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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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plaisirs frelatés de la vie de cour, qui souffrait en silence, sans comprendre.
    À ses côtés, la flamboyante Soemias, enveloppée dans sa robe de brocart rouge sang, incarnait la dépravation la plus perverse et le vice le plus raffiné.
    — Votre impératrice ne sait pas s’amuser ! déclara Varius, soudain fatigué de son propre jeu. Elle ne boit pas, ne mange pas et sa conversation, quand elle en a, est ennuyeuse à mourir ! Aussi, mes amis, puisque notre aimable compagnie l’indispose et que ces breuvages délectables la laissent de marbre, pourrions-nous l’inviter à se retirer ?
    La proposition fusa comme un ordre. Et l’impératrice, sans répliquer, soulagée que le supplice de son humiliation s’achève enfin, se leva lentement pour se diriger vers la sortie.
    Personne ne sembla s’émouvoir de cette fuite et les discussions reprirent de plus belle au sein de la petite assemblée.
    Au bout de quelques minutes, Varius s’aperçut que Protogène, oubliant toute retenue, s’était mis à pétrir les cuisses de Soemias à travers l’étoffe brochée et qu’il lui murmurait à l’oreille des mots brûlants. L’adolescent ne s’étonna guère de voir sa mère accepter en souriant l’exquis outrage de l’aurige.
    Excité par cette scène, il sentit son propre désir enflammer de nouveau ses sens et son esprit.
    — Gordius, proposa-t-il d’une voix exagérément aiguë, en tapotant, à ses côtés, le coussin sur lequel reposait Paula Cornelia quelques instants plus tôt, veux-tu prendre la place de l’impératrice à mes côtés ?
    Le cocher, un peu surpris par cette invitation, mais nullement effarouché, se déplaça et vint s’allonger auprès de César.
    — Mon ami, dit Varius, soudain intimidé par la proximité de son héros, puis-je te poser une question indiscrète ?
    — Bien sûr, répondit l’autre le plus naturellement du monde, comme s’il discutait avec une vieille connaissance, incapable de s’affranchir, même en une telle circonstance, de ses vulgaires manières de cocher. Demande-moi ce que tu veux, César.
    Varius se sentit tout à coup d’une maladresse pathétique, face à ce dieu vivant qui conduisait d’une main des attelages de huit chevaux, qui bravait la mort chaque semaine dans le cirque et qui recevait les hommages de toutes les femmes et de tous les hommes de la ville.
    — Ton cœur est-il pris ? demanda l’empereur dans un souffle. Gordius hésita un instant avant de répondre :
    — Je suis attaché à un jeune aurige nommé Hiéroclès.
    — Oh… Et de quel attachement s’agit-il ? demanda Varius en gloussant, malgré son malaise. Me parles-tu d’une amitié fidèle et vertueuse ou du désir qui unit Nisus et Euryale ?
    En faisant ainsi référence au couple mythique de Virgile, connu des Romains pour incarner le plus bel exemple de pédérastie héroïque et guerrière, à l’instar d’Achille et de Patrocle, l’empereur ne pouvait pas être plus explicite.
    Gordius comprit immédiatement l’allusion et ne se déroba pas.
    — Je l’aime, répondit-il sans détour. Et ne me demande pas pourquoi, ajouta-t-il les yeux perdus dans le vague, car je ne saurais pas te répondre. Hiéroclès est sans apprêt, il ne se parfume pas, ne s’épile pas, il a une figure de petite brute et les cheveux courts comme un fils de porcher. Mais si tu le voyais, tu trouverais néanmoins que c’est l’être le plus extraordinaire qui soit. Oui, je suis certain qu’il te plairait beaucoup, il plaît à tout le monde !
    L’adolescent pâlit sous les fards qui lui enduisaient les joues et un tressaillement douloureux agita ses lèvres.
    — Je regrette que tu sois entiché de ce petit cocher, dit-il dépité et plaintif, je suis sûr qu’il ne te mérite pas.
    Il détourna ses yeux où brillait la déception et chercha une consolation auprès de sa mère. Mais la sulfureuse Soemias était manifestement trop occupée pour compatir à son nouveau chagrin.
    — Ils ont bien raison de s’amuser… souffla Varius à Gordius, en désignant Protogène et Soemias qui se livraient maintenant à d’impudiques attouchements, sous le regard excité de Comazon.
    Puis, oubliant toute dignité, il tendit vers Gordius une main qui le conviait à quitter le banquet en sa compagnie :
    — Je sais que le plaisir compte moins que l’amour, dit-il d’une voix langoureuse et suppliante à la fois. Mais il présente cependant l’avantage de durer plus

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