Le secret d'Eleusis
vers le nord.
— Revenez ! cria Iain.
— Laissez-moi tranquille ! fulmina Gaëlle.
— D’accord, admit-il en lui emboîtant le pas, vous avez raison. Je suis allé à Athènes. Je le reconnais. J’ai appris que Petitier allait intervenir à un congrès et ça m’a mis en colère. Je ne sais pas pourquoi. Je suppose que j’avais fini par considérer que ce site était à moi. Je suis allé à Athènes avec l’espoir de convaincre Petitier de ne pas participer à ce congrès. Je l’ai attendu dans le hall. Quand il est arrivé, j’ai entendu le numéro de sa chambre et je suis monté pour lui parler. Mais il n’est pas allé dans sa chambre. Il avait dû me repérer. Et puis, quand j’ai vu tous ces archéologues autour de moi, j’ai compris que j’étais ridicule. Ce que Petitier avait trouvé n’appartenait à personne, ni à lui ni à moi. Il avait pris la bonne décision. Alors je suis retourné en Crète par le premier vol. C’est là que Knox m’a laissé des tas de messages et que j’ai découvert ce qui s’était passé. Alors bien sûr que je n’ai rien dit ! Si j’avais avoué ma présence sur place, la police en aurait tiré des conclusions hâtives. Vous ne connaissez pas la police grecque. Ici, mieux vaut ne pas être impliqué dans une affaire de meurtre.
Argo avait entraîné Gaëlle jusqu’à la prairie d’ajoncs et en faisait le tour. Soudain, il tourna et sauta dans les ajoncs. Il y avait une sorte de sentier, qui serpentait au milieu du labyrinthe d’épines. Toutefois, il était si étroit que Gaëlle devait avancer de côté en amortissant chaque pas sur sa cheville blessée. Sans hésiter une seconde, Argo continua à suivre la piste qu’il flairait. Et ce ne fut que lorsqu’elle aperçut une écorce d’orange sur le sol que Gaëlle comprit qu’il ne suivait pas n’importe quelle piste, mais celle de Petitier.
III
Le moteur de la Hyundai gargouillait de façon inquiétante, mais Knox finit par gagner la côte. Après avoir traversé le port d’Hora Sfakion, il retourna dans les terres et suivit une route escarpée et sinueuse. Il passa en seconde pour prendre un virage serré et ne put repasser en troisième. Arrivé en haut, il découvrit le petit village d’Anapoli. Des hommes étaient assis à la terrasse d’un café sur la place. Lorsqu’ils le virent débarquer en cahotant, ils se levèrent et se mirent à l’applaudir en poussant des cris comme s’il s’agissait d’un coureur du Tour de France. Il prit la direction d’Agios Georgios et s’engagea sur un pont de bois enjambant une gorge. À cet instant, son portable se mit à sonner. Lorsqu’il tendit la main pour le chercher à tâtons sur le siège passager, il le fit tomber. Il n’osa pas s’arrêter pour le ramasser de peur que la voiture ne redémarre pas.
S’il bouillonnait intérieurement, son environnement extérieur était tout à fait paisible. Les collines se succédaient dans une alternance de bois et de prairies, où moutons et chèvres s’ébattaient en toute liberté. Un pinson s’envola juste devant la voiture et s’engouffra dans un tunnel étroit de branches d’arbres. Knox arriva à Agios Georgios et trouva une barrière en travers de la route. Il n’eut pas d’autre choix que de s’arrêter. Le moteur cala aussitôt, comme il l’avait craint, et refusa de redémarrer. Le portable se remit à sonner. Knox le récupéra sous le siège.
— Allô ?
— C’est moi, Angelos, écoutez, je ne veux pas vous inquiéter...
— M’inquiéter, pourquoi ? demanda Knox en descendant de voiture, avant de franchir la barrière à pied. Que se passe-t-il ?
Un doberman attaché à un piquet se mit à aboyer si fort qu’il dut se boucher l’oreille pour entendre son interlocuteur.
— Il y a eu une confusion concernant le corps que nous avons sorti de la décapotable hier soir, annonça Angelos. Il ne s’agit peut-être pas de Mikhaïl Nergadze.
Curieusement, ce ne fut pas vraiment un choc pour Knox. D’une certaine façon, il s’y attendait presque.
— Je vous écoute, dit-il en se tenant à distance du doberman.
— La Citroën a été louée par un homme d’affaires belge, un certain Josef Jannsen. Il était venu de Bruges pour voir le propriétaire d’une discothèque de Varkiza qu’il envisageait d’acheter. Il devait le rencontrer hier soir, mais il ne s’est pas présenté.
Knox remonta une rue pavée à petites foulées jusqu’à la place
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