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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Croix-du-Trahoir, elle reviendra forcément par ici piller les maisons des gens de la Cour. Or n'habitent dans cette rue que des gens du roi !
    Il se tourna vers le chancelier :
    — Monsieur Séguier, existe-t-il un moyen de sortir sans se faire voir ? Je vais me rendre au Palais-Royal et je ramènerai quelques dizaines de Suisses ou de gardes du corps.
    — On peut gagner la rue Coquillère en utilisant un passage entre les maisons.
    — Cela me convient, je prendrai ensuite la rue des Bons-Enfants et tenterai de passer par la petite cour ouvrant sur les appartements de Mgr Mazarin.
    — Je vais avec vous, proposa l'exempt.
    — Non, il faut quelqu'un ici pour commander les domestiques et empêcher le pillage de l'hôtel si la foule tente d'entrer.
    — C'est moi qui irai avec vous, décida le chancelier.
    — Vous n'y pensez pas, monsieur !
    — Je suis terrorisé, monsieur de Tilly, grimaça Séguier, mais sans moi, aucun officier du Palais-Royal ne vous obéira.
    Gaston réfléchit un instant. Il parviendrait à se faire obéir des cent Suisses de l'hôtel du roi, qui dépendaient de la prévôté, mais avec cette insurrection, leur officier aurait certainement ordre de rester près de la reine. Séguier avait raison. Toutes les autres troupes disponibles seraient certainement consignées afin de défendre le palais. Il faudrait donc l'autorité du chancelier pour faire déplacer quelques dizaines d'hommes.
    — C'est d'accord. Nous sortirons par ce passage. Habillez-vous très simplement en bourgeois, avec un chapeau qui descende très bas. Il y aura sans doute beaucoup de monde dans la rue, aussi nous nous mêlerons à eux en criant comme les autres : « Libérez Broussel ! À mort le Mazarin ! »
    Séguier eut un petit rire forcé.
    — Nous nous dirigerons vers le Palais, et aux grilles, nous ferons reconnaître.
    — Pourvu qu'on ne vous reconnaisse pas avant ! gémit Marie Séguier qui les avait rejoints avec sa sœur Charlotte, toutes deux très inquiètes.
    Le chancelier alla se changer alors que Gaston se voyait remettre deux pistolets à silex dont il vérifia les amorces. Comme convenu, ils passèrent par le jardin. Un valet les accompagna jusqu'au bout du passage pour refermer la porte derrière eux. Gaston avait glissé les armes dans sa ceinture.
    Au bout du passage, il rappela à Séguier :
    — N'oubliez pas de crier plus fort que les autres, monsieur le chancelier, et restez toujours près de moi !
    Blanc de peur, Séguier opina.
    *
    Dans la rue, des petits groupes hurlaient leur haine envers le Mazarin et la régente. Il y avait des hommes armés de piques, des femmes en devantier, et même quelques enfants heureux de jeter des pierres dans les carreaux des hôtels. La populace grandissait de tous côtés en criant : Broussel ! Broussel !
    Le duo s'engouffra dans la rue des Bons-Enfants en suivant un groupe. Gaston hurlait de toutes ses forces, le chancelier beaucoup moins. Devant la cour des appartements de Mazarin, des Suisses, mousquets sur fourquine et mèches à la main, empêchaient toute intrusion. Les femmes et les enfants leur envoyèrent quelques pierres avant de poursuivre vers la rue Saint-Honoré où la foule se rassemblait. C'est alors qu'ils entendirent une fusillade et virent les gens s'égailler en tous sens.
    Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant la grille de la cour, Séguier héla un officier par son nom. Celui-ci s'approcha, épée menaçante à la main, mais le reconnut. Un soldat ouvrit aussitôt une poterne et on les fit entrer.
    Le chancelier poussa un soupir de soulagement.
    126 Charlotte Séguier avait épousé François de Sully, fils du ministre d'Henri IV.
    127 Le lieutenant des gardes de la reine.

33
    E xécrant tout ce qui touchait à la religion, Fontrailles n'était pas allé au Te Deum. Il lisait dans l'appartement que lui laissait François de La Rochefoucauld, au sein de l'hôtel de Liancourt, quand il entendit une bruyante agitation, puis une fusillade lointaine. Après avoir glissé un pistolet à silex dans son pourpoint et ceint son baudrier, il sortit et interrogea un laquais. Celui-ci lui apprit que le Pont-Neuf était envahi par toute une populace s'en prenant à une compagnie de gardes. Un autre domestique intervint alors, affolé, pour raconter que la porte de la tour de Nesle était prise d'assaut par le peuple.
    Que se passait-il ?
    En boitillant, Fontrailles traversa la cour de l'hôtel et s'arrêta un instant devant la

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