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Le secret d'Eleusis

Le secret d'Eleusis

Titel: Le secret d'Eleusis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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L’homme cria et lâcha sa matraque, avant de se tourner vers Knox, hébété, comme s’il ne comprenait pas ce qui se passait. Il regarda Augustin, inconscient à ses pieds, le sang qui se répandait sur la moquette, les éclaboussures qui séchaient déjà sur ses mains, comme autant de preuves de sa culpabilité. Puis son visage se figea dans une expression d’horreur, et il se mit à sangloter.
    II
    Une salle de conférences, Tbilissi, Géorgie
    Absorbé dans la peinture, Édouard Zdanevich était en proie à des émotions contradictoires. Le tableau, réalisé à l’huile sur une toile noire d’environ soixante-dix centimètres de large sur un mètre de haut, était un portrait représentant une femme voluptueuse qui, assise dans un rocking-chair, tenait un enfant dans les plis de sa robe bleue et noire, contre son sein à peine découvert. Des couleurs et une thématique simple, traitées avec force et humanité. C’était un Pirosmani, cela ne faisait aucun doute. Il était tout aussi superbe que ceux du musée de Tbilissi. Pourtant, Édouard ne l’avait jamais vu auparavant. Il ne savait même pas qu’il existait. Et s’il était ravi d’avoir eu la possibilité de le découvrir, il était en colère contre les Nergadze, qui l’avaient accroché à leur mur, probablement sans rien savoir de l’œuvre, de ses qualités artistiques, ni de son auteur. Tout ce qui les intéressait, c’était la valeur marchande de ce qu’ils possédaient.
    Une porte s’ouvrit quelque part dans le bâtiment et laissa échapper quelques rires gras. Les Nergadze devaient s’adonner à un de leurs festins propices à la débauche. Édouard était écœuré par cet étalage de gloutonnerie, de luxure et d’ivresse. Mais il devait admettre qu’il allait être amusant, pour une fois, de mépriser tout cela de l’intérieur.
    Deux vitrines remplies de bijoux, de vaisselle, de pièces et autres objets d’art en or colchidien étaient adossées au mur. Édouard connaissait bien les pièces. Elles provenaient d’un trésor découvert quelques dizaines d’années auparavant au fond d’un puits abandonné, dans les montagnes du Turkménistan, de l’autre côté de la mer Caspienne. Ce trésor avait d’abord été exposé au musée national d’Achgabat. Très tôt, il avait été établi que beaucoup de pièces étaient géorgiennes, mais ce n’était que récemment que le gouvernement turkmène avait consenti à les vendre. Édouard s’était rendu en personne à Achgabat, où il avait négocié leur acquisition et leur rapatriement. Bien que contraint d’avoir recours à l’argent des Nergadze, il avait été très clair sur les termes de leur accord : l’acquisition avait été faite pour le compte de la nation géorgienne et les pièces seraient exposées dans les musées nationaux. Ilya Nergadze s’était vautré dans l’admiration qu’une telle générosité avait suscitée. Et pourtant, ces pièces d’or n’étaient visibles dans aucun musée national. Elles étaient ici, dans des vitrines où les Géorgiens n’auraient jamais l’occasion de les voir.
    Des bruits de pas rapprochés résonnèrent derrière la porte, qui s’ouvrit brusquement. Ilya Nergadze entra, suivi de son fils Sandro et d’un de ses nombreux gardes du corps. Partout où il allait, ce vieil Ilya marchait avec l’énergie d’un général à la veille d’une bataille. Grand, d’une maigreur extrême, le front haut, le nez camus, il avait toujours les lèvres pincées, comme si la vie avait été d’une cruauté impardonnable envers lui et beaucoup plus clémente avec son entourage. Ses cheveux et ses sourcils, jusqu’à présent blancs comme neige, luisaient désormais de teinture noire. La peau de son visage avait été sensiblement retendue par un lifting et des injections de Botox dans un effort de rajeunissement qui l’aurait rendu ridicule, si sa simple présence ne décourageait pas aussitôt les commentaires désobligeants.
    — Merci de me recevoir chez vous, dit Édouard en rejoignant les Nergadze à la table de conférence en bois de rose. Nous devons fixer les modalités du transfert...
    — Chaque chose en son temps, l’interrompit Sandro avant de s’asseoir en face de lui.
    Considéré comme le diplomate de la famille, il s’était vu confier les rênes de la campagne présidentielle de son père.
    — Les rumeurs vont bon train, protesta Édouard. Au musée, mes collègues ne cessent de me demander

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