Le secret d'Eleusis
des ajoncs. Vêtu d’un jean et d’un sweat-shirt vert, l’homme avait une casquette de base-ball enfoncée jusqu’aux yeux. Iain dut remarquer l’étonnement de Gaëlle. Il se retourna à son tour.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
L’homme leva les mains en l’air pour dissiper tout soupçon.
— Ne craignez rien, je viens en ami, déclara-t-il.
Iain prit le Mauser et le mit en joue.
— Ça, c’est à moi d’en juger. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?
— Je m’appelle Mikhaïl, répondit l’homme en ouvrant les bras comme un crucifié sans s’arrêter de marcher.
Il fit un signe de tête amical à Gaëlle.
— C’est votre ami Daniel qui m’envoie, annonça-t-il. Il s’inquiète pour vous. Vous auriez dû l’appeler.
— Nous ne pouvons pas nous connecter au réseau, expliqua Gaëlle.
— Ah ! c’était donc ça ! s’exclama Mikhaïl.
— Restez où vous êtes, ordonna Iain.
— Baissez votre arme, le pria Mikhaïl. Je déteste les armes à feu.
— J’ai dit : restez où vous êtes !
— Je ne vous veux aucun mal, assura Mikhaïl en continuant à avancer. Je peux vous le prouver.
Il tendit la main gauche tel un agent de police arrêtant la circulation et, de sa main droite, sortit un couteau de chasse de sa ceinture.
— Nom de Dieu ! s’écria Iain en retirant la sûreté du Mauser. Pas un geste !
Trop tard ! Mikhaïl se jeta sur lui. Il écarta le canon du fusil et planta son couteau dans la cage thoracique de Iain, avant de le remuer cruellement dans la plaie. La balle partit dans les airs et le fusil tomba à terre. Mikhaïl sortit le couteau de sa victime, qui s’effondra à genoux, puis bascula en arrière dans d’horribles gargouillis.
— Ce ne sont pas les armes qui tuent les hommes, ce sont les hommes ! lança-t-il d’un air sentencieux en essuyant la lame sur sa manche, avant de la glisser dans sa ceinture.
Il ramassa le Mauser et se tourna vers Gaëlle. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’elle le reconnut. L’homme de l’ascenseur !
— Je vous avais dit que j’avais la mémoire des visages ! fanfaronna-t-il.
II
La Mazda était fermée, mais Knox vit un emballage jeté sur le siège passager.
— Il est armé, dit-il à Angelos d’une voix enrouée par l’émotion. Il s’est procuré un couteau de chasse.
— Ne prenez pas de risques, lui recommanda Angelos. J’envoie une équipe sur place.
— Une équipe ? Dans combien de temps arrivera-t-elle ici ?
— Alors j’envoie un hélicoptère et je contacte l’armée.
— Ça va tout de même prendre des heures. Je ne peux pas attendre. Gaëlle ne peut pas attendre !
Le chemin montait en zigzaguant vers un col de montagne. Knox préféra courir en ligne droite aussi vite qu’il le pouvait sans s’épuiser pour autant. Une cloche sonna au loin et des moines se mirent à chanter, comme lors de funérailles. Le sol était tapissé de lavande, qui bourdonnait d’insectes. Knox traversa un bois de pins roussis et déboucha sur un versant rocheux plus escarpé. Il s’efforça de maintenir son rythme jusqu’à ce qu’il atteigne le col.
À partir de là, le terrain, balayé par une brise rafraîchissante, devint plus plat. Knox allongea la foulée tout en regardant où il mettait les pieds. Gaëlle avait dû passer par ici avec Iain. Cette pensée lui rappela brusquement les soupçons qu’il avait eus à l’égard de son ancien camarade d’université. Sous le choc après l’annonce de la survie de Mikhaïl, il avait oublié d’en parler à Angelos. Il consulta l’écran de son portable. Il était encore connecté au réseau.
— Je m’occupe de l’hélicoptère, promit Angelos. Laissez-moi un peu de temps.
— Ce n’est pas pour ça que je vous rappelle, dit Knox en haletant. Je crois que je connais l’homme qui a été filmé par la caméra de surveillance.
— Qui est-ce ?
— Iain Parkes, annonça Knox.
Il arriva à une clôture, dont les piquets étaient surmontés de crânes d’animaux. Il abaissa le fil barbelé et l’enjamba.
— C’est un archéologue de Cnossos, indiqua-t-il. Et il est avec Gaëlle.
— Bien.
— Comment ça, bien ? protesta Knox en poursuivant sa route. Gaëlle est coincée ici avec deux tueurs et vous trouvez ça bien ?
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Seulement, on vient de recevoir le rapport toxicologique du médecin légiste. Apparemment, nous nous sommes trompés sur les causes
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