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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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toute l’argenterie du palais !
    Et sur ces mots, il se tourna sur sa banquette et remonta sa toge, signifiant par là qu’il désirait uriner.
    Aussitôt un esclave vint lui apporter un vase magnifique, en fluorine, l’une des pièces les plus précieuses de la vaisselle impériale. Varius, penché sur le côté, se soulagea avec délice dans le somptueux réceptacle.

CHAPITRE XVII
    Maesa, aussitôt alarmée, tenta de faire revenir Varius sur cette décision insensée.
    — L’exercice des responsabilités administratives ne peut revenir qu’à des chevaliers de haut rang ou à des sénateurs ! s’offusqua-t-elle en apprenant la nouvelle. Un cocher préfet des vigiles ! Tu n’y penses pas sérieusement !
    — Les temps changent, répondit Varius en souriant avec effronterie. Le rang, la carrière, les honneurs, l’ancienneté, le mérite… Ces règles de promotion sont bien trop rigides.
    — Mais ce sont les règles institutionnelles de l’Empire, tu ne peux pas les bafouer !
    — Je me moque des usages, répliqua Varius. Je suis l’empereur et mes volontés ont force de loi.
    L’ingérence constante de sa grand-mère dans les affaires de l’État et surtout dans sa vie privée lui était devenue insupportable.
    — Qui est le maître de Rome ? Toi ou moi ?
    — Tu m’as confié la direction de l’Empire, lui rappela Maesa. Je ne te l’avais pas demandé et je pensais avoir toute ta confiance.
    — Tu as suffisamment régné, répondit l’adolescent dans un bâillement, et tu as reçu ton lot d’honneurs. Tu t’es fait nommer Augusta, comme ta sœur, et comme elle, Mater Castorum et Mater Senatus. Ton visage est gravé sur toutes les pièces de monnaie qui circulent dans l’Empire. Tu es l’ Aequitas Publica, la Fecunditas, la Félicitas Publicas, la Pax Aeterna, la Pudicitia, la Saeculi Felicitas, la Temporum Felicitas, la Venus Victrix…
    — Ce ne sont que des épithètes louangeuses, coupa la princesse. Seules comptent les responsabilités politiques.
    — Justement, tu n’en as plus, annonça sèchement Varius.
    — Depuis notre arrivée, j’ai tenu les rênes de l’Empire et je n’ai pas démérité ! s’exclama sa grand-mère, choquée. J’ai travaillé au bon fonctionnement des institutions, j’ai surveillé ton trésor, j’ai protégé ton patrimoine ! J’ai choyé le Sénat et la noblesse, j’ai écouté les magistrats, j’ai tenu les comptes, j’ai surveillé les provinces et les frontières, tout cela pour que tu puisses jouir des douceurs du pouvoir sans t’inquiéter des affaires publiques !
    — Vraiment ? se moqua Varius.
    — Et j’ai couvert toutes tes gamineries stupides ! s’emporta sa grand-mère. Je t’ai soutenu et protégé, alors que les Romains s’indignaient de te voir habillé en femme et affecter l’allure des putains du Vélabre !
    Les yeux de Varius s’assombrirent sous l’insulte. Il s’obligea pourtant à rester maître de lui.
    — C’est vrai, tu as fait beaucoup, dit-il avec un calme qui cachait mal sa rage et son humiliation. Mais il est temps que tu cesses de mettre ton nez dans mes affaires. En outre, ajouta-t-il avec une douceur sournoise, je te rappelle que les Romains considèrent d’un mauvais œil les honneurs excessifs concédés aux femmes. Le matriarcat oriental répugne à ce peuple de paysans virils et mal dégrossis…
    — Ce peuple de paysans, comme tu l’appelles, a conquis l’univers, crut bon de lui rappeler Maesa. Et je crois savoir, au contraire, qu’il me remercie de m’occuper de l’Empire.
    L’adolescent se raidit.
    — Savais-tu qu’Agrippine, la mère de Néron, s’était rendue très impopulaire, parce qu’elle entendait gouverner à la place de l’empereur ?
    — Peut-être, rétorqua Maesa, mais elle s’est rendue moins impopulaire que son fils, cet inverti dépravé et ridicule.
    L’allusion était claire. Varius se sentit directement visé.
    — Pauvre Agrippine, souffla-t-il, avec une moue sardonique sur les lèvres. J’ai lu qu’elle était morte transpercée par dix coups de glaive…
    La princesse devint blanche comme un linge et sa voix s’étrangla dans sa gorge :
    — Serais-tu en train de me menacer, Varius ? Aurais-tu l’intention de m’éliminer, comme tu as éliminé ce pauvre Gannys Eutychianus ? Es-tu un monstre ?
    En entendant, pour la première fois depuis longtemps, le nom de son précepteur, le jeune empereur se crispa et le sentiment

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