dissipés qu’ils étaient arrivés, il claqua des mains en riant.
    — Qu’on fasse venir les musiciens ! cria-t-il avec une fausse gaieté. Je veux voir Crésus danser !
    Il se tourna vers son beau protégé et lui lança un regard appuyé :
    — Danseras-tu pour moi ?
    L’autre ne se fit pas prier, trop flatté d’être tout à coup à l’honneur, et se leva du lit.
    Un son mélodieux s’éleva dans la grande salle et Crésus se mit à danser, devant un Varius tout à coup plus détendu, qui ne perdait rien de la scène.
    Son corps musclé se mit à se mouvoir avec sensualité, dans des ondulations érotiques et troublantes. Son bassin, sous sa tunique légère et flottante, exécutait une ronde lancinante, projetant ses hanches souples sur les côtés, laissant deviner, autour de son nombril mobile, la saillie des muscles de son ventre parfait.
    Lorsque la musique s’accéléra, il se dressa sur la pointe de ses pieds nus et s’avança rapidement vers Varius, sans cesser de se déhancher voluptueusement. Il vint effleurer d’un rapide baiser la bouche de l’empereur, puis reprit sa place au centre de la salle et recommença ses mouvements agiles et frémissants, le regard lourd de promesses, le sourire provocant.
    — C’est un excellent danseur, commenta l’un des courtisans à son compagnon de droite. Je l’avais déjà vu chez Puditus.
    — Le meilleur, confirma l’autre. Puditus le payait une fortune.
    En entendant cet éloge, Varius se crispa. Son ravissement céda la place à un vif et incontrôlable sentiment de jalousie.
    Aussitôt, il sauta du lit et vint rejoindre Crésus au milieu de la pièce.
    — Tu ne danses pas pour moi ! lâcha-t-il au cinaedus d’une voix contrariée. Tout le monde profite de tes charmes comme de ceux d’une vulgaire putain !
    Consterné par la remarque, Crésus s’immobilisa. Son beau visage hâlé s’empourpra légèrement et il balbutia une excuse incompréhensible.
    — Retourne à ta place ! ordonna Varius en tremblant de colère. Je ne veux plus qu’ils te regardent !
    Il ajusta ses bracelets sur ses poignets et attendit que la musique reprenne.
    — Le meilleur danseur disiez-vous ? fit-il en s’adressant aux courtisans intrigués. Nous allons voir, qui de Crésus ou de votre empereur danse le mieux !
    Au rythme de la musique, il leva alors ses beaux bras au-dessus de son visage et les fit s’arrondir joliment comme les anses d’un vase. Il se mit à danser avec une délicatesse et une douceur féminines, ondulant des épaules, du cou, du buste, de tout son corps, exécutant une chorégraphie élégante et gracieuse, tantôt allongeant ses mains au-dessus de sa tête, tantôt les faisant retomber le long de son corps avec langueur, en tournant ses poignets souples comme des serpents.
    Lorsque l’assistance manifesta, par des exclamations bruyantes, son admiration, il crut défaillir de bonheur.
    La danse était, pour Varius, l’une des plus grandes joies que la vie pouvait lui procurer. Depuis l’âge de cinq ans, il s’y adonnait avec passion, partout où il se trouvait, au palais, dans les jardins, dans le sanctuaire d’Élagabal.
    Il continua son numéro, plus pénétré d’enthousiasme qu’il ne l’avait jamais été, se cambrant en arrière, la tête renversée, l’œil mi-clos, les bras pâmés et morts pendant quelques instants, puis se reprenant tout à coup, tournant alors comme une toupie, leste, vif, rieur, infatigable et comblé.
    De nouveau, les convives exprimèrent leur satisfaction de le voir ainsi inspiré et l’orgueil de Varius, se

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