Le secret d'Eleusis
ancien collègue, à plusieurs reprises, mais sans succès. Il avait fini par s’inquiéter, car celui-ci ne vivait pas seulement en reclus mais souffrait d’une véritable agoraphobie, qui l’empêchait de sortir de chez lui, même pour aller faire des courses. Son inquiétude avait gagné Knox, qui lui avait proposé de se rendre chez Antonius pour s’assurer que tout allait bien. Il lui avait affirmé qu’il n’aurait aucun mal à trouver la maison de son collègue ; elle était juste à côté du stade olympique.
— Le stade, vous ne pouvez pas le rater, avait-il dit. Il est immense, blanc et étincelant. On le voit de loin.
Pas de si loin, apparemment. Knox se pencha sur le côté et ouvrit la boîte à gants de sa voiture de location. Il prit la carte d’Athènes qui se trouvait à l’intérieur, la déplia sur le volant et essaya de la lire tout en conduisant, un œil sur la route et l’autre sur l’itinéraire à suivre.
Tout à coup, une Mercedes noire surgit de nulle part et lui fit une queue de poisson avant de piler juste devant lui. Il tourna le volant en enfonçant brusquement la pédale de frein et fit crisser les pneus sur l’asphalte. Sa voiture heurta simultanément le trottoir et le pare-chocs de la Mercedes. Sa ceinture de sécurité le cloua sur place. Un Klaxon retentit ; il ne sut pas lequel. Puis il reçut une autre secousse par-derrière. Il se retourna : une seconde Mercedes l’avait pris en étau. Des hommes émergèrent des deux véhicules. Il les reconnut aussitôt. Il voulut déboucler sa ceinture, mais elle était bloquée. Il essaya de s’enfermer à l’intérieur de sa voiture, trop tard. Sa portière s’ouvrit. L’homme de l’ascenseur lui montra le fusil à canon scié qu’il cachait sous son trench-coat en cuir. Puis il tendit le bras calmement et retira la clé du contact.
— Vous venez avec nous, décréta-t-il.
La ceinture de Knox finit par céder. Elle s’enroula furtivement comme un chien honteux préférant se défiler.
— Qui êtes-vous ? demanda Knox en s’efforçant de dissimuler sa peur. Qu’est-ce que vous voulez ?
L’homme désigna sa Mercedes du menton.
— Vous allez bientôt le savoir.
Chapitre 20
I
Iain et Gaëlle sortirent d’Anapoli et s’engagèrent sur un chemin étroit et sinueux, complètement désert, à l’exception d’un troupeau de moutons, qui leur barra longuement la route malgré leurs coups de Klaxon. Ils franchirent une profonde gorge sur un petit pont de bois, dont les planches tremblotèrent sur leur passage. Partout autour d’eux, s’étendaient de vastes oliveraies. Des filets noirs étaient accrochés aux branches des arbres et de longs tuyaux d’irrigation s’enroulaient autour des troncs comme des serpents mythiques. La Mustang longea des champs, des bois et des prairies, jusqu’à un minuscule hameau de montagne, Agios Georgios, dont l’entrée était condamnée par une barrière en métal.
— Je suppose que nous sommes au bout du chemin, dit Iain. Vous allez ouvrir la barrière ?
— Est-ce qu’on a le droit ? s’inquiéta Gaëlle.
— Bien sûr, c’est juste pour empêcher les chèvres de se sauver.
Un doberman, attaché à un piquet, sommeillait de l’autre côté de la barrière. Il se réveilla brusquement et se mit à japper, déclenchant aussitôt un concert d’aboiements dans tout le village. Gaëlle s’empressa de refermer la barrière derrière Iain et de remonter en voiture. Déchaîné, le doberman se jeta contre la vitre de la Mustang dès que celle-ci fut à sa portée et laissa une traînée marron sur le verre.
— Je déteste ces sales bêtes, maugréa Iain, pâle comme un linge.
Il traversa la place du village et déboucha dans une allée truffée de nids-de-poule. Une mule leva brièvement la tête et se remit à brouter de l’herbe. Quelques mètres plus loin, une rangée de pierres délimitait la frontière du village. Iain se gara à l’ombre de quelques arbres, dont les troncs blancs sortaient de terre comme les bras de zombies.
— On va devoir y aller à pied, annonça Iain, avant de descendre de voiture.
— Comment Petitier rapportait-il ses provisions ? demanda Gaëlle en le rejoignant. Vous croyez que cette mule était à lui ?
— Possible.
Iain ouvrit le coffre, rempli de matériel de camping.
— Eh bien ! s’exclama Gaëlle. Vous avez tout prévu.
— Scout un jour, scout toujours ! récita Iain. Je ne sais jamais quand
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