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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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un pli urgent : on lui demandait de se rendre immédiatement au palais, pour rencontrer M. le chancelier.
    François, son valet de chambre, avait loué un carrosse et un cocher à Saint-Fiacre, rue Saint-Martin, pour la durée de l'enquête de façon à ce qu'il arrive toujours non crotté au palais d'Orléans. Le cocher avait une paillasse dans le solier de la maison. On le réveilla et Gaston s'habilla pendant qu'il préparait le carrosse. Ils partirent dans le froid glacial sans même avoir mangé.
    L'histoire de France aurait été légèrement modifiée si le cocher de la voiture avait emprunté le pont Notre-Dame, le plus court itinéraire de la rue de la Verrerie au palais d'Orléans. Seulement, il s'engagea dans la rue de la Boucherie, puis descendit vers le Grand-Châtelet qu'il traversa pour s'engager sur le Pont-au-Change.
    En pénétrant dans l'île, Gaston perçut comme une rumeur sourde qui déferlait. Rue de la Barillerie, à une vingtaine de toises de l'entrée du Palais de justice, le carrosse fut arrêté. Devant eux, s'étendait un incroyable encombrement de voitures et de mules. Gaston se pencha à la fenêtre et aperçut une immense foule qui bouchait toutes les rues devant la cour du Palais. Des cris, des menaces et des vociférations fusaient de la cohue qui tentait de pénétrer dans le Palais. Brusquement, deux coups de mousquet retentirent presque simultanément. Aussitôt les clameurs devinrent plus violentes, assorties d'insultes et de menaces contre le cardinal Mazarin. De toutes les rues avoisinantes, d'autres manifestants débouchaient, hurlant à qui mieux mieux. Nombre d'entre eux étaient armés de mousquets ou de piques mais il y avait aussi des femmes et des enfants qui chantaient des refrains contre Mazarin.
    Que se passait-il ? Gaston sortit pour se renseigner, en recommandant au cocher de l'attendre.
    Jouant des coudes dans la foule des curieux, il s'approchait du Palais quand retentit un immense vivat. Dressé sur la pointe des pieds, il vit que des centaines de bourgeois – d'après leurs habits –, s'engouffraient dans la cour de Mai dont les grilles avaient été arrachées.
    Gaston demanda à un badaud ce que voulaient les manifestants. L'autre lui répondit que des gens qui logeaient dans la censive du roi exigeaient qu'on annule l'arrêt de M. d'Émery les obligeant à racheter leur cens annuel au prix d'une année de leur revenu.
    De nouveau, des coups de mousquet ou d'arquebuse retentirent. Gaston comprit que la manifestation tournait à l'émeute. Si les gardes du Palais intervenaient, il y aurait des morts, surtout avec la présence de femmes et d'enfants. Jugeant qu'il devait intervenir, il se glissa au milieu de la foule et fut porté par le flot. Dans la cour de Mai, les huissiers s'étaient réfugiés vers la Sainte-Chapelle. Plusieurs semblaient blessés, sans doute malmenés en voulant empêcher la foule d'entrer. Les premiers émeutiers pénétraient déjà dans la grande galerie en criant : Non à la censive  !
    Gaston courut avec eux et entra à son tour dans la grande galerie. À l'intérieur régnait la plus grande confusion. Les libraires hurlaient de terreur, les marchandes de passementerie s'enfuyaient pour se cacher. Des heurts éclatèrent entre les gardes et les émeutiers, mais la foule était si nombreuse que la porte de la salle des enquêtes fut forcée.
    Des magistrats s'y trouvaient réunis pour une audience. Leur président, M. de Thoré, se leva et se dirigea vers la populace afin d'essayer de la calmer. Gaston distingua la scène de loin et sentit que les choses allaient mal se passer puisque M. de Thoré était le fils de M. d'Émery, le surintendant des Finances !
    Aussitôt reconnu, des émeutiers l'attrapèrent et le rouèrent de coups de poings. Un de ses valets se précipita pour le défendre. Il portait une épée et la sortit, mais il fut aussitôt saisi par des bourgeois qui rompirent son arme et le jetèrent au sol avant de le piétiner. Gaston entendit son nez craquer et vit le sang couvrir son visage.
    — Pendons-les tous ! hurla l'un des manifestants en montrant la chaîne des lustres.
    À cet instant, le premier président Mathieu Molé apparut. En grande robe, avec son imposante barbe qui lui descendait jusqu'à la taille et le faisait amicalement surnommer Grosse Barbe, il venait de la salle d'audience jouxtant celle des enquêtes.
    — Messieurs, rentrez chez vous ! lança-t-il, avec autorité à la foule. Si

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